Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/565

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessus de Bordeaux, après s’être jointe à la Dordogne. Depuis le village de Gironde, elle porte le nom de Gironde : c’est sur cette riviere que de tems à autre il y remonte de la mer une espece de reflux d’eau, qu’on nomme dans le pays le mascaret. Voyez Mascaret.

La Garonne, selon l’ancienne géographie, séparoit le pays des Celtes de celui des Aquitains, & avoit son cours dans le pays des Bituriges, dont les Aquitains faisoient partie. Voyez la-dessus M. de Valois, notit. Gall. p. 221, &c. (D. J.)

GAROU, s. m. thymelæa, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en quelque façon infundibuliforme, & divisée en quatre parties : le pistil sort du fond de la fleur, & devient un fruit qui a la figure d’un œuf, qui est succulent dans quelques especes & sec dans d’autres, & qui renferme une semence oblongue. Tournefort, instit. rei herb. Voyez Plante. (I)

Garou, Thymélée de Montpellier, Trentanel, (Mat. médic.) les anciens medecins se servoient, pour purger les sérosités, des feuilles de cette plante & de ses fruits, qui étoient connus sous le nom de granum chidium, selon plusieurs auteurs ; car d’autres pensent que ces grains étoient les baies de lauréole. Voyez Lauréole.

Ce purgatif est si violent, qu’on a fait sagement de le bannir de l’usage de la Medecine, du-moins pour l’intérieur. Ce seroit un fort mauvais raisonnement, & dont on se trouveroit très-mal, de se rassûrer contre le danger que nous annonçons ici, parce qu’on sauroit que les perdrix & quantité d’autres oiseaux sont très friands de ce fruit, & qu’ils n’en sont point incommodés : l’analogie des animaux ne prouve rien sur le fait des poisons. Voyez Poison.

La racine de cette plante prise intérieurement, est un poison mortel, selon Camérarius ; on s’en sert quelquefois extérieurement, lorsqu’elle est seche, pour faire couler les sérosités dans les migraines & dans les fluxions sur les yeux. Dans ces cas, on perce l’oreille, & on y passe un petit morceau de cette racine ; mais l’emplâtre épipastique ordinaire préparé avec les cantharides, appliqué derriere l’oreille ou à la nuque du cou, fournit un secours de la même classe, plus efficace & moins dangereux. Voyez Vésicatoire. (b)

GARROT, s. m. clangula Gesn. (Hist. nat.) oiseau de mer du genre des canards ; il est plus petit que le canard ordinaire ; il a le corps plus épais & plus court ; la tête est grosse & d’un verd obscur, ou d’un verd noirâtre mêlé de pourpre. Il y a de chaque côté de la tête, près des coins de la bouche, une marque blanche assez grande & arrondie ; c’est pourquoi les Italiens ont appellé cet oiseau quatre-yeux, quattro-occhii. L’iris est de couleur d’or ; le cou, les épaules, la poitrine, & le ventre, sont blancs ; l’entre-deux des épaules & le bas du dos ont une couleur noire ; les aîles sont mêlées de noir & de blanc. La membrane des piés est brune ou noirâtre, & les jambes sont courtes & jaunes. Raii, synop. avium, p. 142. Voyez Oiseau. (I)

Garrot, (Manége. Maréchall.) partie du corps du cheval ; elle est supérieure aux épaules, postérieure à l’encolure, & formée principalement par les apophyses épineuses des huit premieres vertebres dorsales.

Le garrot est parfaitement conformé, lorsqu’il est haut & tranchant.

Dans le premier cas, l’encolure est beaucoup plus relevée, & la selle a moins de facilité de couler en-avant, & d’incommoder les épaules.

Dans le second, il n’est point aussi sujet aux accidens dont il est menacé, quand il est trop garni de chair ; car cette partie est dès-lors fort aisément fou-

lée, meurtrie, & blessée, soit que des arçons trop

larges ou trop ouverts occasionnent la descente de l’arcade de la selle, soit que l’animal éprouve la morsure d’un autre cheval, quelques corps, ou un frottement violent contre des corps durs.

Il est certain que les blessures du garrot peuvent avoir des suites très-funestes, sur tout lorsque le traitement en est confié à des maréchaux incapables d’en prévoir & d’en redouter le danger. Les apophyses épineuses dont j’ai parlé sont recouvertes par le ligament cervical ; ligament qui soûtient & affermit la tête des quadrupedes : il en est deux autres attaches à ces mêmes apophyses, servant conjointement avec les muscles, à suspendre les omoplates & à leur donner un point d’appui stable, fixe, & détermine. Or s’il y a plaie dans cette partie, ou que la tumeur survenue dégenere en plaie, dès qu’elle sera considérable, il est évident qu’à-moins qu’on ne favorise l’écoulement de la matiere, elle cavera dans le garrot ; elle y creusera des sinus & des clapiers, qui ne pourront être alors que très-difficilement susceptibles de contre-ouverture ; elle intéressera le ligament cervical, les muscles, les apophyses ; elle détruira les ligamens suspensoires ; & l’animal sera véritablement égarroté. Voyez Plaies, Tumeurs, Fistule. (e)

Garrot, s. m. (Jardinage.) c’est un bâton fort court passé entre les deux branches d’un jeune arbre, pour en contraindre une troisieme qui est au milieu, & est le véritable montant de l’arbre ; ce qui s’appelle garroter un arbre. (K)

GARSOTE, s. f. oiseau. Voyez Sarcelle.

GARTZ, Gartia, (Géog.) ville d’Allemagne dans la Poméranie, aux confins de la Marche de Brandebourg, & sujette au roi de Prusse. Barnime premier, duc de Poméranie, en fit une ville murée en 1258, & lui donna des terres. Longit. 38. 45. latit. 53. 13. (D. J.)

GARUM, s. m. (Littérature.) saumure très-précieuse chez les Grecs & les Romains, qui en faisoient grand cas pour la bonne-chere : mais ou la composition de cette saumure n’étoit pas par-tout la même ; ou, ce qui est fort vraissemblable, elle a souvent changé pour l’apprêt ; & c’est le moyen le plus simple de concilier les auteurs qui la décrivent si diversement.

Quelques modernes nous disent que le garum n’étoit autre chose que des anchois fondus & liquéfiés dans leur saumure, après en avoir ôté la queue, les nageoires, & les arêtes ; que cela se faisoit en exposant au soleil le vaisseau qui les contenoit ; ou bien, quand on vouloit en avoir promptement, en mettant dans un plat des anchois sans les laver, avec du vinaigre & du persil, on portoit ensuite le plat sur la braise allumée ; & on remuoit le tout, jusqu’à ce que les anchois fussent fondus.

Mais les anciens auteurs ne parlent point d’anchois. Quelques-uns d’eux prétendent qu’on employoit à cette saumure les maquereaux, scombri, que l’on pêchoit près des côtes d’Espagne : d’où vient qu’Horace dit, garum de succis piscis Iberi, en parlant de la méchante saumure de thon, que Nasidienus vouloit faire passer pour de la saumure de maquereau ; & suivant Pline, c’étoit-là la saumure la plus estimée de son tems.

Cependant d’autres auteurs assûrent que le garum étoit fait de la pourriture des tripes du poisson nommé par les Grecs garos, & que Rondelet croit être le picarel, qui a conservé son nom de garon sur les côtes d’Antibes. On gardoit les tripes de ce poisson jusqu’à ce que la corruption les eût fondues, & on les conservoit ainsi fondues dans une espece de saumure. La couleur en étoit si brune, que Galien & Aétius l’appellent noire. Ce ragoût, qu’on est venu à détes-