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une que d’examiner l’état de la mer, pour en conjecturer si le calme durera, ou s’il n’arrivera pas de tempête. On ne doit pas non plus mettre au nombre des superstitions, comprises sous le titre d’hydromantie, la cérémonie que fait tous les ans le doge de Venise d’épouser la mer Adriatique.

5°. On tiroit aussi des présages de la couleur de l’eau, & des figures qu’on y voyoit, ou qu’on y croyoit voir représentées. C’est ainsi, selon Varron, qu’on apprit à Rome quelle seroit l’issue de la guerre contre Mithridate ; certaines rivieres ou fontaines passoient chez les anciens pour être plus propres que d’autres à ces opérations. Voyez Pégomancie.

6°. C’étoit encore par une espece d’hydromantie que les anciens Germains, quand ils avoient quelque soupçon sur la fidélité de leurs femmes, prétendoient s’en éclaircir : ils jettoient dans le Rhin les enfans dont elles étoient accouchées ; & s’ils surnageoient, ils les tenoient pour légitimes, & pour bâtards, s’ils alloient à fond ; c’est à quoi Claudius fait allusion dans ce vers,

Et quos nascentes explorat gurgite Rhenus.

Ne seroit-ce pas sur cet ancien usage, que dans le même pays on faisoit subir l’épreuve de l’eau froide à ceux qu’on accusoit d’être sorciers ? Voyez Epreuve.

7°. On remplissoit d’eau une tasse, ou un autre vase, & après avoir prononcé dessus certaines paroles, on examinoit si l’eau bouillonneroit, & se répandroit par-dessus les bords.

8°. On mettoit de l’eau dans un bassin de verre, ou de crystal, puis on y jettoit une goutte d’huile, & l’on s’imaginoit voir dans cette eau, comme dans un miroir, les choses dont on désiroit être instruit.

9°. Les femmes des anciens Germains pratiquoient encore une autre sorte d’hydromantie, en examinant les tours & détours, & le bruit que faisoient les eaux des fleuves dans les goufres ou tourbillons qu’ils formoient, pour prédire l’avenir. Clem. Alex. Strom. lib. I.

10°. Enfin, on peut rapporter à l’hydromantie une superstition qui a été en usage en Italie, & que Delrio assure qu’on pratiquoit encore de son tems. Lorsqu’on soupçonnoit quelques personnes d’un vol, on écrivoit les noms de trois de ces personnes sur autant de petits cailloux, qu’on jettoit dans l’eau, & il ajoute que quelques-uns se servoient pour cette opération d’eau-bénite ; mais il n’ajoute pas ce qu’on découvroit par ce moyen. Delrio, Disquisit. magic. lib. IV. quæst. vj. sect. 3. pag. 543 & 544.

HYDROMANTIQUE, s. f. (Mathem.) quelques auteurs ont appellé ainsi l’art de produire, par le moyen de l’eau, certaines apparences singulieres. Cette science, si elle en mérite le nom, est fondée principalement sur deux faits très-connus ; l’un est, qu’un corps R placé au fond d’un vase plein d’eau, (fig. 31. hydr.) peut être vû par un œil O, placé près du bord du vase, quoique ce même œil ne pût le voir si l’eau étoit ôtée, l’autre est, que le fond CHD d’un vase plein d’eau paroît plus élevé qu’il n’en est effet, par exemple en EIF : ces deux phénomenes sont une suite des loix de la réfraction. Voyez Réfraction. (O)

HYDROMEL simple. (Pharmacie & mat. med.) Voyez Miel.

Hydromel vineux. (Chimie & diete.) Voyez Miel.

HYDROMETRE, s. m. (Physiq.) est le nom qu’on donne en général aux instrumens qui servent à mesurer la pesanteur, la densité, la vitesse, la force, & les autres propriétés de l’eau. Ce mot est composé du grec ὕδωρ, eau. & μέτρον, mesure. On

donne communément le nom d’aréometre à l’instrument dont on se sert pour déterminer la pesanteur spécifique de l’eau. Voyez Aréometre. A l’égard de ceux dont on se sert pour mesurer la vitesse, & par conséquent la force des eaux courantes, voyez l’article Fleuve. Chambers. (O)

HYDROMETRIE, s. f. (Mathem. & Phys.) c’est la science qui enseigne à mesurer la pesanteur, la force, la vitesse de l’eau, & des autres fluides ; ce mot est formé des mots grecs ὕδωρ, eau, & μέτρον, mesure. L’Hydrométrie comprend l’Hydrostatique & l’Hydraulique. Voyez ces deux mots.

Ce terme est moderne & de peu d’usage ; on s’en est servi pour la premiere fois en 1694, que l’on fonda une nouvelle chaire de professeur d’Hydrométrie dans l’université de Bologne, en faveur de Guglielmini, qui a poussé la doctrine des eaux courantes beaucoup plus loin qu’aucun de ceux qui l’avoient précédé. Voyez Fleuve. Chambers. (O)

HYDROMITES, s. m. (Hist. eccles.) nom que l’on donnoit anciennement à certains officiers de l’église grecque qui étoient chargés de faire l’eau benite, & d’en faire l’aspersion sur le peuple. Voyez Eau-benite. Ce mot est composé d’ὕδωρ, eau, & μύστης, personne consacrée aux fonctions de la religion pour ce qui concerne la bénédiction & l’aspersion de l’eau. Dict. de Trévoux. (G)

HYDROMPHALE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur qui vient au nombril, & qui est causée par de l’eau. Ce mot vient du grec ὕδωρ, eau, & ὀμφαλὸς, nombril.

On distingue l’hydromphale des autres tumeurs qui viennent au nombril, en ce qu’elle est molle, & néanmoins peu obéissante au toucher, & qu’elle ne diminue ni n’augmente en la comprimant. Quand on la regarde à travers la lumiere, on la trouve transparente.

On dissipe l’hydromphale par des remedes résolutifs, tels qu’on les a indiqués au mot Hydrocêle. On la guérit aussi, si elle ne cede point aux remedes, par la ponction au milieu du nombril avec un trocart. Voyez Trocart.

Il semble que la fluctuation devroit être mise au nombre des signes caractéristiques de l’hydromphale. Voyez Fluctuation. (Y)

HYDROPARASTAN ou HYDROPARASTES, subst. masc. plur. (Théologie.) nom d’hérétiques, attachés à Tatien, qu’on appelle aussi Encratites, Apotactites, Saccophores, Sévérianiens & Aquariens. Voyez Encratites, Aquariens, &c. Ce mot est formé du grec ὕδωρ, eau, & παρίστημι, je présente, j’offre.

Les Hydroparastates étoient une branche de Manichéens, qui prétendoient qu’on devoit se servir d’eau au lieu de vin dans l’Eucharistie. Dict. de Trévoux. (G)

HYDROPHANE, s. f. ou adj. f. (Hist. nat.) genre de pierres à demi-pellucides ; ce mot est formé de ὕδωρ eau, & φαίνω, je brille, parce que le caractere distinctif de ce genre de pierres, est de jetter quelque éclat étant plongé dans l’eau.

Ce sont des pierres à demi-transparentes, composées de crystal, & de beaucoup de terre qui s’y trouve mêlée inégalement, comme dans la chalcédoine. Cette composition donne à toute la masse un œil louche, terne & considérablement opaque, en sorte qu’on ne peut procurer à ces sortes de pierres un poli fin ; cependant si on les met dans l’eau, elles brillent, & deviennent à quelques égards pellucides, mais leur transparence cesse, dès qu’on les tire de l’eau & qu’on les essuie.

Nous ne connoissons que deux especes de ce genre de pierres hydrophanes ; l’une d’un gris blanchâtre sans veines, & qu’on nomme la pierre changeante,