Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter dans les derniers siecles, a fait long-tems les délices des gens les plus sensuels.

Enfin l’on composa le garum des entrailles de différens poissons confites dans le vinaigre ou dans l’eau, le sel, & quelquefois dans l’huile, avec du poivre & des herbes fines.

Une chose certaine, c’est que le vrai garum du tems de Pline étoit une friandise tellement estimée, que son prix égaloit celui des parfums les plus précieux : on s’en servoit dans les sauces, comme nous nous servons de verjus ou de jus de citron ; mais on n’en voyoit que sur les tables des grands seigneurs.

Au reste, il paroît que pour bien entendre les auteurs anciens, il faut distinguer les deux mots garus & garum. Le premier étoit ordinairement le poisson, des intestins duquel on faisoit la saumure, le second étoit la saumure même ; & quoiqu’on la fît d’un poisson différent que le garus, ou de plusieurs poissons, elle conservoit toûjours le même nom. (D. J.)

GAS, s. m. pl. (Chim.) terme créé par Vanhelmont pour exprimer une vapeur invisible & incoercible qui s’éleve de certaines substances, par ex. des corps doux actuellement fermentans, du charbon embrasé, du soufre brûlant, du sel ammoniac auquel on applique de l’acide vitriolique ou des substances alkalines, &c. Vanhelmont a compris encore sous le nom de gas les exhalaisons produites dans des soûterreins profonds, tels que les galeries des mines, ou sortant de certains creux, grottes, ou fentes de la terre, telles que la grotte du chien ; le prétendu esprit des eaux minérales ; les odeurs fortes & suffocantes ; en un mot toutes les vapeurs sur lesquelles M. Hales a fait les expériences rapportées dans son VI. chapitre de la statique des végétaux, & dans l’appendice qui termine cet ouvrage. Quelques auteurs avoient auparavant appellé ces vapeurs spiritus sylvestres, esprits sauvages.

Comme nous n’avons point de dénomination commune pour désigner ces substances, il sera commode de retenir celle de gas, & de désigner sous ce nom générique toutes les vapeurs invisibles & incoercibles qui sont capables de fixer l’air, de détruire son élasticité, ou plûtôt de le dissoudre, pour parler le langage chimique, qui étant respirées par les animaux, gênent singulierement le jeu de leurs poumons, au point même de les suffoquer quelquefois subitement, qui éteignent la flamme, qui se décelent d’ailleurs par une odeur plus ou moins fétide, & souvent en irritant les yeux jusqu’à en arracher des larmes.

Les vapeurs connues qui produisent tous ces effets, sont, outre celles dont nous avons déjà parlé, la vapeur des bougies, des chandelles, des lampes allumées, c’est-à-dire la fumée des substances huileuses brûlantes ; celles de toutes les substances végétales & animales brûlantes ; celles des corps pourrissans ; certains clissus ; les acides minéraux volatils, & les alkalis volatils, sur-tout ceux qui sont animés par la chaux.

M. Hales a pensé que le phénomene de la suffocation des animaux n’étoit qu’une suite de la fixation de l’air ou de la destruction de son élasticité ; c’est-à-dire qu’un animal frappé de la foudre ou placé dans une atmosphere infectée par le gas du vin ou par celui du charbon, mouroit « parce que l’élasticité de l’air qui environne l’animal venant à manquer tout-d’un-coup, les poumons sont obligés de s’affaisser ; ce qui suffit pour causer une mort subite ». Statique des végétaux, traduct. franç. p. 221.

Cette explication, quoique très-séduisante par sa simplicité, ne paroît pas satisfaire entierement à toutes les circonstances qui accompagnent ce phénomene : il nous paroît que la considération suivante suffit pour nous empêcher de l’admettre. Les gas suf-

foquent en plein air, quoique leur action soit moins

énergique sur les animaux, en ce cas, que lorsqu’ils les respirent dans des lieux fermés : or comment imaginer que l’atmosphere qui environne immédiatement un animal, étant détruite ou supprimée, l’air voisin ne la répare pas soudainement ? Peut-on penser qu’un animal seroit suffoqué parce qu’on établiroit devant sa bouche & ses narines une espece de pompe qui absorberoit à chaque instant autant de piés cubiques d’air qu’on voudra supposer ? Je crois que M. Roüelle est le premier qui a réfuté publiquement ce sentiment de M. Hales.

Les gas sont des êtres encore fort inconnus pour nous : nous n’avons jusqu’à-présent bien observé que les qualités génériques que nous venons de rapporter ; & vraissemblablement leur incoercibilité les soustraira encore long-tems à nos recherches.

Becher tenta inutilement de ramasser du gas de vin, en appliquant des chapiteaux armés de réfrigérant, au bondon d’un gros tonneau plein de moût actuellement fermentant : on a exposé en vain différens aimans à la bouche des latrines les plus puantes ; on n’a retenu aucun principe sensible : on sait que la nature de la mouffette de la grotte du chien s’est refusée aux fameuses expériences de M. l’abbé Nollet. Voyez Exhalaisons, Moffete, Charbon, Soufre, Clissus, Fermentation, Putréfaction, Vin, Vinaigre.

Vanhelmont a donné encore le nom de gas à l’esprit vital, à un prétendu baume ennemi de la putréfaction, &c. mais ce n’est ici, comme on voit, qu’une expression figurée, ou qu’une chimere. (b)

GASCOGNE, (la) Vasconia, (Géog.) grande province de France qui fait une partie du gouvernement général de la Guienne ; elle est entre la Garonne, l’Océan, & les Pyrénées : les Géographes l’étendent plus ou moins & la divisent en haute & basse, ou en Gascogne proprement dite, & Gascogne improprement dite. La Gascogne proprement dite comprend, suivant plusieurs auteurs, les Landes, la Chalosse, le Tursan, le Mursan, & le pays d’Albret : la Gascogne improprement dite ajoûte à ces pays le Basque, le Béarn, la Bigorre, le Comminges, l’Armagnac, le Condommois, le Bazadois, & le Bourdelois. On comprend aussi quelquefois sous le nom de Gascogne, le Languedoc & la Guienne entiere.

La Gascogne a pris ce nom des Gascons ou Vascons, peuples de l’Espagne tarragonoise, qui s’en emparerent ; ils descendirent sous les petit-fils de Clovis, sur la fin du sixieme siecle, des montagnes qu’ils habitoient dans le voisinage des Pyrénées, se rendirent maîtres de la Novempopulanie, & s’y établirent sous un duc de leur nation. Théodebert & Thierri les attaquerent en 602, & les vainquirent ; mais ils se révolterent ensuite plusieurs fois, & ne céderent qu’à Charlemagne. Voyez les détails dans l’abbé de Longuerue, descript. de la France ; dans Hadrien de Valois, notit. Galliæ ; & dans M. de Marca, hist. de Béarn.

Grégoire de Tours est le premier écrivain dans lequel on trouve le nom de Gascogne. Ces peuples ont apporté d’Espagne l’habitude qu’ils ont encore de confondre l’V & le B ; & c’est ce qui a donné lieu à la plaisanterie de Scaliger : felices populi, quibus bibere est vivere. (D. J.)

GASCON, s. m. poisson. Voyez Saurel.

GASETTES, voyez ce que c’est à l’art. Fayence.

GASFOTS, s. m. pl. terme de Pêche ; ce sont des petits crocs de fer qui servent à ramasser des crabes de toute espece, des homars, & même des congres, que les Pêcheurs retirent d’entre les roches avec cet instrument.

GASPÉSIE, (la) Géog. province de l’Amérique septentrionale dans la Nouvelle-France, bornée par