On ne réussit qu’avec bien de la peine & du tems à élever cette plante dans nos climats. Il faut d’abord pour le succès, que sa graine semée sur les lieux dans un petit pot de terre alongé, nous parvienne en été. Il faut éviter soigneusement de les trop arroser en route ; à leur arrivée, il faut ôter du petit pot la jeune plante, en conservant un peu de terre autour de ses racines : ensuite on la transportera de cette façon dans un nouveau pot rempli de terre préparée, riche, & fraîche ; on plongera ce pot dans un lit de ton propre à faire pousser les petites racines, afin qu’elles puissent subsister & passer l’hyver. Dès le mois de Septembre ou d’Octobre, on mettra la plante dans la serre, & on la placera à une chaleur qui soit de vingt degrés au-dessus du tempéré. Les arrosemens seront fréquens, mais très-legers ; on nettoyera les feuilles de tems en tems de la saleté qui se loge sur leur surface. Au commencement de l’été, on donnera de l’air à la plante, en ouvrant les fenêtres de la serre à moitié, & seulement dans le fort de la chaleur : mais on ne sortira point les pots de la serre, à moins que ce ne soit pour peu d’heures ; & on n’y manquera pas dans le tems des ondées de pluies chaudes qui la feront prospérer.
Voilà les soins & les précautions avec lesquelles Miller est parvenu à élever des arbres de gayac dans le jardin de medecine de Chelséa : il en avoit déjà quelques-uns assez avancés en 1726. On sait que dans le pays natal même, ils croissent très-lentement ; ils ne jettent point de résine dans nos climats.
Personne n’ignore l’usage qu’on fait en Europe du bois, de l’écorce & des larmes résineuses qui découlent des gayacs d’Amérique ; lisez à ce sujet les articles suivans. (D. J.)
Gayac, (Chim. Mat. med.) le gayac ou bois saint, lignum sanctum, a été connu en Europe à-peu-près dans le même tems que la maladie vénérienne, par le secours qu’on en tira contre cette maladie, avant que l’on eût trouvé la maniere de la traiter plus efficacement par le mercure. On nous assure que dans les pays chauds, dans l’Amérique méridionale, par exemple, le gayac est un spécifique aussi éprouvé contre la vérole, que le mercure l’est dans nos climats. Quoi qu’il en soit, nous ne l’employons que dans le traitement des maladies vénérienne ; legeres ou particulieres à certains organes, dans celles qui sont censées n’avoir point infecté la masse entiere des humeurs, ou du-moins n’y avoir répandu qu’une petite quantité de virus qui peut être évacué par les couloirs de la peau : c’est cette excrétion que le gayac détermine particulierement. Ce remede est un sudôrifique très-actif ; il fait la base ou le principal ingrédient des remedes sudorifiques composés, que l’on employe dans les traitemens de diverses maladies chroniques, comme dartres, tumeurs froides, œdèmes, fleurs-blanches, rhûmatisme, paralysie, vieux ulceres humides & sanieux. Voyez ces articles & l’art. Maladies vénériennes. C’est sous la forme de tisanne qu’on le prescrit ordinairement dans ces derniers cas, aussi-bien que dans les maladies venériennes (voyez Tisanne) : on l’ordonne ou seul ou mêlé avec d’autres sudorifiques, & même avec des purgatifs (voyez Sudorifique & Purgatif) ; on le fait entrer dans ces tisannes composées, ou dans la décoction simple depuis deux gros jusqu’à demi-once par livre d’eau ; & le malade convenablement préparé, en prend trois, quatre, ou cinq verres par jour.
Le bois de gayac est très-résineux, & contient une fort petite quantité d’extrait proprement dit. Voyez Extrait & Résine. Ceci a fait croire à quelques chimistes que l’eau ne pouvoit point se changer des parties médicamenteuses de ce corps, & qu’on le feroit bouillir en vain dans les menstrues aqueux :
On réduit le bois de gayac en rapure, lorsqu’on veut en faire la décoction, ou en tirer la teinture.
On trouve encore dans les boutiques l’écorce de gayac, que quelques-uns assûrent avoir les mêmes vertus que le bois, & même de plus grandes ; nous nous en servons fort peu, quoique vraissemblablement elle puisse très-bien suppléer au bois.
On nous apporte aussi une résine qui découle de l’arbre de gayac, & que l’on appelle improprement dans les boutiques gomme de gayac ; elle est brune en-dehors, quelquefois blanche, tantôt roussâtre & tantôt verdâtre en-dedans, d’un goût un peu acre, d’une odeur très-agréable quand on la brûle ; elle est fort analogue avec celle qu’on tire du gayac par le moyen de l’esprit-de-vin.
L’extrait de gayac entre dans les pilules de Bécher, & la résine dans la thériaque céleste.
Le gayac donne dans la distillation à la violence du feu un phlegme insipide, un esprit qui donne des marques d’acidité & d’alkalicité, une huile ténue, limpide, jaune, qui nage sur l’eau ; une huile noire, très-épaisse, plus pesante que l’eau ; une grande quantité d’air, & une quantité considérable d’un charbon dur & sonnant. Nous ne ferons point ici des observations sur cette analyse, parce que c’est celle-là même que nous choisirons au mot Végétal, pour exemple de l’analyse des bois durs. Voyez Végétal. (b)
Gayac, (Gomme de-) Hist. des drogues ; nom impropre qu’on donne dans les boutiques des Droguistes, à la résine qui découle de l’arbre gayac ; cette résine bien choisie doit être nette, luisante, transparente ; elle est brune en-dehors, blanche en-dedans, tantôt roussâtre, tantôt verdâtre, friable, d’un goût un peu acre, d’une odeur agréable de résine quand on l’écrase ou quand on la brûle, & qui approche de celle du bois de gayac ; sa dose est depuis un scrupule jusqu’à trois ; elle passe pour exciter puissamment la transpiration insensible, & pour être propre aux maladies de la peau qui naissent de l’obstruction des glandes miliaires.
On peut tirer aussi du gayac une substance gommeuse, en faisant bouillir long-tems dans de l’eau commune, de la rapure de gayac. Alors après avoir fait épaissir cette décoction sur le feu, il reste au fond du vaisseau une résine épaisse, d’une odeur balsamique, & d’un goût legerement acre. Cette substance sechée, pulvérisée, & tirée par le nez, irrite vivement la membrane pituitaire, & fait évacuer le phlegme qui est logé dans cet endroit. Hoffmann préféroit ce remede à tous les sternutatoires, & lui at-