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geurs un nombre de troupes de l’escorte, supérieur aux détachemens ou aux partis de l’ennemi ; & lorsque ces partis se trouvent à-portée d’être attaqués, on les fait charger vigoureusement, en recommandant expressément aux troupes de l’escorte de ne pas s’abandonner à leur poursuite, mais de réjoindre la queue des fourrageurs aussi-tôt qu’elles auront rompu celles de l’ennemi, de maniere qu’elles ne puissent pas se rallier aisément. On en use ainsi, afin que les troupes de l’escorte ne cessent point de couvrir la retraite des fourrageurs, & qu’elles soient toûjours en état de s’opposer aux nouvelles entreprises que l’ennemi pourroit faire contre eux.

5°. Lorsque l’ennemi se trouve obligé pour interrompre ou troubler un fourrage, de s’éloigner de son camp d’une distance trop considérable pour en être aisément secouru dans le besoin, il arrive rarement qu’il ose le tenter ; parce qu’il ne peut guere le faire sans s’exposer à être battu : car comme il est difficile qu’il soit exactement informé de la force des troupes qui composent l’escorte, il peut arriver qu’elles soient supérieures aux siennes, & qu’elles le laissent s’engager dans le pays pour lui fermer la retraite & le défaire entierement. Un général prudent ne s’expose pas à cet inconvénient ; c’est pourquoi il ne cherche guere à troubler les fourrages qui se font loin de son camp, au-moins avec de gros corps de troupes ; il se contente d’y envoyer quelquefois des troupes legeres, & alors les escortes bien placées & bien commandées, sont suffisantes pour la sûreté des fourrageurs.

6°. Lorsque le général est plus fort en cavalerie que son ennemi, & qu’il ne craint point de s’engager à combattre, il peut se hasarder davantage dans les fourrages qu’on ne l’a supposé ici.

Il peut mener sa cavalerie du côté de l’ennemi ; & s’il ne voit point de mouvemens dans son camp, faire mettre pié à terre à une partie de son monde pour fourrager, pendant que l’autre qui est sous les armes, tient l’ennemi en respect. S’il se met en devoir d’attaquer les troupes qui couvrent les fourrageurs, ceux-ci laissent-là aussi-tôt le fourrage, se mettent en selle, & se présentent avec les autres pour combattre.

Mais si le général a des raisons particulieres pour ne point engager une action, il prend de bonne-heure les précautions convenables pour n’être point entamé dans sa retraite.

Pour cet effet il envoye de gros détachemens d’infanterie dans les bois, les villages, & les différens défilés, par où il doit se retirer. Il est à propos que ces détachemens ayent avec eux plusieurs pieces de canon ; on en impose alors davantage à l’ennemi, & l’on rallentit l’activité de sa poursuite. On doit aussi y joindre quelques troupes de cavalerie pour soûtenir la retraite de ces détachemens.

Lorsqu’en se retirant d’un endroit qu’on a fourragé on craint que l’ennemi ne tombe sur la queue des fourrageurs, la meilleure partie de l’escorte doit être à l’arriere-garde ; mais s’il peut tomber sur le flanc de la marche, il faut qu’il y ait différens corps de troupes legeres qui rodent continuellement sur ce flanc, pour découvrir de bonne-heure les mouvemens de l’ennemi, & pour en avertir le commandant du fourrage. Il fait aussi-tôt les dispositions nécessaires pour s’opposer aux desseins de l’ennemi, & faire ensorte que la retraite des fourrageurs ne soit point interrompue.

Il y auroit encore beaucoup d’autres choses à dire sur l’opération du fourrage ; mais on a voulu se renfermer ici dans les principales observations qui peuvent servir de regles ou de principes pour l’exécuter sûrement. On renvoye pour le reste au livre de M. le marêchal de Puysegur, tom. I. pag. 398. &

tom. II. pag. 63. On pourra lire aussi très-utilement le xj. chapitre du XI. tome des réflexions militaires de M. le marquis de Santa-Crux ; ce que M. le chevalier de Folard dit sur les fourrages, pag. 341. & suiv. dans le quatrieme volume de son commentaire sur Polybe ; & les mémoires sur la guerre, de M. le Marquis de Feuquiere.

Lorsque le roi fait fournir du fourrage aux troupes, soit dans les villes ou dans les marches, la ration pour chaque cheval est de vingt livres de foin, & d’un boisseau d’avoine mesure de Paris. Voyez Ration & Etape. (Q)

FOURRÉ, part. Voyez Fourrer.

Fourré, (Jard.) se dit d’un bois épais & très garni. (K)

* Fourré, (à la Monnoie.) piece imitant la véritable monnoie, par une feuille d’or ou d’argent qui la recouvre. On reconnoît facilement dans le commerce une piece fourrée, par la comparaison du volume & du poids. Ceux qui en fabriquent ou en répandent dans le commerce, sont punis de mort.

* Fourré, (Bijouterie & Orfévrerie.) On dit qu’un bijou est fourré ou garni, lorsqu’il y a quelque corps étranger, de vil prix, & non apparent, couvert & dérobé par l’émail, l’or ou l’argent. Les bijoux fourrés avoient d’abord été proscrits par la cour des monnoies ; mais sur la représentation du tort considérable que cet arrêt faisoit au commerce de la nation, le conseil a révoqué l’arrêt de la cour des monnoies, & permis la fabrication des bijoux garnis, comme ouvrages où la considération de la matiere n’étoit presque de nulle importance, en comparaison du prix de la façon.

* FOURREAU, s. m. ce mot a l’acception commune de gaîne & d’étui, celle de contenir, couvrir, envelopper, préserver ; mais avec l’acception particuliere d’être long, qui le distingue de gaîne, & de n’avoir point de couvercle, qui le distingue d’étui.

Fourreau : les Artificiers appellent ainsi le grand cartouche des trompes, qui renferme plusieurs pots-à-feu entassés les uns sur les autres. Voyez Trompe & Pot-à-feu.

* Fourreau d’Epée, (Fourbisseur.) espece de gaîne, d’étui ou d’enveloppe, qui sert à couvrir la lame & à la garantir de l’humidité. Voyez Epée. Le faux-fourreau est une longue enveloppe ou gaîne de peau qui garantit le fourreau, comme le fourreau garantit l’épée.

* Fourreau, en termes de Batteur-d’or, c’est une espece d’étui sans fond, composé de vélin, dont on enveloppe les outils pour que les feuilles ne se dérangent point. On en met toûjours deux en sens contraire ; ensorte que la partie de l’outil qui n’est pas renfermée dans l’un, l’est par l’autre, & qu’il n’y a jamais qu’un côté qui ne le soit par aucun. On fait glisser l’outil des fourreaux, en le prenant & en le poussant vers l’ouverture, pour examiner dans quel état est l’or.

* Fourreau, (Bourrelier.) c’est une espece d’étui de peau, ou même de cuir, qui couvre la portion du trait qui correspond au flanc du cheval, & qui empêche que cette partie ne soit dépouillée de son poil par le frottement du trait.

* Fourreau, (Ceinturier.) papier, parchemin ou autre corps flexible & mou, qu’on roule & qu’on place dans les pendans d’un baudrier, pour les soûtenir & en conserver la forme.

* Fourreau, (Econ. rustiq.) il se dit des feuilles qui couvrent l’épi du froment, de l’orge & des autres graines, lorsqu’il n’est pas encore formé ni sorti.

Fourreau, (Manege & Maréchall.) La partie que dans le cheval nous nommons le fourreau, n’est autre chose que l’espece de gaîne qui en recele & qui