seconde est une exception dans le caractere de l’homme qui a des foiblesses. Quand je parle ici de l’homme, on entend bien que je veux parler des deux sexes, puisqu’il est question de foiblesses. Personne n’est exempt de foiblesses, mais tout le monde n’est pas homme foible. On est homme foible, sans savoir pourquoi, & parce qu’il n’est pas en soi d’être autrement ; on est homme foible, ou parce que l’esprit n’a point assez de lumieres pour se décider, ou parce qu’il n’est pas assez sûr des principes qui le déterminent pour s’y tenir fortement attaché ; on est homme foible par timidité, par paresse, par la mollesse & la langueur d’une ame qui craint d’agir, & pour qui le moindre effort est un tourment. Au contraire on a des foiblesses ou parce qu’on est séduit par un sentiment louable, mais trop écouté, ou parce qu’on est entrainé par une passion. L’homme foible dépourvû d’imagination, n’a pas même la force qu’il faut pour avoir des passions ; l’autre n’auroit point de foiblesses si son ame n’étoit sensible, ou son cœur passionné. Les habitudes ont sur l’un tout le pouvoir que les passions ont sur l’autre. On abuse de la facilité du premier, sans lui savoir gre de ce qu’on lui fait faire, parce qu’on voit bien qu’il le fait par foiblesse ; on sait gré à l’autre des foiblesses qu’il a pour nous, parce qu’elles sont des sacrifices. Tous deux ont cela de commun, qu’ils sentent leur état, & qu’ils se le reprochent ; car s’ils ne le sentoient pas, il y auroit d’un côté imbécillité, & de l’autre folie ; mais par ce sentiment l’homme foible devient une créature malheureuse, au lieu que l’état de l’autre a ses plaisirs comme ses peines. L’homme foible le sera toute sa vie ; toutes les tentatives qu’il fera pour sortir de sa foiblesse ne feront que l’y plonger plus avant. L’homme qui a des foiblesses sortira d’un état qui lui est étranger ; il peut même s’en relever avec éclat. Turenne n’étant plus jeune eut la foiblesse d’aimer madame de C** ; il eut la foiblesse plus grande de lui révéler le secret de l’Etat ; il répara la premiere en cessant d’en voir l’objet ; il répara la seconde en l’avouant, ce qu’un homme foible n’eût jamais fait.
Ajoûtons quelques traits à la peinture de l’homme foible. Livré à lui-même il seroit capable des vertus qui n’exigent de l’ame aucun effort ; il seroit doux, équitable, bienfaisant : mais par malheur il n’agit presque jamais d’après ses propres impressions. Comme il aime à être conduit, il l’est toûjours ; pour le dominer il ne faut que l’obséder. On lui fait faire le mal qu’il déteste, on l’empêche de faire le bien qu’il cherit. Il craint d’être éclairé sur son état, parce qu’il le sent ; il repousse la vérité quand on la lui présente, & devient opiniâtre par foiblesse. Quelquefois aussi, quand il est blessé, il fait le mal de son propre mouvement, parce qu’alors l’émotion qu’il éprouve le met hors de lui-même, & qu’il ne distingue plus ni le bien ni le mal. On aime quelquefois les gens foibles, rarement on les estime.
Il y a d’autres personnes qu’on appelle foibles, quoique leur caractere soit totalement opposé au précedent. Toute leur ame est active, leur imagination s’allume aisément ; elles sont toûjours agitées par une ou par plusieurs passions qui se combattent & qui les déchirent ; elles n’ont jamais rien vû de sens froid ; elles sont bonnes ou méchantes, suivant le sentiment qui les affecte : personnes dangereuses dans la société, & plûtôt folles que foibles.
Foiblesse, se dit, en Medecine, de la diminution des forces, si considérable, qu’elle cause la lésion de toutes les fonctions, sur-tout celle du mouvement musculaire. Voyez Débilité, (Medec.) & Forces.
On appelle aussi foiblesse dans les fibres, leur défaut de force d’action ; conséquemment au relâchement qu’elles ont contracté, au défaut de ressort
dans les solides en général. Voyez Débilité, (Pathol.) & Fibre, (Pathol.) (d)
Foiblesse de la vûe, voyez les articles Vue & Amblyopie.
FOIE, s. m. (Anat.) viscere du corps ample, multiforme, destiné à la secrétion de la bile, dont il est le principal organe, & qu’il opere par un méchanisme très-difficile à développer. Entrons dans les détails de la structure de ce viscere, autant que cette structure nous est connue.
Structure du foie détaillée. Le foie paroît être une glande conglomérée, d’un volume fort considérable, d’une couleur rouge-brune, & d’une consistance assez ferme. Il occupe non-seulement la plus grande partie de l’hypochondre droit, mais encore la portion antérieure de la région épigastrique moyenne ; il s’avance même jusque dans l’hypochondre gauche ; ce qui arrive le plus souvent dans le fœtus, où le volume de ce viscere est plus considérable à-proportion que dans les adultes.
Le foie déborde pour l’ordinaire la partie antérieure des fausses côtes, environ de deux travers de doigt, plus ou moins cependant, suivant que le diaphragme auquel il est attaché, & dont il suit les mouvemens, se trouve plus abaissé du côté du ventre, ou plus élevé du côté de la poitrine, & que l’estomac & les intestins sont plus ou moins pleins.
On le divise ordinairement en deux parties latérales, que l’on appelle lobes, dont l’un est à droite, & l’autre est à gauche ; cette division est marquée sur sa surface supérieure ou convexe par un ligament membraneux, & sur sa surface concave ou inférieure, par une ligne enfoncée ou scissure, communément nommée la scissure du foie ; elle traverse la partie inférieure de ce viscere, & son commencement répond à l’extrémité antérieure de la portion cartilagineuse de la premiere fausse-côte ; cette scissure est changée quelquefois en un canal.
Le lobe qui est à droite, est le plus grand ; & celui qui est à gauche, est le plus petit ; aussi a-t-on nommé celui qui est à droite, le grand lobe du foie, & celui qui est à gauche, le petit lobe. La situation particuliere de ces lobes est telle, que le grand paroît situé perpendiculairement, & le petit transversalement, celui-ci couvrant une bonne partie de l’estomac.
La figure du foie n’est point réguliere ; elle s’accommode à la conformation des parties qui lui sont voisines ; c’est pourquoi il est convexe & uni dans sa surface supérieure, pour s’accommoder à la concavité unie du diaphragme, dont il suit tous les mouvemens. Sa surface inférieure est concave & inégale, ayant des éminences & des cavités, tant pour s’accommoder à la convexité des organes qui lui sont voisins, que pour répondre aux cavités ou intervalles que ces organes laissent entr’eux. C’est ici qu’est logé la vésicule du fiel. Voyez Fiel, (vésicule du).
Les éminences appartiennent au grand lobe du foie : la principale de ses éminences est triangulaire ; Spigelius en a fait mention sous le nom de petit lobe ; & ceux qui la regardent comme un lobe particulier, la nomment le petit lobule de Spigelius. On remarque sur le devant une autre éminence moins saillante, mais plus legere. Les anciens ont donné le nom de portes à ces éminences.
Il y a plusieurs enfoncemens de la partie concave ; la premiere s’appelle, comme nous l’avons dit, la scissure du foie, & fait la réparation des deux lobes, en traversant la concavité du foie : le second enfoncement est sur le devant dans le grand lobe ; il loge la vésicule du fiel ; il se trouve sur la partie postérieure un leger enfoncement, qui répond à une portion du rein droit. On voit aussi sur le petit lobe un autre enfoncement qui répond à l’estomac, sur le-