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Voyez le glossaire de Ducange au mot dies ; celui de Lauriere au mot jours. Fontanon, tom. I, liv. I. tit. 17. (A)

Jour dans le commerce de lettres de change, marque le tems auquel une lettre doit être acquittée.

On dit qu’une lettre de change est payable à jour préfix, à jour nommé, lorsque le jour qu’elle doit être payée est exprimé & fixé dans la lettre de change. Les lettres à jour préfix ne jouissent point du bénéfice des dix jours de faveur ou de grace. Voyez Faveur & Jours de grace.

Une lettre de change à deux, à quatre, à six jours de vûe préfixe, est celle qui doit être payée deux, quatre ou six jours après celui de son acceptation. Voyez Lettre de change & Acceptation. Diction. de commerce.

Jours de grace, en terme de Commerce, c’est un nombre de jours accordé par la coutume pour le payement d’une lettre de change lorsqu’elle est dûe, c’est-à-dire lorsque le tems pour lequel elle a été acceptée est expiré. Voyez Lettre de change, Change & Faveur.

En Angleterre on accorde trois jours de grace, ensorte qu’une lettre de change acceptée pour être payée, par exemple, dans dix jours à vûe, peut n’être payée que dans treize jours. Par toute la France l’on accorde dix jours de grace, autant à Dantzick ; huit à Naples ; six à Venise, à Amsterdam, à Rotterdam, à Anvers ; quatre à Francfort ; cinq à Leipsic ; douze à Hambourg ; six en Portugal, quatorze en Espagne, trente à Genes, &c. Remarquez que les dimanches & les fêtes sont compris dans le nombre des jours de grace. Voyez Acceptation.

Jour nommé, (Commerce.) bateau de diligence, dont le maître s’est obligé d’arriver à certain jour préfix dans le port de sa destination, à peine de diminution de la moitié du prix porté par la lettre de Voiture. Dictionnaire de Commerce.

Jour de Planche, (Commerce.) on nomme ainsi à Amsterdam & dans les autres villes maritimes des Provinces-Unies, le séjour que le maître ou batellier d’un bâtiment freté par des marchands, est obligé de faire dans le lieu de son arrivée, sans qu’il lui soit rien dû au-delà du fret On convient ordinairement de ces jours de planche par la charte partie, à-moins qu’ils ne soient fixés ou par l’usage ou par des reglemens. A Rotterdam, par exemple & aux environs, les bateliers sont obligés de donner trois jours de planche ; ceux de Brabant, Flandres, Zélande, & des autres villes également distantes d’Amsterdam, en donnent cinq ou six, suivant la grandeur du bâtiment ; mais si après ces jours de planche ou reglés ou convenus, le bâtiment reste encore chargé, le marchand paye tant par jour par proportion à sa grandeur, ou au prix accordé pour le fret. Dictionnaire de Commerce.

Jour, Journal, (Arpentage.) grande mesure des héritages : cette dénomination est fort en usage en Lorraine ; on y dit pour les terres labourables jours, journaux ; pour les prés fauchés, & pour les forêts arpent : ce n’est cependant qu’une même mesure ; elle est communément dans ce pays de 250 toises de Lorraine. Cette toise a de longueur 10 piés de Lorraine, le pié 10 pouces, le pouce 10 lignes ; ce qui fait environ huit piés neuf pouces dix lignes, mesure de roi.

Jour, terme d’Architecture ; ce mot s’entend de toute ouverture faite dans les murs par où l’on reçoit de la lumiere, & qu’on nomme aussi baye ou bée.

Jour droit, celui d’une fenêtre à hauteur d’appui.

Faux-jour, celui qui éclaire quelque petit lieu, comme une garde-robe, un retranchement, un petit escalier.

Jour d’en-haut, celui qui est communiqué par un

abajour qui ne reçoit le jour que par le dôme, un soûpirail, une lucarne faitiere de grenier, généralement tout jour qui est pris à six ou sept piés de haut ou plus.

Jour-à-plomb, celui qui vient directement par-en-haut, comme au Panthéon à Rome.

Jour de coûtume, voyez Vue de Coutume.

Jour d’escalier, c’est le vuide ou l’espace quarré ou rond qui reste entre les limons droits ou rampans de bois ou de pierre, sur lesquels est porté la rampe de fer.

Jour, terme d’Horlogerie ; c’est un espace qu’on laisse entre deux roues qui passent l’une sur l’autre, ou entre les platines & ces roues, pour empêcher qu’elles ne se touchent. Les jours de la grande roue moyenne avec la platine des piliers & la grande roue, & du barrillet avec la platine du dessus & la grande roue, ne doivent pas être trop considérables, ou, pour parler comme les Horlogers, doivent être bien ménagés ; afin de conserver au barrillet, & par conséquent au grand ressort, le plus de hauteur qu’il est possible.

Jour, (Peinture.) on dit qu’un tableau est dans son jour, lorsque la lumiere qui fait qu’on le voit, vient du même côté que celle qui éclaire les objets peints dans ce tableau.

Il y a des auteurs qui prétendent qu’on appelle jour, les endroits les plus éclairés d’un tableau ; mais on ne se sert point de cette expression : on dit la lumiere, les lumieres d’un tableau, & non les jours d’un tableau.

Jours, (Rubannier.) ouvrage à jour, terme plus propre au galon qu’à tout autre ouvrage, puisqu’il n’y a presque que le galon qui soit susceptible de pareil travail ; rarement on en ménage sur les rubans figurés ; les jours sont des ornemens pratiqués dans les desseins, qui laissent effectivement à jour les espaces qu’ils doivent représenter ; ces jours son appellés corps séparés, parce qu’ils sont travaillés chacun séparément & l’un après l’autre par autant de navettes différentes ; ce qui fait qu’il y a des ouvrages à 10 ou 12 & même 25 ou 26 navettes, quand les jours sont pratiqués l’un à côté de l’autre ; il faut avoir soin de ne travailler que quelques coups de navette sur chacun de ces corps séparés tant qu’il y en a, afin que le battant puisse frapper le plus également qu’il est possible ces coups de navette ; autrement si on rachevoit entierement le jour, qui est quelquefois de beaucoup de ces coups, & que l’on passât ensuite à un autre, l’épaisseur de ce premier qui vient d’être fait, empêcheroit que le battant ne frappât régulierement les autres coups qui restent à faire.

JOURA (la), Géog. île de l’Archipel petite & deserte ; c’est le Gyaros des anciens ; lisez ce qu’en dit M. Spon. Holstenius croyoit que l’ancienne Gyaros étoit Caloiro ; mais la position des lieux, & le nom même de Joura, qui n’est qu’une corruption de Gyaros, indiquent que Gyaros & Joura sont la même île. (D. J.)

JOURDAIN (le), Géog. anc. aujourd’hui Schéria, riviere de la Palestine ; Ἰαρδάνος dans Pausanias, & Jardanis dans Pline, l. V. c. xv. Cette riviere, dit-il, qui sort de la fontaine Panéas, est très-agréable ; & autant que la situation des lieux voisins le lui permet, elle fait mille détours, comme pour se prêter aux besoins des habitans, & semble ne se rendre qu’à regret dans le lac Asphaltique, (la mer Morte).

Le Jourdain, après avoir tiré sa seule source de Panéas, forme à quelque distance le lac Séméthon, & parcourt (sans pouvoir acquérir cent piés de largeur dans le fort de son cours) environ 50 lieues, jusqu’à son embouchure dans la mer Morte, où il se perd. Ses bords sont couverts de joncs, de roseaux,