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ception qu’il en sera principalement traité dans cet article.

Quelquefois l’hydropisie a son siége dans les cavités, plus ou moins distendues, du tissu cellulaire de Malpighi, entre les membranes qui sont des duplicatures du péritoine, d’où sont formés l’épiploon, le mésentere, &c. ou entre quelques parties du péritoine même, & celles auxquelles il doit être naturellement adhérent ; ou dans un grand nombre de cellules de ce tissu qui revêt la surface des visceres, lesquels se remplissent outre mesure, sans cesser d’être distinctes entr’elles, d’où se forment, ce qu’on appelle des hydatides. L’hydropisie est appellée enkistée, hydrops saccatus, dans le premier cas, & vésiculaire dans le dernier. Voyez Kiste, Hydatide.

On donne le nom d’hydrocele, à l’amas d’humeurs qui se forme dans les bourses, c’est-à-dire, dans le scrotum & avec différentes combinaisons, dans les cellules, ou cavités des différentes tuniques qui enveloppent les testicules ; ce qui s’étend quelquefois à la verge. Voyez Hydrocele.

La matrice est aussi susceptible d’hydropisie, ainsi que les ovaires, le vagin. Voyez Matrice, Ovaire, Vagin

Lorsque les humeurs sont abondantes dans le tissu cellulaire de quelqu’un des membres, on ne l’appelle point hydropisie, mais enflure œdémateuse, si la tumeur est fort étendue ; ou œdème simplement, si elle est circonscrite. Voyez Œdème.

Ainsi, il n’y a hydropisie que là où il y a proprement amas contre nature d’humeurs aqueuses, séreuses, ou laiteuses, d’un volume assez considérable, à proportion de la partie qui en est le siége. Or, donc, comme c’est un amas de liquides qui constitue essentiellement cette maladie, la tympanite qui n’est qu’une collection d’air dans la capacité du bas-ventre, est placée mal à propos, par quelques auteurs, parmi les différentes especes d’hydropisie, malgré la ressemblance dans l’enflure à l’égard de l’ascite, comme de l’emphysème, à l’égard de l’anarsaque. Voyez Tympanite, Emphyseme. Il arrive souvent complication de ces deux sortes de maladies avec l’hydropisie.

Il résulte de toutes les observations que l’on a faites, à l’égard des différentes especes d’hydropisie ; que l’on ne peut les attribuer qu’à deux sortes de causes, qui sont, 1°. tout ce qui peut faire obstacle au cours de la lymphe séreuse, & l’empêcher de passer librement des arteres, qui lui sont propres dans les veines correspondantes, en sorte que les premiers de ces vaisseaux s’engorgent & se dilatent de plus en plus, par défaut de mouvement progressif dans leurs fluides, dont le volume s’y augmente de plus en plus, par l’abord qui ne laisse pas de s’y en faire continuellement, effet de la cause impulsive, qui reste à peu-près la même ; d’où suit la rupture de ces mêmes vaisseaux qui, à force d’être distendus outre mesure, ne peuvent enfin qu’éprouver une véritable solution de continuité, qui donne lieu à l’effusion, à l’épanchement de l’humeur continue, & de celle qui ne cesse d’y être portée. La foiblesse des vaisseaux & des visceres fait une cause de cette nature, attendu qu’il a été observé constamment que, la faculté qu’ont les pores absorbans des veines qui répondent aux grandes cavités du corps, de s’imbiber des humeurs qui y sont répandues, est susceptible d’augmenter ou de diminuer proportionnellement aux forces de la circulation en général ; ce qui fait que dans les maladies aiguës, où le mouvement du sang est trop grand, toutes les parties internes même se dessechent, parce que les vapeurs destinées à les humecter sont trop repompées ; & au contraire, dans les maladies chroniques de langueur, les humeurs ex-

travasées sous forme de vapeurs, faute d’être reprises, se condensent, s’accumulent sous forme liquide, ce qui donne lieu à différentes enflures ; & parce que, en général, la force des arteres qui portent les humeurs, se conservent plus long-tems que celles des veines, pour les reprendre, il s’ensuit le défaut d’équilibre respectif qui doit subsister dans la santé entre ces vaisseaux ; défaut qui, à l’égard des solides considérés généralement, est la cause de tous les dépôts, de toutes les fluxions, de toutes les évacuations spontanées, excessives, qui peuvent avoir lieu dans le corps humain. Voyez Equilibre, Œcon. anim. On peut aussi ranger, dans l’espece des causes dont il s’agit ici, l’épaississement des humeurs, en tant qu’il donne lieu à des embarras qui en gênent le cours dans leur retour à la masse, qui produisent des obstructions, des compressions, des resserremens spasmodiques qui portent sur les veines séreuses, d’où suivent des engorgemens de ces vaisseaux, leur rupture, & des épanchemens d’humeurs qui forment l’hydropisie. Le spasme causé par l’irritation méchanique ou physique du genre nerveux, lorsqu’il subsiste un certain tems, peut également procurer des étranglemens dans les vaisseaux de toute espece, qui ont souvent les mêmes suites, indépendamment d’aucun vice dans les fluides. Tout ce qui vient d’être dit de ces différentes causes de l’hydropisie, est confirmé par l’expérience de Lower, qui produisoit dans des chiens de véritables épanchemens d’humeurs, des amas de sérosité dans les différentes capacités, par la ligature des principales veines qui en rapportent le sang.

2°. La dissolution du sang ou le défaut de consistence de cette humeur d’où dérivent toutes les autres, qui fait que ce fluide ne peut être retenu dans les vaisseaux qui lui sont propres ; il devient susceptible de s’échapper sous forme séreuse dans les vaisseaux d’un genre qui n’est pas fait pour le recevoir naturellement, lorsqu’il a la consistence qui lui est propre : il passe, dans les arteres séreuses, dans les conduits collatéraux qui ne sont pas capables de résistance ; &, comme il y en a encore moins dans les cavités du tissu cellulaire où quelques-uns aboutissent, il s’y jette, les remplit, les distend, & y fournit la matiere & le volume de l’œdème, des bouffissures, de la leucophlegmatie, de l’anasarque ; ou s’il est dirigé vers les vaisseaux exhalans, il fournit les fluides qui suintent continuellement dans les capacités, qui, n’étant pas repompés, forment des amas d’eau qui y croupissent plus long-tems qu’on ne pense communément sans se corrompre ; parce que l’air n’ayant point d’accès dans les parties où elles sont renfermées, elles se conservent comme les eaux de l’amnios, dans lesquelles nage le fœtus pendant tout son séjour dans la matrice, qui y sont même quelquefois retenues pendant plusieurs années sans aucune corruption, dont peuvent être préservées encore plus aisément les eaux des hydropiques ; parce qu’elles ont ordinairement une sorte de consistance mucilagineuse, qui les rend peu susceptibles du mouvement intestin qui produit la putréfaction. Voyez Dissolution, Putréfaction. C’est par les effets de la dissolution du sang, qu’il arrive souvent que des phthisiques paroissent mourir hydropiques ; parce que les poumons ne pouvant pas convertir le chyle en sang, avec la consistance qui lui est nécessaire pour être bien constitué, il ne peut pas être retenu dans ses propres vaisseaux, & il fournit aux autres une surabondance d’humeurs avec les suites mentionnées : dans le cas où ces humeurs excédantes viennent à prendre leur cours par la voie des selles, ou de la peau, ou des urines ; la diarrhée, ou les sueurs colliquatives, ou le diabete