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peut point tirer de sel essentiel crystallin ; car le sel ammoniacal, sur-tout s’il est joint à une grande quantité d’huile, ne forme point de crystaux ; & étant séché, il devient comme un sable terreux.

Il résulte de cet exposé, que le houblon renferme un sel alumineux tartareux, amer. Voyez article suivant, ses propriétés médicinales. (D. J.)

Houblon. En Suede, les habitans de la province de Jemteland & de celle de Médelpadie, se servent avec succès des tiges du houblon pour en préparer de la filasse, dont ils font une toile grossiere ; par ce moyen le houblon leur tient lieu de chanvre. Pour cet effet, au lieu de jetter ces tiges comme inutiles, on en détache les feuilles, ensuite on met ces tiges en macération ou à rouir dans de l’eau, ou bien on les étend sur des toits de chaume pour y rester exposées pendant l’hiver aux injures de l’air ; souvent elles y demeurent long-tems couvertes de neige ; quelquefois on les laisse tremper dans l’eau de la mer, & ensuite on les expose alternativement à l’air libre, en les mettant sur la terre, ensuite de quoi on les laisse tremper dans des eaux courantes. D’autres, avant que de faire rouir les tiges ou sarmens de houblon, les exposent pendant la nuit à la rosée. Enfin, on les fait sécher à l’air, on les bat ; on les fait de nouveau sécher dans un four, & on finit par les traiter de la même maniere que le chanvre. Lorsque la macération a été bien faite, on obtient de la filasse aussi fine que celle du lin ou du chanvre : mais jusqu’à présent on n’a pû la blanchir parfaitement ; mais elle n’en a que plus de solidité, vû que le blanchissage ne fait que nuire à la durée de la toile. On peut cependant teindre la toile qui a été ainsi faite, & l’employer à des usages communs. Voyez les mémoires de l’Académie de Suede, année 1750. (—)

Houblon, (Diete & Mat. méd.) on fait cuire les jeunes pousses de houblon qui paroissent au printems dans de l’eau comme les asperges, & on les mange avec de l’huile, du sel & du vinaigre. On les apprête aussi de plusieurs autres façons. Elles lâchent doucement le ventre ; sont utiles pour les obstructions des visceres, & sur-tout pour les engorgemens du foie & de la rate. Geoffroy, Mat. méd.

Tout le monde connoît l’usage du houblon pour l’assaisonnement de la biere. Voyez & Brasserie.

Ce que l’on a dit des bonnes & des mauvaises qualités que le houblon donnoit à la biere, est absolument gratuit. On manque d’observations pour décider la question agitée principalement en Angleterre ; savoir, si la biere houblonée chassoit & fondoit la pierre des reins, ou si elle ne contribuoit pas au contraire à la former. Un fait assuré, c’est que les bieres rouges forcées de houblon, sont plus enyvrantes, & qu’elles jettent dans un assoupissement dangereux ; mais il n’est pas clair que ces effets soient dûs au houblon.

On ne se sert que très-rarement du houblon à titre de médicament : on pourroit l’employer cependant aussi utilement que les autres plantes ameres, contre les défauts d’appétit habituel, les obstructions du foie & les maladies de la peau.

On trouve dans quelques boutiques un extrait de houblon, qu’on peut faire entrer dans les bols & les électuaires magistraux, qu’on emploie dans le traitement des maladies que nous venons d’indiquer. Les feuilles de houblon entrent dans le syrop de chicorée composé, & son suc dans les pilules angéliques de la pharmacopée de Paris. (b)

* HOUCHE, HICHE, ou FOUANNE, (Pêche.) La houche, usitée dans le ressort de l’amirauté de Bayonne, est une fouanne ébarbelée d’un côté, & à sept branches : on s’en sert au feu, contre l’ordonnance de 1669. Il faut un tems calme & une nuit

obscure. Deux pêcheurs montent dans une chaloupe ; l’un se met à l’arriere & gouverne, l’autre à l’avant & pêche. Il tient à la main un brandon d’éclats de sapin secs & résineux : la lueur de ce brandon attire le poisson à la surface, & le pêcheur le frappe de sa houche. Cette pêche se fait en toute saison. On y prend des poissons qui pesent dix, douze & quinze livres.

HOUDAN, (Géog.) petite ville de l’isle de France dans la Beauce, au diocèse de Chartres, sur la Vègre, à 4 lieues de Dreux, & 13 S. O. de Paris, long. 19d 15′ 38″, lat. 38d 47′ 21″.

Guy Patin, homme de beaucoup d’esprit, & d’un esprit fort orné, naquit à Houdan en 1602, non pas dans notre petite ville d’Houdan au diocese de Chartres, comme tant de gens l’ont écrit, mais dans un village nommé Houdan, à 3 lieues de Beauvais : toutefois, puisque je viens de nommer ici cet aimable homme, il faut que j’ajoute qu’il fut l’artisan de sa fortune ; car de correcteur d’Imprimerie, il devint habile & sage Médecin clinique. Il n’eut pas tort de se déclarer ennemi de l’antimoine, que de son tems on ne savoit pas préparer en France, qu’on y prépare bien aujourd’hui, & dont on abuse encore mieux. Les lettres de Guy Patin ont été lues avec avidité, parce qu’elles sont naturelles, parce que d’ailleurs, selon la remarque de M. de Voltaire, elles contiennent des anecdotes qu’on aime, & des satyres qu’on aime encore davantage. Il mourut en 1672, & laissa un fils, Charles Patin, qui se distingua par son savoir dans la Medecine, dans la Littérature, & sur-tout dans les médailles. Il publia en ce dernier genre quantité d’excellens ouvrages, & finit ses jours à Padoue en 1684, laissant deux filles, célebres par leurs écrits, & une femme qui a été aussi auteur. Bayle a donné dans son dictionnaire un article curieux & sort étendu de Guy Patin & de son fils. (D. J.)

HOUE, s. f. (Tailland. & Agricult.) instrument dont on se sert pour labourer les vignes & les terres lorsqu’on ne peut employer la charrue.

La houe se forge comme la bêche ; mais au lieu de douille, elle a un œil, auquel on réserve une portion de fer qu’on appelle collet. On soude la houe au collet, & le reste s’acheve comme à tous les outils de cette espece. Le coupant de la houe est perpendiculaire au collet, & le manche parallele. Le laboureur enleve la superficie de la terre, & la bêche plus ou moins profondément : la terre reste sur la houe ; ce qui lui donne la facilité de la verser, retourner, jetter, étendre comme il lui plaît. Ainsi l’on voit que cette manœuvre se rapproche de l’effet de l’oreille de la charrue. Voyez l’article Charrue. Il y a un instrument appellé houette ; c’est un diminutif de la houe. Voyez Houette, & nos Planc. d’Agric.

HOUERE, (Marine.) Voyez Hourque.

* HOUETTE, s. f. (Tailland. & Agricult.) instrument dont on se sert au lieu de la houe. Voyez Houe. Dans la houette, le collet & l’œil ne sont pas perpendiculaires au reste, mais paralleles.

HOUGUE (la) Géog. Mrs Huet & Baudrand disent la Hogue, mais l’usage du pays, l’abbé de Longuerue, les cartes anciennes de Normandie, décident pour la Hougue ; son nom latin est Ogas, selon Vital, Ogigiæ selon Cénalis, caput Ogæ selon Baudrand, & Oga selon la plûpart des écrivains.

Cap de France en Normandie, près de Cherbourg, défendu par un fort nommé l’isle-à-Madame. Le maréchal de Tourville y fut défait par la flotte Angloise en 1692.

La rade de la Hougue est excellente ; c’est un lieu très-propre à y faire une place importante, soit pour le commerce, soit pour les vaisseaux de guerre.

Le projet d’un port dans cet endroit périt avec l’in-