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les monts Notre-Dame ; au nord, par les golfes de S. Laurent ; au sud, par l’Acadre ; à l’oüest, par le Canada : elle est habitée par des sauvages robustes, adroits, & d’une extrème agilité ; ils campent sans cesse d’un lieu à un autre, vivent de la pêche, se barbouillent de noir & de rouge, se font percer le nez, & y attachent des grains en guise de pendans. Ce pays comprend environ cent-dix lieues de côte, & s’avance beaucoup dans les terres. Le P. Leclerc récollet, en a donné une description qui paroît plus romanesque que vraie. (D. J.)

GASTALDE ou CASTALDE, s. m. (Hist. mod.) nom d’un officier de la cour de différens princes. Le gastalde étoit ce qu’on appelle en Italie & en Espagne, majordome : il étoit comte ; ce qui prouve que sa charge étoit considérable. Voyez Comte.

Gastalde ne signifie quelquefois que courier, dans les actes qui regardent l’Italie. On donnoit aussi ce nom à un officier ecclésiastique ; ce qui faisoit craindre qu’il n’y eût simonie à acheter cette charge. Dict. de Trév. & Chambers.

GASTER, s. m. (Medec.) c’est le mot grec γαστὴρ, qui signifie ventre en géneral, la capacité du bas-ventre, & qui se prend quelquefois pour l’estomac, le ventricule, en particulier. Thevenin, diction. des mots grecs de Medecine. (d)

GASTERANAX, s. m. (Phys.) c’est un terme composé du grec γαστὴρ, inventé & emproye par Dolæus, pour signifier la faculté dans l’animal, que les anciens appelloient digestive & nutritive ; parce qu’ils établissoient son siége dans l’estomac & dans les intestins, c’est-à-dire dans les principaux visceres du bas-ventre, dont la fonction principale est de servir à la digestion des alimens & à la préparation du chyle, qui doit ensuite fournir le suc nourricier.

Le même Dolæus entendoit aussi par son gasteranax l’ame végétative, qui préside à toutes les fonctions nécessaires pour la nourriture & l’accroissement de l’animal. Voyez sur ces différentes significations l’encyclopédie médicale de cet auteur. (d)

GASTINE, s. f. (Jurisprud.) terme de coûtume qui signifie terre inculte & stérile : il est synonyme à landes. C’est de ce vieux mot qu’a été fait le nom de la province de Gatinois. Voyez ci-après Gatinois. Son étymologie est sans doute le mot suivant.

GASTIS (Jurisprudence.) terme qui se trouve employé dans de vieilles coûtumes, pour signifier quelque dévastation arrivée aux biens de la terre.

GASTRILOQUE, s. m. & f. se dit de ceux qui parlent en inspirant, de maniere qu’il semble que la voix se forme & se fait entendre dans le ventre. Voyez Engastremithe.

GASTIER, s. m. (Jurisprud.) en Auvergne est celui qui est commis par justice pour la garde des fruits des héritages du lieu, pour empêcher qu’on n’y fasse aucun dégât. Voyez l’édit d’Henri II. de 1559, art. 5. la coûtume d’Auvergne, chap. xxxj. article 69. (A)

GASTRIQUE, adj. en Anatomie, c’est un nom qu’on donne à plusieurs parties relatives de l’estomac. Voyez Estomac.

La plus grande veine gastrique s’insere dans la veine splénique, & la petite s’unit au tronc de la veine-porte.

L’artere gastrique droite vient de l’artere hépatique, la gauche vient de la splénique. Voyez Hépatique & Splénique.

On donne aussi le nom de gastrique au suc qui est séparé par les glandes de l’estomac. Voyez Estomac. (L)

GASTROCNÉMIENS, en Anatomie, nom de deux muscles de la jambe appellés aussi jumeaux. Voyez Jumeaux.

GASTRO-COLIQUE, en Anatomie, se dit de ce

qui a rapport à l’estomac & au colon. Voyez Estomac & Colon.

GASTROMANTIE, s. f. (Divinat.) on dit aussi gastromance ; sort qui se tiroit par des fiolles à large ventre. Cette espece de divination ridicule, à laquelle le peuple seul ajoûtoit créance, consistoit à placer entre plusieurs bougies allumées, des vases de verre de figure ronde, & pleins d’eau claire. Ceux qui se mêloient de tirer le sort, après avoir interrogé les démons, faisoient considérer la surface de ces vases à un jeune garçon ou une jeune femme grosse. Ensuite, en regardant eux-mêmes le milieu des vases, ils prétendoient découvrir le sort de ceux qui les consultoient, par la réfraction des rayons de lumiere dans l’eau des bouteilles. La forme ronde de ces bouteilles, & le soin que prenoit le prétendu devin, de regarder avec attention au-travers du corps du vase, fit donner à cet art chimérique, le nom de gastromantie, tiré des mots grecs γαστὴρ, ventre, & μαντεία, divination. Voyez Divination. On appliqua le même nom de gastromantie à la prétendue divination, que d’autres fourbes nommés engastremithes exerçoient, en faisant semblant de parler du ventre, & de ne pas desserrer les levres. Voy. Engastremithe & Ventriloque. (D. J.)

GASTRORAPHIE, s. f. terme de Chirurgie, suture qu’on fait pour réunir les plaies du bas-ventre qui pénetrent dans sa capacité. Ce mot est grec, γαστροραφία, composé de γαστὴρ, ventre, & de ῥαφὴ, sutura, couture.

La réunion des plaies pénétrantes du bas-ventre n’est praticable qu’après qu’on a fait la réduction des parties contenues, si elles étoient sorties. Voyez Plaies du bas-ventre.

On fait autant de points qu’on le juge nécessaire, suivant l’étendue de la plaie : il faut préparer pour chaque point deux aiguilles courbes enfilées du même cordonnet, composé de plusieurs brins de fil ciré, unis & applatis, ensorte qu’ils forment un ruban d’un pié & demi ou de deux piés de long. Une aiguille sera placée au milieu de ce fil, & les deux bouts seront passés à-travers l’œil de l’autre aiguille : c’est celle-ci qu’il faut tenir dans la main, & c’est avec elle qu’il faut commencer chaque point.

Pour pratiquer la gastroraphie, l’opérateur met le doigt index de la main gauche dans la plaie sous la levre la plus éloignée de son corps. Ce doigt est contre le péritoine, pour pincer & soulever toutes les parties contenantes, conjointement avec le pouce, qui appuie extérieurement sur la peau. De l’autre main on introduit une des aiguilles dans le ventre, en conduisant sa pointe sur le doigt index, pour éviter de piquer l’épiploon ou les intestins. On perce de-dedans en-dehors le bord de la plaie, environ à un pouce de distance, plus ou moins selon l’épaisseur des parties, en poussant le talon de l’aiguille avec les doigts de la main droite, pendant que le pouce de la main gauche qui appuie extérieurement, facilite le passage de la pointe. Dès qu’elle est suffisamment sortie, on acheve de la tirer avec la main droite, qui à cet effet abandonne le talon de l’aiguille pour en aller prendre la pointe. Sans ôter du ventre le doigt index de la main gauche, on le retourne vers l’autre levre de la plaie ; on prend de la main droite l’aiguille qui contient l’anse du fil ; on conduit cette aiguille le long du doigt index ; on perce du-dedans au-dehors, comme on a fait à l’autre levre, & à pareille distance, à la faveur du pouce qui appuie extérieurement la peau contre la pointe de l’aiguille. Lorsque le fil est passé à-travers les deux levres de la plaie, on ôte les aiguilles ; il faut couper l’anse pour retirer celle qui a servi la derniere.

On fait alors rapprocher les levres de la plaie par