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& il en a donné la figure. Celle que Duverney a insérée dans le vol. I. des actes de Petersbourg, est la meilleure de toutes. Ces veines, du tems de Bartholin, ont été tellement confondues avec les vaisseaux lymphatiques, que les uns ont dit qu’elles se jettoient dans le foie, d’autres dans la matrice, d’autres enfin dans différentes parties.

Ces vaisseaux ont des tuniques si minces, qu’ils sont invisibles, excepté lorsqu’ils sont remplis de chyle ou de lymphe. Ils viennent de tous les endroits des intestins grêles, & à mesure qu’ils s’avancent de-là vers les glandes du mesentere, ils s’unissent & forment de plus grosses branches, appellées veines lactées du premier genre. Les orifices par lesquels ces vaisseaux s’ouvrent dans la cavité des intestins, d’où ils reçoivent le chyle, sont si petits qu’il est impossible de les appercevoir avec le meilleur microscope. Il étoit nécessaire qu’ils surpassassent en petitesse les plus petites arteres, afin qu’il n’y entrât rien qui pût arrêter la circulation du sang.

Cette extrémité des veines lactées communique avec les arteres capillaires des intestins, & les veines lactées reçoivent par ce moyen une lymphe qui détrempe le chyle, en facilite le cours, les tiennent nettes elles-mêmes, & aussi les glandes, de peur que le chyle venant à s’y arrêter quand on jeûne, ne les embarrasse & ne les bouche.

Les veines lactées par leur autre extrémité, déchargent le chyle dans les cellules vessiculaires des glandes répandues par tout le mésentere. De ces glandes viennent d’autres veines lactées plus grosses, qui portent le chyle immédiatement dans le reservoir de Pecquet ; & ces dernieres sont appellées veines lactées secondaires.

Les veines lactées ont de distance en distance des valvules qui empêchent le chyle de retourner dans les intestins. Voyez Valvule.

On doute encore si les gros intestins ont des veines lactées ou non. L’impossibilité de disséquer des corps humains comme il faudroit pour une telle recherche, ne permet pas de l’assurer ou de le nier. Les matieres contenues dans les gros intestins ne sont pas propres à fournir beaucoup de chyle ; de sorte que s’ils ont des veines lactées, ils ne sauroient vraissemblablement en avoir que très-peu. Il est constant qu’on les a observées dans plusieurs animaux. Winslow, Bohne, Folius, Warcher, Highmor les ont vues dans l’homme. Santorini, Le psotti, Drelincourt, Brunner, prétendent qu’il n’y en a point dans les gros intestins ; mais, comme l’observe très-judicieusement M. Haller, les conclusions négatives doivent être soutenues par beaucoup d’expériences.

Dans les animaux, si on les ouvre, un tems raisonnable après qu’ils ont pris de la nourriture, comme au bout de deux ou trois heures, on apperçoit les veines lactées blanches & très gonflées ; & si on les blesse, le chyle en sort abondamment. Mais si on les examine lorsque l’estomac de l’animal a été quelque tems vuide, elles paroissent comme des vaisseaux lymphatiques, étant visibles à la vérité, mais pleines d’une liqueur transparente.

Le chyle contenu dans les veines lactées, montre qu’elles communiquent avec la cavité des intestins. Mais on n’a pas encore découvert comment leurs orifices sont disposés pour le recevoir, & on ne connoît aucun moyen d’injecter les veines lactées par la cavité des intestins. Ainsi leur entrée dans ce canal est probablement oblique, puisque ni l’air, ni les liqueurs n’y peuvent pénétrer de-là ; & comme les veines lactées ne reçoivent rien que pendant la vie de l’animal, il y a lieu de croire que c’est le mouvement péristaltique des intestins qui les met en état de recevoir le chyle. Ce qui peut s’exécuter par le moyen des fibres circulaires & longitudinales des intestins,

qui appliquent sans cesse leurs tuniques internes contre ce qu’ils contiennent ; en conséquence de quoi le chyle est séparé de la matiere excrémentitielle, & se trouve forcé d’entrer par les orifices des veines lactées.

LACTÉE, voie, (Astron.) est la même chose que Galaxie ; on l’appelle aussi voie de lait : mais de ces trois dénominations celle de voie lactée est plus en usage, même parmi les Astronomes. Voyez l’article Galaxie.

LACTODORUM, (Géog. anc.) ou plutôt LACTORODUM, ancien lieu de la grande-Bretagne, qui se trouvoit, selon l’Itinéraire d’Antonin, entre Bennavenna & Magiovintum. M. Gale rend Bennavenna par Weedon, & Magiovintum par Dunstale. Il croit que Lactorodum est Stony-streadfort, un gué sur le chemin pavé. Il aime mieux lire Lactorodum que Lactodorum, parce qu’en langue bretone, lech signifie une pierre, & rhyd, un gué. (D. J.)

LACTURCIE, (Littér.) & par d’autres LACTUCINE ou LACTICINIE, déesse des Romains, qui amollissoit les blés en lait, aprés que Flore en avoit pris soin lorsqu’ils étoient en fleurs. Varron donnoit cette charge au dieu Lactans, & selon les PP. Bénédictins au dieu Lacturne. Tous ces mots qui renferment la même idée, faisoient grand plaisir aux poëtes géorgiques, & ne pouvoient qu’annoblir leurs écrits ; nous n’avons plus ces mêmes avantages. (D. J.)

LACUNES, lacunæ, chez les Anatomistes, sont certains conduits excrétoires dans les parties naturelles de la femme. Voyez les Planch. anatomiques & leur explication.

Entre les fibres charnues des ureteres & la membrane du vagin, on trouve un corps blanchâtre & glanduleux, d’environ un doigt d’épais, qui s’étend autour du col de la vessie, & qui a un grand nombre de conduits excrétoires, que de Graaf appelle lacunis ; lesquels se terminent à la partie inférieure de l’orifice de la matrice de chaque côté par un petit trou plus visible que tous les autres qui répondent par deux petits tuyaux à ce corps folliculeux, & y apportent une humeur visqueuse qui se mêle avec la semence du mâle. Voyez Génération, Conception, Semence, &c.

Lacune, (Imprimerie.) ce mot s’entend dans la pratique de l’Imprimerie, d’un vuide ou interruption de discours que l’on imite dans l’impression lorsqu’il s’en trouve dans un manuscrit, que l’on n’a pas jugé à propos ou que l’on n’a pu remplir ; assez ordinairement on représente ce défaut d’un manuscrit, à l’impression, par des lignes de points.

LACYDON, (Géog. anc.) Λακύδον, c’est proprement le nom du port de Marseille. La ville & le port avoient leurs noms particuliers, comme Athenes. (D. J.)

LADA, s. m. (Hist. mod.) du saxon ladian, signifie aussi une purgation canonique ou maniere de se laver d’une accusation, en faisant entendre trois témoins pour sa décharge. Dans les lois du roi Ethelred, il est souvent fait mention de lada simplex, triplex & plena. La premiere étoit apparemment celle où l’accusé se justifioit par son seul serment ; la seconde celle où il produisoit trois témoins, ou comme on les nommoit alors conjuratores, & peut-être étoit-il du nombre. Quant à la troisieme espece, on ignore quel nombre de témoins étoit précisément requis pour remplir la formalité nommée lada plena.

LADAC ou LADNEA, (Géog.) royaume d’Asie dans le grand Thibet, dont il fait partie : il est par les 35d de latitude septentrionale, & a au nord des deserts traversés par le chemin de Cachemire au Tangut. (D. J.

LADANUM, s. m. (Hist. nat. des drog. exot.)