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d’ingratitude, ne passe pas à l’héritier du donateur, si lui-même ayant connu l’ingratitude, l’a dissimulée & n’a point agi en justice pour faire révoquer la donation. Voyez la loi derniere au code de revoc. donat.

L’ingratitude du vassal envers son seigneur dominant, donne lieu à la commise du fief au profit du seigneur.

Le vassal se rend coupable d’ingratitude, lorsqu’il y a de sa part desaveu ou félonie. Voyez Commise, Desaveu, & Félonie. (A)

INGRÉDIENT, s. m. (Pharmacie.) c’est par ce nom qu’on désigne le plus ordinairement une matiere considérée comme faisant partie d’une composition pharmaceutique.

Les ingrédiens solides de quelques-unes de ces compositions sont connus dans l’art sous le nom d’especes. Voyez Especes (Pharmacie.) (b)

INGRIE, Ingria, (Géog.) province de l’empire russien, sur le fond du golphe de Finlande, abondante en poisson & en gibier ; on y fait la chasse des élans qui y viennent par troupes de Finlande, & traversent la Niva deux fois l’année, au printems & en automne. Les Ingriens sont des hommes vigoureux & d’une constitution robuste ; ils ressemblent beaucoup aux Finnois & parlent la même langue, qui n’a aucun rapport avec toutes les autres langues du Nord. L’Ingrie fut conquise par Pierre le Grand sur la Suede ; S. Petersbourg en est la capitale. (D. J.)

INGWEILER, (Géog.) petite ville de la basse-Alsace, sur la riviere de Moter.

INGUINAL, ALE, adj. (Chirurgie.) qui concerne l’aîne, appellée en latin inguen. On appelle en Chirurgie inguinal, un bandage fait avec une piece de toile coupée en triangle, sur laquelle sont attachés trois bouts de bande, savoir deux aux angles supérieurs pour être attachés autour du corps, & l’autre à l’angle inférieur qui s’attache à la ceinture après avoir passé de devant en arriere sous la cuisse du côté malade. Ce bandage est contentif ; on s’en sert lorsqu’on applique quelque emplâtre, cataplasme & compresses, &c. sur l’aîne. Voyez Planche XXVII. fig. 9. & 10. On fait un inguinal double, lorsque les deux aînes sont dans le cas d’être pansées. On appelle hernie inguinale, la descente qui se borne au pli de l’aîne. Voyez Hernie. (Y)

INHABILE, adj. (Jurisprud.) se dit de celui qui est incapable de faire ou de recevoir quelque chose.

Un impuissant, par exemple, est inhabile à la génération, & conséquemment au mariage.

Les enfans exhérédés & ceux qui ont renoncé, sont inhabiles à succéder. Voyez Habile. (A)

INHABILETÉ, s. f. (Jurisprud.) est le défaut de capacité pour faire quelque chose, comme l’inhabileté à succéder, à s’obliger, à donner, disposer, tester, ester en jugement. Voyez Incapacité. (A)

INHABITABLE, INHABITER, (Gram.) voyez Habitation, Habiter.

INHAMBANE, (Géog.) royaume d’Afrique sur la côte orientale de la Cafrerie, sous la ligne & sur le golfe de Sophala ; les habitans sont idolâtres. Dapper dit que la ville capitale s’appelle Tongue ; mais l’intérieur de tous ces pays-là nous est entierement inconnu, & nous ne connoissons que très-peu des côtes. (D. J.)

INHÉRENT, adj. terme de Physique, se dit d’une qualité qui réside dans un corps, & qui ne lui vient point d’une action extérieure. On demande par exemple, si la pesanteur est une qualité inhérente à la matiere ; c’est-à-dire si c’est une qualité qui ne provienne pas de l’impulsion d’un fluide invisible, comme le prétendent les Cartésiens. Voyez Attraction, Gravité, &c. (O)

INHIBITIONS, s. m. pl. (Jurisprud.) sont des dé-

fenses faites à quelqu’un par la loi ou par un jugement,

de faire quelque chose de contraire. (A)

* INHUMANITÉ, s. f. (Gramm.) vice qui nous sort de notre espece, qui nous fait cesser d’être homme ; dureté de cœur, dont la nature sembloit nous avoir rendus incapables. Voyez Humanité.

* INHUMATION, s. f. (Gramm.) l’action de mettre le corps d’un homme mort dans la sépulture. Il faut la volonté d’un testateur pour inhumer un corps hors de son église paroissiale. On n’a commencé qu’en 1200 d’inhumer dans les églises, ce qui doit les rendre mal-saines. L’inhumation s’est faite dans presque tous les tems, & chez presque tous les peuples, avec plus ou moins de pompe & de cérémonies.

INJACULATION, injaculatio ; (Medecine.) terme dont se sert Vanhelmont pour désigner une maladie qui consiste dans une douleur spasmodique violente de l’estomac, accompagnée de l’immobilité du corps. James, Dict. de Medecine.

INJECTER, verb. act. (Anatom.) c’est la méthode de remplir les vaisseaux des animaux avec une liqueur colorée, qui se durcissant, tient les vaisseaux distendus & fermes, & laisse la liberté d’en observer plus exactement la distribution, la situation & les diametres, de découvrir le nombre de leurs ramifications & de leurs anastomoses, qu’il ne seroit pas possible d’appercevoir sans ce moyen.

La nature des instrumens, celle des liqueurs dont on se sert pour les injections, la maniere dont on veut faire l’injection, enfin la manœuvre même de l’injection, sont autant d’articles dont on va donner l’explication.

C’est une découverte qui a beaucoup contribué à éclaircir l’économie animale. Malpighy & Glisson se sont servi de liqueurs colorées, mais Swamerdam paroît être le premier qui ait employé une préparation de cire. Il ajoute qu’il apprit cette méthode en 1666 à Van-Horne & à Hade ; ce ne fut qu’en 1668 que Graaf fit graver la figure des instrumens dont il falloit se servir, & qu’il décrivit tout ce merveilleux artifice. Mais Ruysch a poussé cet art si loin, que les plus savans hommes sont aussi pleins d’admiration que les plus ignorans, à la vue des prodiges qu’a opéré son industrie. Il faisoit une espece de mystere de son secret ; mais à présent les anatomistes sont suffisamment instruits de la maniere de remplir les vaisseaux.

L’instrument dont on se sert ordinairement pour pousser la liqueur dans les vaisseaux, est une forte seringue de cuivre, dont le piston doit couler avec aisance, & à laquelle peuvent s’adapter différens tuyaux qu’on y fixe par le moyen d’une vis ; les extrémités de ces tuyaux ont différens diametres, & sont sans vis, afin qu’ils puissent entrer dans d’autres tuyaux, & s’emboîter avec eux si exactement que pour peu qu’on les force l’un contre l’autre, rien ne puisse passer entre eux. Mais parce que leur cohésion n’est pas assez forte pour résister à la force avec laquelle on pousse l’injection, & qu’il est à craindre que ce second tuyau ne soit repoussé, & que la matiere de l’injection ne s’échappe & ne fasse ainsi manquer l’opération ; l’extrémité du second tuyau qui reçoit celui qui est fixe sur la seringue, doit avoir une partie quarrée terminée devant & derriere par un cercle élevé ou saillant, afin d’empêcher la clé qui embrasse étroitement l’entre-deux de ces cercles ou la partie quarrée, de glisser ; ou bien elle doit être garnie de deux branches de cuivre, afin de pouvoir la contenir avec deux doigts. L’autre extrémité de cette espece de tuyau est de différente grosseur, & il y a vers cette extrémité une hoche ou entaillure qui sert à arrêter un fil ; par le moyen de cette hoche, le fil qui lie ce vaisseau par lequel on doit faire l’injection, ne sauroit glisser : outre cette forme