Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’endroit même où étoit la statue de cette divinité, & la cassette des sorts.

Vossius a ramasse toute la mythologie de la Fortune dans son II. livre de idolol. cap. xlij. & xliij. & Struvius, dans son synt. antiq. rom. a recueilli tous les différens titres généraux & particuliers que les Romains donnoient à cette déesse. Les médailles, les inscriptions, & les autres monumens des Grecs sont remplis du nom & de l’effigie de la Fortune. On la voit tantôt en habit de femme, avec un bandeau sur les yeux & les piés sur une roue ; tantôt portant sur sa tête un des pôles du monde, & tenant en main la corne d’Amalthée ; ici Plutus enfant est entre ses bras ; ailleurs elle a un soleil & un croissant sur le front ; mais il est inutile d’entrer là-dessus dans un plus long détail. Les attributs de la Fortune sont trop clairs pour qu’on puisse s’y tromper. (D. J.)

Fortune de vent, (Marine.) c’est-à-dire un gros tems où les vents sont forcés. (Z)

Fortune de Mer, (Marine.) ce sont les accidens qui arrivent à la mer, comme d’échouer, de couler-bas d’eau, d’essuyer quelque violente tempête, &c. (Z)

Fortune, Voile de Fortune ; (Marine.) la voile de fortune est la voile quarrée d’une tartane ou d’une galere ; car leurs voiles ordinaires sont latines, ou à tiers point ; & elles ne portent la voile de fortune, qu’on nomme aussi treou, que pendant l’orage : les galiotes en ont aussi. Voyez Treou. (Z)

FORTUNÉ, adj. voyez Fortune.

FORTUNÉES, (Isles-) Géog. anc. Les anciens décrivent ces îles comme situées au-delà du détroit de Gibraltar, dans l’Océan atlantique ; on les regarde ordinairement chez les modernes comme les îles Canaries : & cette opinion est fondée principalement sur la situation & la température de ces îles, & sur l’abondance d’oranges, de limons, de raisins, & de beaucoup d’autres fruits délicieux qui y croissent Les oranges étoient sans doute les mala aurea qui croissoient, selon les anciens, dans les îles fortunées.

Il est assez vraissemblable que ces îles sont le reste de la fameuse atlantique de Platon. Voyez Atlantique & Canaries.

FORUM, (Littérat.) ce mot très-commun dans les auteurs, désigne plusieurs choses qu’il est bon de distinguer ; il signifie 1°. les places publiques, dans lesquelles se tenoient les divers marchés à Rome pour la subsistance de cette ville ; 2°. les places où le peuple s’assembloit pour les affaires, pour les élections, &c. 3° les places où l’on plaidoit, & qui étoient au nombre de trois principales ; 4°. finalement une ville de la dépendance de l’empire romain, & dans laquelle l’on tenoit des foires : tels étoient le forum Livii, forum Julii, &c. comme il se trouvoit un grand concours de négocians qui venoient perpétuellement à ces foires, on fut obligé d’y construire plusieurs maisons & bâtimens pour la commodité du public ; & dans la suite des tems, ces lieux s’aggrandirent, se peuplerent, & devinrent des villes assez considérables. Voyez Marché, Places de Rome, Comices, Foires. (D. J.)

* FORURE, s. f. (Serrurerie.) On entend en général par ce mot les trous percés au foret pour l’assemblage, tant des grands ouvrages de serrurerie que des petits ; mais il se dit principalement du trou pratiqué à l’extrémité d’une clé, vers le panneton, qui reçoit une broche à son entrée dans la serrure. Il y a de ces forures d’une infinité de figures possibles. Les rondes sont les plus faciles ; elles se font au foret, sans exiger d’autre attention de la part de l’ouvrier, que d’avoir un foret de la juste grosseur dont il veut percer sa forure, & de prendre bien le milieu de la grosseur de la tige. Cela fait, la broche

entrera droit & juste dans la forure, & le bout de la clé ira bien perpendiculairement s’appliquer sur le palâtre, à l’origine de la broche, ce qui n’arriveroit pas si la broche ou la forure étoit un peu versée de côté ; mais un autre inconvénient, c’est que pour peu que la forure fût commencée obliquement, ou la tige de la clé seroit percée en-dehors, avant que la forure eût la profondeur convenable, ou la broche, sur-tout si elle est juste, ne pourroit y entrer : ce qui l’empêcheroit encore, ce seroit le canon qui est monte sur la couverture ou le foncet de la serrure, & dont la broche occupe le centre sur toute sa longueur.

Si l’on perce au bout de la tige huit petits trous de foret, & qu’on en pratique un neuvieme au centre de ces huit, qu’on évuide ce qui reste de plein, & qu’on finisse le tout ensuite avec un mandrin fait en croix de chevalier, on aura la forure en croix de chevalier.

Si l’on perce au centre de la tige un trou de foret ; & qu’en évuidant avec un burin, on pratique autour des petits rayons, & qu’on finisse le tout avec le mandrin en étoile, on aura une forure en étoile.

Si l’ouvrier, après avoir bien dressé le bout de sa tige, y trace la forme d’une fleur-de-lis, & qu’aux centres des quatre fleurons les plus forts de la fleur-de-lis, il perce quatre trous de foret ; qu’il évuide le reste avec de petits burins faits exprès, & qu’il finisse le tout avec un mandrin en fleur-de-lis, qu’il fera entrer doucement dans la forure, de peur de l’y casser, il aura une forure en fleur de-lis.

Il en est de même de la forure en tiers-point, de la forure en trefle, & d’une infinité d’autres qu’on peut imagine.

FOSSAIRE, s. m. (Hist. ecclésiastiq.) les fossaires étoient autrefois des officiers de l’église d’Orient, qui avoient soin de faire enterrer les morts.

Ciaconius rapporte que Constantin créa neuf cents cinquante fossaires, qu’il tira de différens colléges ou corps de métiers ; il ajoûte qu’ils étoient exempts d’impôts & de charges publiques.

Le P. Goar insinue, dans ses notes sur l’eucologue des Grecs, que les fossaires ont été établis dès le tems des apôtres ; & que ces jeunes hommes qui emporterent le corps d’Aname, & ces personnes remplies de la crainte de Dieu, qui enterrerent celui de S. Etienne, étoient des fossaires

S. Jérome dit que le rang de fossaires est le premier parmi les clercs ; ce qui doit s’entendre de ceux qui étoient préposés pour faire enterrer les fideles. Voyez Clerc ; voyez les dictionn. de Trévoux & de Chambers. (G)

FOSSANO, (Géog.) ville récente d’Iitalie dans le Piémont, avec une citadelle & un évêché suffragant de Turin : elle est sur la Sture, à deux lieues E. de Savillan, quatre N. E. de Côni, dix S. de Turin, onze S. E. de Pignerol. Longit. 25d 23′. latit. 44d 25′. (D. J.)

FOSSE, s. f. en Architecture, se dit de toute profondeur en terre, qui sert à divers usages dans les bâtimens, comme de citerne, de cloaque, &c. dans une fonderie, pour jetter en cire perdue des figures, des canons, &c. & dans un jardin, pour planter des arbres. (P)

Fosse d’aisance, lieu voûté au-dessous de l’aire des caves d’un bâtiment, le plus souvent pavé de grès, avec contre-mur, s’il est trop près d’un puits, de crainte que les excrémens qui sont reçûs dans la fosse ne le corrompent. (P)

Fosse à Chaux, cavité feuillée quarrément en terre, où l’on conserve la chaux éteinte, pour en faire du mortier, à mesure qu’on éleve un bâtiment. (P)

* Fosse, (Hist. ecclésiast.) c’est un lieu creusé en terre, soit dans l’église soit dans le cimetiere, de la