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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/511

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la, fa, mi, ré, ut, si, la,


dont la basse fondamentale est

la, ré, la, ré, la, mi, la.

C’est ce qu’on peut dire de plus plausible là-dessus ; & c’est aussi ce que nous avons dit, d’après M. Rameau, dans nos élémens de Musique : mais on doit avoüer que cette solution ne satisfait pas pleinement, puisqu’il faut, ou ne point faire porter d’harmonie à sol, ou anéantir l’ordre diatonique de la gamme ; deux partis dont chacun a ses inconvéniens. Cet aveu donnera lieu à une autre observation que nous avons quelque droit de faire, ayant eu l’honneur d’être du nombre des juges de M. Rameau dans l’académie des Sciences, & ensuite ses interpretes auprès du public ; c’est que cette compagnie n’a jamais prétendu approuver le système de Musique de M. Rameau, comme renfermant une science démontrée[1], mais seulement comme un système beaucoup mieux fondé, plus clair, plus simple, mieux lié, & plus étendu qu’aucun de ceux qui avoient précédé ; mérite d’autant plus grand, qu’il est le seul auquel on puisse prétendre dans cette matiere, où il ne paroît pas possible de s’élever jusqu’à la démonstration. Tout le système de M. Rameau est appuyé sur la résonnance du corps sonore : mais les conséquences qu’on tire de cette résonnance n’ont point & ne sauroient avoir l’évidence des théorèmes d’Euclide ; elles n’ont pas même toutes un égal degré de force & de liaison avec l’expérience fondamentale. Voyez Harmonie, Note sensible, Mode mineur, Septieme, &c. Aussi M. Rameau dit-il très-bien au sujet de la dissonnance, qui est une branche étendue de la Musique : « c’est justement parce que la dissonnance n’est pas naturelle à l’harmonie, quoique l’oreille l’adopte, que pour satisfaire la raison sur ce point, autant qu’il est possible, on ne sauroit trop multiplier les rapports, les analogies, les convenances, même les métamorphoses, s’il y en a ». D’où il s’ensuit, qu’il ne range sa théorie musicale que dans la classe des probabilités. C’est aussi uniquement comme un système très-supérieur aux autres, que nous avons expliqué cette théorie dans un ouvrage particulier ; très-disposés en même tems à recevoir tout ce qui pourra nous venir de bon d’ailleurs. Voyez Fondamental.

Sur les différences de la gamme des Grecs dans les genres diatonique, chromatique, & enharmonique, voyez Genre. (O)

* GAMUTO, s. m. (Commerce.) espece de chanvre qu’on tire du cœur de quelques palmiers des Indes ; on en fait des cordages, mais que l’eau détruit facilement. Les Espagnols & les autres Européens, excepté les Hollandois, en achetent des insulaires des Philippines. Les Hollandois les tirent de Mendanao.

GANACHE, s. f. (Maréchallerie.) On appelle en général de ce nom l’os qui compose la mâchoire postérieure. Cet os est partagé en deux branches dans le poulain. Dans le cheval elles sont tellement unies, qu’il ne reste qu’une legere trace de leur jonction ; trace que l’on observe à la partie inférieure, & qui forme la symphise du menton. L’espace qu’elles laissent entr’elles contient intérieurement un canal dans lequel la langue est logée, & extérieurement un autre canal nommé proprement l’auge.

Celui-ci doit être tel, qu’il puisse admettre & recevoir une portion de l’encolure, dans le moment où l’animal est déterminé à se placer. S’il n’est point assez évidé, si supérieurement les deux branches sont trop rapprochées, si elles ont trop de volume

& trop de rondeur aux angles de la mâchoire, ce qui rend d’ailleurs la ganache quarrée, & la tête difforme & pesante ; il est fort à craindre que l’animal ne se ramene point & porte constamment au vent.

Il importe donc d’examiner attentivement la conformation de cette partie, lorsque l’on achete un cheval, & de rechercher encore dans le canal extérieur, si les glandes maxillaires & sublinguales ne sont point sensibles au tact, c’est-à-dire si elles sont non-appercevables & dans leur état naturel. Lorsqu’elles se manifestent aux doigts, elles sont gorgées d’une lymphe épaissie ; & selon qu’elles sont plus ou moins dures, plus ou moins grosses, plus ou moins adhérentes ou mobiles, & que le cheval est plus ou moins âgé, elles présagent des maladies plus ou moins dangereuses & plus ou moins funestes. (e)

GANCHE, s. m. (Hist. mod.) sorte de potence dressée pour servir de supplice en Turquie. Le ganche est une espece d’estrapade dressée ordinairement à la porte des villes. Le bourreau éleve les condamnés par le moyen d’une poulie ; & lâchant ensuite la corde, il les laisse tomber sur des crochets de fer, où ces misérables demeurent accrochés tantôt par la poitrine, tantôt par les aisselles, ou par quelqu’autre partie de leur corps. On les laisse mourir en cet état, & quelques-uns vivent encore deux ou trois jours. On rapporte qu’un pacha passant devant une de ces potences en Candie, jetta les yeux sur un de ces malheureux, qui lui dit d’un ton ironique : Seigneur, puisque tu es si charitable, suivant ta loi, fais-moi tirer un coup de mousquet pour finir cette tragédie. (D. J.)

GAND, Ganéavum, (Géogr.) ville capitale de la Flandre autrichienne, avec un fort château bâti par Charles-Quint pour tenir en bride les habitans, & un évêché suffragant de Malines, érigé par Paul IV. en 1559. L’Escaut, la Lys, la Lieve, & la Moëre, coupent cette ville en plusieurs iles. Elle est située à 9 lieues S. O. d’Anvers, 11 O. de Malines, 10 N. O. de Bruxelles, 8 S. E. de Middelbourg.

Cette ville si souvent prise, reprise, & cédée par des traités, perd tous les jours de son lustre & de sa force. Les Gantois étoient plus libres dans le xv. siecle sous leurs souverains, que les Anglois même ne le sont aujourd’hui sous leurs rois. Personne n’ignore que le mariage de leur princesse qu’ils conclurent avec Maximilien, fut la source de toutes les guerres qui ont mis pendant tant d’années la maison de France aux mains avec celle d’Autriche.

Charles-Quint, rival de François I. plus puissant & plus fortuné, mais moins brave & moins aimable, naquit à Gand le 24 Février 1500. On le vit, dit M. de Voltaire, en Espagne, en Allemagne, en Italie, maître de tous ces états sous des titres différens, toûjours en action & en négociation, heureux long-tems en politique & en guerre, le seul empereur puissant depuis Charlemagne, & le premier roi de toute l’Espagne depuis la conquête des Maures, opposant des barrieres à l’empire ottoman, faisant des rois, & se dépouillant enfin de toutes les couronnes dont il étoit chargé, aller mourir en triste solitaire, après avoir trouble l’Europe, & n’ayant pas encore 59 ans.

La patrie de Charles-Quint n’a pas été féconde en gens de lettres célebres. Je ne me rappelle parmi les littérateurs que Levinius Torrentius : ce savant, après s’être distingué par quelques ouvrages en vers & en prose, & sur-tout par une édition de Suétone accompagnée de bonnes notes, mourut le 26 Avril 1695.

La longitude de Gand, suivant Cassini, est 21d 26′ 30″. latit. 51d 3′. (D. J.)

GANDERSHEIM, (Géogr.) petite ville d’Allemagne au cercle de la basse Saxe, dans le duché de

  1. N. B. La démonstration du principe de l’harmonie, par M. Rameau, ne portoit point ce titre quand elle a été présentée à l’académie, & n’a point aussi été annoncée sous ce titre dans le rapport qui en a été fait.