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à la secte Eliaque sous Phédon, à la secte Académique sous Platon, & au Cynisme sous Anthisthene.

Du Cyrénaïsme. Aristippe enseigna la Logique & la Morale ; il eut pour sectateurs Arété, Egesias, Annium, l’athée Théodore, Evemere, & Bion le Boristhenite. Voyez l’article Cyrénaïsme.

Du Mégarisme. Euclide de Mégare, sans négliger les parties de la philosophie Socratique, se livra particulierement à l’étude des Mathématiques ; il eut pour sectateurs Eubulide, Alexine, Euphane, Apollonius, Cronus, Diodore, & Stilpon. Voyez l’article Mégarisme.

De la secte Eliaque & Erétriaque. La doctrine de Phédon fut la même que celle de son maître ; il eut pour disciples Ménedeme & Asclépiade. Voy. Eliaque, (secte.)

Du Platonisme. Platon fonda la secte Académique ; on y professa presque toutes les Sciences, les Mathématiques, la Geométrie, la Dialectique, la Métaphysique, la Psycologie, la Morale, la Politique, la Théologie, & la Physique.

Il y eut trois académies ; l’académie premiere ou ancienne, sous Speusippe, Xénocrate, Polémon, Cratès, Crantor : l’académie seconde ou moyenne, sous Architas & Lacyde : l’académie nouvelle ou troisieme, quatrieme, & cinquieme, sous Carnéade, Clitomaque, Philon, Charmidas, & Antiochus. Voyez les articles Platonisme & Académie.

Du Cynisme. Anthistene ne professa que la Morale ; il eut pour sectateurs Diogene, Onesicrite, Maxime, Cratès, Hypparchia, Métrocle, Ménedeme, & Ménippe. Voyez l’art. Cynisme.

Le Cynisme donna naissance au Stoïcisme ; cette secte eut pour chef Zénon, disciple de Cratès.

Du Stoïcisme. Zénon professa la Logique, la Métaphysique, la Théologie, & la Morale ; il eut pour sectateurs Persée, Ariston de Chio, Hérille, Sphere, Athénodore, Clianthe, Chrysippe, Zénon de Tarre, Diogene le Babylonien, Antipater de Tarse, Panétius, Posidonius, & Jason. Voyez l’art. Stoicisme.

Du Péripatétisme. Aristote en est le fondateur ; Montagne a dit de celui-ci, qu’il n’y a point de pierres qu’il n’ait remuées. Aristote écrivit sur toutes sortes de sujets, & presque toûjours en homme de génie ; il professa la Logique, la Grammaire, la Rhétorique, la Poétique, la Métaphysique, la Théologie, la Morale, la Politique, l’Histoire naturelle, la Physique & la Cosmologie : il eut pour sectateurs Théophraste, Straton de Lampsaque, Lycon, Ariston, Critolaüs, Diodore, Dicéarque, Eudeme, Héraclide de Pont, Phanion, Démétrius de Phalere, & Hieronimus de Rhodes. Voyez les articles Aristotélisme & Péripatétisme.

De la secte Samienne. Pythagore en est le fondateur ; on y enseigna l’Arithmétique, ou plus généralement, la science des nombres, la Géométrie, la Musique, l’Astronomie, la Théologie, la Medecine, & la Morale. Pythagore eut pour sectateurs Thelauge son fils, Aristée, Mnésarque, Ecphante, Hypon, Empédocle, Epicarme, Ocellus, Tymée, Archytas de Tarente, Alcméon, Hyppase, Philolaüs, & Eudoxe. Voyez l’art. Pythagorisme.

On rapporte à l’école de Samos la secte Eléatique l’Héraclitisme, l’Epicuréisme, & le Pyrrhonisme ou Scepticisme.

De la secte Eléatique. Xénophane en est le fondateur : il enseigna la Logique, la Métaphysique, & la Physique ; il eut pour disciples Parménide, Mélisse, Zénon d’Elée, Leucippe qui changea toute la philosophie de la secte, négligeant la plûpart des matieres qu’on y agitoit, & se renfermant dans la Physique ; il eut pour sectateurs Démocrite, Protagoras, & Anaxarque. Voyez Eléatique, (secte.)

De l’Héraclitisme. Héraclite professa la Logique, la Métaphysique, la Théologie, & la Morale, & il eut pour disciple Hippocrate, qui seul en valoit un grand nombre d’autres. Voyez Héraclitisme.

De l’Epicuréisme. Epicure enseigna la Dialectique, la Théologie, la Morale, & la Physique ; il eut pour sectateurs Métrodore, Polyene, Hermage, Mus, Timocrate, Diogene de Tarse, Diogene de Séleucie, & Apollodore. Voy. l’art. Épicuréisme.

Du Pyrrhonisme ou Scepticisme. Pyrrhon n’enseigna qu’à douter ; il eut pour sectateurs Timon & Enésideme. Voyez les art. Pyrrhonisme & Scepticisme.

Voilà quelle fut la filiation des différentes sectes qui partagerent la Grece, les chefs qu’elles ont eus, les noms des principaux sectateurs, & les matieres dont ils se sont occupés ; on trouvera aux articles cités, l’exposition de leurs sentimens & l’histoire abrégée de leurs vies.

Une observation qui se présente naturellement à l’aspect de ce tableau, c’est qu’après avoir beaucoup étudié, réfléchi, écrit, disputé, les philosophes de la Grece finissent par se jetter dans le Pyrrhonisme. Quoi donc, seroit-il vrai que l’homme est condamné à n’apprendre qu’une chose avec beaucoup de peine ; c’est que son sort est de mourir sans avoir rien sû ?

Consultez sur les progrès de la Philosophie des Grecs hors de leurs contrées, les articles des différentes sectes, les articles de l’histoire de la Philosophie en général, de la philosophie des Romains sous la république & sous les empereurs, de la philosophie des Orientaux, de la philosophie des Arabes, de la philosophie des Chrétiens, de la philosophie des peres de l’Eglise, de la philosophie des Chrétiens d’occident, des Scholastiques, de la philosophie Parménidéenne, &c. vous verrez que cette philosophie s’étendit également par les victoires & les défaites des Grecs.

Nous ne pouvons mieux terminer ce morceau que par un endroit de Plutarque qui montre combien Alexandre étoit supérieur en politique à son précepteur, qui fait assez l’éloge de la saine Philosophie, & qui peut servir de leçon aux rois.

« La police ou forme de gouvernement d’état tant estimée, que Zénon, le fondateur & premier auteur de la secte des philosophes Stoïques, a imaginée, tend presque à ce seul point en somme, que nous, c’est-à-dire les hommes en général, ne vivions point divisés par villes, peuples, & nations, estant tous séparés par lois, droits & coûtumes particulieres, ains que nous estimions tous hommes nos bourgeois & nos citoyens, & qu’il n’y ait qu’une sorte de vie comme il n’y a qu’un monde, ne plus ne moins que si ce fût un même troupeau paissant soubs même berger en pastis communs. Zénon a écrit cela comme un songe ou une idée d’une police & de lois philosophiques qu’il avoit imaginées & formées en son esprit : mais Alexandre a mis à réelle exécution ce que l’autre avoit figuré par écrit ; car il ne fit pas comme Aristote son précepteur lui conseilloit, qu’il se portât envers les Grecs comme pere, & envers les barbares comme seigneur, & qu’il eût soin des uns comme de ses amis & de ses parens, & se servît des autres comme de plantes ou d’animaux ; en quoi faisant, il eût rempli son empire de bannissemens, qui sont toûjours occultes semences de guerres & factions & partialités fort dangereuses : ains estimant être envoyé du ciel comme un commun réformateur, gouverneur, & réconciliateur de l’univers, ceux qu’il ne put rassembler par remontrances de la raison, il les contraignit par force d’armes, & assemblant le tout en un de tous costés, en les faisant boire tous, par maniere de dire, en une même