qui a tant de force, établissent la licence & la corruption des mœurs dans tout un pays : le nôtre en peut être une assez bonne preuve.
Cependant personne n’ignore à quel point ces sortes d’excès sont funestes, & le nombre des hommes incontinens est assez grand pour en donner des exemples ; plusieurs ont péri d’épuisement dans leurs plus beaux jours, tels que de tendres fleurs privées de leur seve par le vent brûlant du midi. Combien d’autres qui ont pris dès leur enfance les germes d’une maladie honteuse, & souvent incurable ? La nature, qui n’a voulu accorder aux individus que de courts momens pour se perpétuer, agit pour leur conservation avec la plus grande économie, &, pour ainsi dire, avec la derniere épargne ; elle n’opere qu’avec regle & mesure. Si on la précipite, elle tombe dans la langueur. En un mot, elle emploie toute la force qui lui reste à se soûtenir encore, s’il est possible ; mais elle perd absolument sa vertu productrice & sa puissance générative. (D. J.)
Incontinence d’urine. (Medecine.) L’incontinence d’urine est une incommodité suffisamment définie par le nom qu’elle porte, & auquel les Medecins n’attachent d’autre sens que son sens naturel.
Cette incommodité est propre à la vessie : elle ne suppose aucun vice dans les organes destinés à séparer l’urine, ni dans cette humeur excrémenticielle. Aussi l’urine répandue par les sujets attaqués de la maladie dont il s’agit, est-elle, tout étant d’ailleurs égal, pareille à celle que rendent les sujets sains ; à cela près seulement qu’elle peut être un peu plus crue, c’est-à-dire privée du ton de couleur qu’elle acquiert dans la vessie par le séjour naturel. C’est par là que l’incontinence d’urine est distinguée du diabete ou flux d’urine. Voyez Diabete.
L’incontinence d’urine est encore appellée pissement involontaire, mictus involuntarius. Ce qui suit est tiré du précis de la Médecine-pratique de M. Lieutaud. L’incontinence d’urine, sans cause manifeste, est familiere aux enfans & aux vieillards : elle n’a lieu dans les premiers que pendant le sommeil ; mais les vieillards y sont exposés dans tous les tems. L’abus des diurétiques, l’accouchement laborieux, le calcul, les chûtes, l’opération de la taille, le trop long séjour dans l’eau froide, l’apoplexie & les affections soporeuses ; le plus haut degré de toutes les maladies aigues, &c. peuvent donner lieu à l’écoulement involontaire de l’urine. L’âge & l’éducation en délivrent les enfans ; mais on la guérit rarement dans les vieillards, comme dans tous les cas où elle reconnoît pour cause un vice dans les organes. Tout le monde sait encore combien ce symptôme est redoutable dans les maladies aiguës.
L’incontinence d’urine venant le plus souvent du relâchement ou de la paralysie des organes, on juge que l’ouverture des cadavres ne doit pas nous fournir beaucoup de lumieres : on a vû cependant l’hydropisie de la moëlle de l’épine, la grosseur des reins demesurée, des pierres & des ulceres dans ces visceres (l’auteur de l’article observe conséquemment à l’idée qu’il a donnée de l’incontinence d’urine, que l’écoulement qui a été occasionné par ces vices des reins étoit un vrai diabete, dont le pissement involontaire n’étoit qu’un symptôme), on a trouvé la vessie racornie & incapable de dilatation, ulcérée, livide & gangrenée, contenant des pierres & des abscès, comprimée par la tumeur de la matrice & autres parties voisines. On a rencontré les uretheres extrèmement dilatés, suppléant à la vessie qui étoit très-resserrée, &c. sans faire mention de différens desordres qui donnent lieu aux urines de couler involontairement par le périnée, par le scrotum, par l’anus, l’ombilic, &c.
Les astringeus, tels que l’eau dans laquelle on a
éteint des briques rougies au feu, de vin rouge, les roses de Provins, la grande consoude, la prêle, la noix de cyprès, le cachou, le mastic, les martiaux, &c. sont les remedes les plus propres à fortifier les organes relâchés. On peut donner encore dans la même vûe les aromatiques, tels que la menthe, le calament, le poivre, le girofle, la noix muscade, &c. C’est aussi pour la même raison qu’on préfere la rhubarbe & les myrobolans aux autres purgatifs, lorsque l’état des premieres voies en demande. On propose encore les injections aromatiques & fortifiantes, ainsi que les cataplasmes, les fomentations, les linimens, les demi-bains & les lavemens qui ont la même propriété : on a même vû en cette occasion de bons effets des bains froids. Tout le monde a entendu parler de la poudre de souris & de quelques autres remedes de bonnes femmes que le degré de confiance qu’on y attache peut rendre efficaces. (L’auteur de l’article ose encore avancer que dans ce cas les Medecins doivent avoir peu de confiance à cette confiance.) On sait enfin qu’on a imaginé divers instrumens qui, en comprimant la verge & l’uretre, empêchoient l’urine de couler, mais peu de gens peuvent en supporter l’incommodité. On a usé aussi pour les femmes d’un pessaire qui produit le même effet, mais on rencontre de leur part la même difficulté. Je ne parle pas de différens vases de cuir, de verre ou d’argent, propres à recevoir l’urine, que ceux qui veulent se garantir de la mauvaise odeur & de la malpropreté portent sans beaucoup de répugnance.
* INCONVENIENT, s. m. (Gram.) il se dit de tout obstacle qui se présente dans la conduite d’une affaire, & de toutes les suites desavantageuses qui naissent de sa conclusion. Il n’y a presque rien qui n’ait ses avantages & ses inconvéniens. L’homme prudent, qui voit dans l’avenir, se garde bien de peser les uns & les autres relativement au moment.
Inconvénient se dit aussi d’une opinion, d’un système, d’une démarche, &c.
INCORPOREL, adj. (Gram. & Métaphys.) substance spirituelle qui n’a point de corps. Voyez Esprit & Corps.
L’ame de l’homme est incorporelle, & peut subsister sans le corps. Voyez Ame, & Immatériel.
Les idées indépendantes du corps ne peuvent ni être corporelles, ni être reçues dans un sujet corporel. Elles nous découvrent la nature de notre ame, qui reçoit ce qui est incorporel, & qui le reçoit au-dedans de soi d’une maniere incorporelle, excepté le mouvement que mon ame reçoit quand je me meus, & qu’elle reçoit tout-à-fait à la maniere des corps. Voilà donc une modification divisible dans un sujet indivisible.
Incorporel, (Jurisp.) se dit des choses non-matérielles, qui conséquemment n’ont point de corps, & que l’on ne peut toucher corporellement, telles que sont les droits & actions qu’on appelle droits incorporels. Voyez Droits. (A)
INCORPORER, verbe actif, (Gram.) c’est en général unir un corps à un autre ; il se dit au simple & au figuré. Ces substances s’incorporent facilement l’une avec l’autre. On a incorporé cette troupe dans celle-ci. Les vaincus furent incorporés aux vainqueurs. Le vice s’incorpore à l’homme ; & il faut plus de tems encore pour l’en séparer, qu’il n’en a fallu pour le prendre.
Incorporer, (Pharmacie) c’est lier & donner une certaine consistance à un corps pulvérulant, pour en former un électuaire, un bol, un liniment, un onguent ; en un mot un remede interne ou externe sous forme solide, en l’introduisant peu-à-peu dans un syrop, une conserve, une graine ou tout autre excipient. (b)