en est plusieurs en qui elle est ou devient héréditaire. Voyez Tempérament.
En effet, Hippocrate, Galien, Celse, Hildanus, Forestus, Alpinus, & presque tous les plus grands observateurs praticiens, s’accordent à regarder le flux hémorrhoïdal comme très-avantageux dans bien des circonstances, & très-efficace pour délivrer de bien des maladies chroniques, telles que la mélancolie, les vapeurs, les vertiges, la manie même, & la folie habituelle, la jaunisse, la gravelle, la goutte, le scorbut ; il y a une infinité de faits qui établissent incontestablement la propriété des hémorrhoïdes, pour contribuer à la guérison de ces différentes maladies, & de plusieurs autres qui y ont rapport : elles ont aussi souvent fait cesser le pissement de sang, l’hémopthysie, le saignement de nez, la disposition à l’apoplexie, & ont contribué à procurer la guérison des attaques de cette derniere maladie ; ce qui a engagé par analogie, à y employer l’application des sangsues avec beaucoup de succès.
Ce qui confirme davantage le bon effet du flux hémorrhoïdal dans tous ces cas, c’est qu’on a vû la plûpart de ces maladies avoir lieu par une suite de la suppression de ce flux-de sang, & cesser par son rétablissement survenu naturellement, ou procuré à cet effet. Voyez les observations des auteurs qui viennent d’être cités : elles sont en grand nombre sur ce sujet. Hippocrate entr’autres, inb. aph. 12. juge qu’il est si dangereux de fermer d’anciennes hémorrhoïdes fluentes ; que si entre plusieurs boutons, on n’en laisse pas un d’ouvert, on exposera le sujet à tomber dans l’hydropisie ou dans l’atrophie.
Ainsi on ne sauroit apporter trop d’attention à bien distinguer les hémorrhoïdes critiques, d’avec les symptomatiques, pour en tirer un prognostic juste, & ne pas s’exposer à des erreurs de la plus grande conséquence, dans le traitement d’un concours d’accidens, qui souvent ne demandent point à être traités, mais à être laissés à eux-mêmes & aux soins de la nature, lorsque les effets qui s’ensuivent ne peuvent ni ne doivent pas être regardés comme morbifiques ; ce qui est marqué principalement lorsque la perte de sang se fait sans diminution de forces, & que l’exercice des fonctions essentielles à la santé, n’éprouve aucun changement essentiellement désavantageux : si le contraire arrive, en général il y a lieu alors de regarder le flux hémorrhoïdal comme une vraie maladie, comme une hémorrhagie pernicieuse par ses effets & par ses suites, qui demande les secours de l’art, de la maniere indiquée par les accidens qui l’accompagnent. Voyez Hémorrhagie.
S’il survient un flux hémorrhoïdal excessif, dans les maladies causées par les obstructions, par le skirrhe au foie, c’est un signe qui annonce le plus grand danger, & qui est très-souvent mortel.
Il suit de tout ce qui vient d’être dit des hémorrhoïdes, qu’il ne faut pas employer des remedes à leur égard, sans être bien assuré de la nature du mal réel ou apparent : si elles sont caractérisées de maniere à devoir être regardées comme critiques, & qu’elles ne se fassent sentir que par des tumeurs au fondement ou au-dedans de l’anus, qui y donnent le sentiment d’une matiere au passage, dont on ne peut pas faire la déjection ; si elles sont sans douleur, sans aucune incommodité considérable, le meilleur parti est de n’y rien faire : Expecta ; (c’est le conseil de Staahl, qui n’a point le ridicule qu’on a voulu trouver. Voyez Expectation). Il ne faut pas même se presser de les rendre fluentes, lorsqu’elles ne le sont pas, à moins qu’il n’y ait d’ailleurs des indications pour procurer un flux-de-sang révulsif : si elles deviennent fluentes d’elles-mêmes, sans excès & sans autre incommodité, il faut les laisser couler & ne
pas plus penser à les supprimer, qu’on le fait à l’égard des menstrues, qui ont leur cours ordinaire ; on doit seulement observer le régime convenable, pour que le flux-de-sang ne devienne pas immodéré ; ainsi on doit éviter tout ce qui peut échauffer, agiter le sang extraordinairement, soit à l’égard des alimens & de la boisson, soit pour l’usage des autres choses qu’on appelle non naturelles. Voyez Hygienne. On peut utilement faire usage dans ce cas de ptisanes tempérantes, nitreuses, pour faciliter l’évacuation de la surabondance du sang, qui donne lieu aux hémorrhoïdes critiques ; lorsqu’elles fluent moins qu’il n’est nécessaire, on a recours aux eaux minérales de toute espece, dont on fait choix selon les tempéramens, aux ptisanes diaphorétiques, sudorifiques, apéritives, incisantes, pour disposer la masse du sang à fournir la matiere du flux hémorrhoïdal de la maniere convenable : on peut aussi faciliter cette évacuation, en appliquant au fondement une éponge chargée de décoction émolliente tiede, en recevant la vapeur d’une pareille décoction bien chaude, ou par tout autre moyen propre à relâcher ultérieurement les vaisseaux par lesquels se fait le flux-de-sang.
Si l’on ne peut pas réussir par ces différens moyens, à rendre ce flux aussi considérable qu’il est nécessaire, on ne doit pas cependant recourir aux applications irritantes, pour ne pas s’exposer à rendre les hémorrhoïdes douloureuses, qui peuvent par-là devenir très-fâcheuses, comme il a été dit ; ainsi, dans le cas où le flux n’est pas suffisant, & que l’on a à craindre une métastase, c’est-à-dire un transport du sang hémorrhoïdal dans quelque autre partie où il pourroit produire de funestes effets, on doit avoir recours à l’application des sangsues autour du fondement ; & si elle ne suffit pas, ou qu’on n’ait pas de ces insectes de qualité convenable (Voyez Sangsue), ou pour en faire usage à tems, à propos, on peut y suppléer par l’application des ventouses à l’anus, aux cuisses, aux lombes, & par des scarifications à ces différentes parties ; mais la saignée au pied suffit souvent, & assez promptement, pour que l’on y ait recours avant d’employer ces derniers moyens.
Mais dans le cas contraire, où le flux hémorrhoïdal est excessif, c’est la saignée au bras qui convient, comme un moyen de révulsion qui est à employer & à répéter autant que les forces le permettent ; & si cela ne suffit pas pour modérer le flux-de-sang, & qu’il y ait même indication de l’arrêter totalement, on doit alors faire usage des applications astringentes, avec des linges, des éponges, imbus de décoctions appropriées, de bon vinaigre même, ou du coton trempé dans des liqueurs styptiques ; on peut même appliquer un bouton de vitriol, ou un morceau de l’agaric styptique, si l’on peut atteindre au vaisseau ouvert, & même en tenter la ligature, si l’on peut saisir le bouton hémorrhoïdal ; & enfin, si l’on ne peut pas user de ces différens moyens, ou qu’on ne le fasse pas avec succès, on peut à l’extrémité, en venir à employer le cautere actuel, comme l’astringent le plus sûr ; mais on doit éviter le plus qu’il est possible, de faire des plaies à l’anus, parce qu’elles guérissent difficilement, & dégénerent souvent en ulceres de mauvaise qualité, qui s’étendent beaucoup, deviennent calleux, forment ainsi des fistules ; & après avoir donné bien de l’embarras, ont souvent des suites funestes. Voyez Fistule.
Dans les cas où les hémorrhoïdes ne peuvent pas s’ouvrir, & qu’elles sont accompagnées de beaucoup d’irritation, de douleur, il faut les traiter comme les tumeurs inflammatoires, par le moyen des saignées convenables, des émolliens résolutifs, anodins, des antiphlogistiques nitreux, tant intérieure-