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ou l’œil du monde ; l’autre est semblablement d’un gris blanchâtre mêlé de jaune, avec un noyau noir au milieu : les auteurs appellent cette derniere l’œil de Bélus. (D. J.)

HYDROPHOBE, adj. (Méd.) ὑδρόφοβος, aquam timens. On se sert de ce terme, pour désigner ceux qui ont le malheur d’être affectés de la maladie terrible, qu’on contracte ordinairement par l’effet de la morsure de certains animaux, & particulierement d’un chien enragé, qui est connue sous le nom de rage, à laquelle on donne aussi le nom d’hydrophobie, à cause de l’horreur de l’eau, qui en fait un des symptomes essentiels, Voyez Hydrophobie, rage.

HYDROPHOBIE, s. f. (Méd.) ὑδροφοβία. Ce terme grec est composé des mots ὕδωρ, eau, & φόϐος, crainte, aquæ timor. Il est employé par les Médecins, pour synonyme du mot rage, qui est la maladie de ceux qui sont affectés d’une sorte de délire furieux, à la suite de la morsure d’un chien, ou de quelques autres animaux enragés. Comme un des principaux symptomes qui accompagnent cette maladie, est une aversion insurmontable pour l’eau ; c’est ce qui lui a fait donner le nom d’hydrophobie. Mais comme elle est moins connue sous ce nom là, que sous celui de rage, il paroît convenable de ne traiter de cette maladie, que sous cette derniere dénomination, qui est d’ailleurs plus spéciale : ainsi voyez Rage.

HYDROPHORE, s. m. (Myth.) statue de bronze, de deux coudées, dont parle Plutarque dans la vie de Thémistocle. Ce grand homme, dit-il, l’avoit faite des amendes auxquelles il avoit condamné ceux qui détournoient les eaux publiques à leur usage particulier, & ensuite il l’avoit consacrée dans un temple d’Athènes. Il retrouva son hydrophore à Sardis dans le temple de la mere des dieux. C’étoit une des statues que Xercès avoit emportées de Grece, & Thémistocle fit des efforts inutiles pour que le satrape de Lydie voulût bien la lui rendre. M. Dacier croit que c’est celle qui, dans Pline, l. XXXIV. chap. viij. porte le nom d’Œnophore par la faute des copistes ; mais tout est perdu en critique, si l’on admet des conjectures de cette espece, que le sens n’exige point, & qui ne sont point appuyées par les manuscrits. (D. J.)

HYDROPHORIES, s. f. plur. (Myth.) cérémonie funebre qui s’observoit à Athènes & chez les Eginetes, mais en des mois différens, à la mémoire des Grecs qui avoient péri dans le déluge de Deucalion & d’Ogygès ; ainsi, hydrophorie étant un mot composé de ὕδωρ eau, & φέρω, j’emporte, désigne une fête commémorative de ceux qui ont été emportés par les eaux. (D. J.)

HYDROPHILLON, (Hist. nat. Bot. anc.) nom que les anciens auteurs grecs ont donné à une plante qui croît sur les lieux où se trouvent des truffes par-dessous ; mais comme ils n’ont pas décrit cette plante sous laquelle on trouve des truffes, tubera, il n’est pas possible de la deviner. De plus, le récit qu’ils en font paroît tellement contraire à d’autres sentimens qu’ils soutiennent ailleurs, & même tellement opposé à la vérité, qu’on ne peut s’empêcher de soupçonner ici quelque méprise. Ils disent que cette plante nous enseigne où sont les truffes ; mais nous savons que par tout où on en trouve, il ne vient point de plante au-dessus. Peut-être que quelques-uns d’eux, ont confondu la truffe, tuber, avec le bulbocastanum, que nous appellons en françois terre-noix. En ce cas, il est certain que les feuilles de celle-ci en sont une sûre indication, & alors leur hydrophillon ne seroit qu’un second nom de terre-noix. (D. J.)

HYDROPHYSOCELE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur du scrotum causée par de l’eau & de l’air. c’est une hydrocele mêlée d’air. Voyez Hydrocele.

La complication de flatuosité se fera connoître par la rénitence de la tumeur, & le son qu’elle rend lorsqu’on la frappe, comme feroit un balon. L’hydrocele flatueuse, ou plûtôt la flatuosité de l’hydrocele se dissipera par l’usage des cataplasmes discussifs & carminatifs, faits avec les poudres de fleurs de camonille, de sureau, dans une décoction d’anis, de coriandre, &c. L’amas d’eau forme le fond & l’essentiel de la maladie ; nous en avons parlé amplement au mot Hydrocele. (Y)

HYDROPIQUE, adj. (Méd.) C’est l’épithete par laquelle on désigne un malade affecté d’hydropisie en général ; mais elle est plus particulierement affectée par l’usage à l’hydropisie, avec épanchement d’humeurs dans le bas-ventre, que l’on appelle ascite. Voyez Hydropisie.

HYDROPISIE, s. f. (Méd.) ὕδρωψ, hydrops. C’est une maladie des plus considérables entre les affections chroniques. Elle consiste dans une collection contre nature d’humeurs aqueuses ou séreuses, rarement d’une autre nature, qui croupissent dans leurs vaisseaux relâchés, ou qui sont extravasées dans quelques cavités, d’où s’ensuivent différentes lézions de fonctions, selon le siege du mal, & toujours, lorsqu’il est dans des parties molles, ou qui sont susceptibles de céder, une tumeur ou enflure, & une distention extraordinaire proportionnée au volume de ces humeurs.

Si elles s’étendent à toute l’habitude du corps & à ses cavités, l’hydropisie est dite universelle ; si les humeurs n’occupent que quelques-unes de ces parties, l’hydropisie est particuliere, & alors elle prend différens noms, selon les différentes parties qui en sont affectées.

Lorsque l’humeur remplit, outre mesure, tout le tissu cellulaire, qui est sous les tégumens, dans toute leur étendue, & forme une bouffissure générale, on appelle cette espece d’hydropisie, leucophlegmatie, lorsque l’humeur est pituiteuse, épaisse, & tirant sur le blanc : mais lorsqu’elle est simplement aqueuse, séreuse, ce qu’on distingue par la différente disposition de la peau, dont la surface, dans ce dernier cas, est plus luisante, plus étendue ; on donne à cette sorte d’affection le nom d’anasarque, terme formé de deux mots grecs ἀνὰ σάρκα, circa carnes, pour signifier qu’elle a son siege dans la membrane cellulaire, qui entoure, qui enveloppe les muscles, mais qui ne pénetre pas dans les interstices des fibres charnues, qui forment les muscles. Le contraire n’arrive que fort rarement ; & alors, selon Boerhaave, comment. in propr. instit. med. § 732. cette maladie ne doit pas être appellée anasarque, mais ὑπόσαρκα, intra carnes, hyposarque. Voyez Leucophlegmatie, Anasarque.

On appelle hydrocéphale, l’hydropisie de la tête, soit qu’elle ait son siége au dehors ou au dedans de cette partie. Voyez Hydrocéphale. L’hydrophtalmie est l’hydropisie des enveloppes, ou du globe de l’œil. Voyez Hydrophtalmie.

Il se forme quelquefois une espece d’hydropisie dans les parties intérieures de la trachée-artere, qui est une sorte de bronchocele : Voyez Bronchocele.

L’hydropisie de poitrine n’a pas de nom particulier ; voyez Poitrine. Celle du péricarde s’appelle hydrocardie ; voyez Hydrocardie.

Si l’hydropisie se forme dans le bas-ventre, elle prend le nom d’ascite, ἀσκίτης, ce qui signifie hydrops utricularius, parce que dans cette maladie les parois de l’abdomen sont tendues comme un outre, par les humeurs dont est remplie la cavité de cette partie. Voyez Ascite : c’est l’hydropisie proprement dite, ou au moins celle que l’on a communément en vûe, lorsqu’on parle de l’hydropisie simplement, sans autre distinction : c’est aussi sous cette ac-