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des bornes ou pierres, & quelquefois par des terres.

Dans les premiers tems de la fondation de Rome, c’étoient les freres Arvales qui connoissoient des limites.

Le tribun Mamilius fut surnommé Limitaneus, parce qu’il avoit fait une loi sur les limites.

Il y avoit chez les Romains, comme parmi nous, des arpenteurs, mensores, que les juges envoyoient sur les lieux pour marquer les limites.

Ce qui concerne les limites & l’action de bornage, est traité dans les titres du digeste & du code finium regundorum, & dans l’histoire de la Jurisprudence rom. de M. Terrasson, part. II. §. 10. p. 168. Voyez Arpentage, Arpenteurs, Bornes, Bornage. (A)

LIMITROPHE, adj. (Géogr.) ce mot se dit des terres, des pays, qui se touchent par leurs limites, qui sont contigus l’un à l’autre ; ainsi la Normandie & la Picardie sont limitrophes. Nous avons reçu ce mot en Géographie, car celui de voisin n’est pas si propre, ni si juste ; & quand il le seroit, nous aurions dû encore adopter celui de limitrophe, pour rendre notre langue plus riche & plus abondante. (D. J.)

LIMMA, s. m. en Musique, est ce qui reste d’un ton majeur après qu’on en a retranché l’apotome, qui est un intervalle plus grand d’un comma que le semi-ton moyen, par conséquent le limma est moindre d’un comma que le semi-ton majeur.

Les Grecs divisoient le ton majeur en plusieurs manieres : de l’une de ces divisions inventée par Pythagore selon les uns, & selon d’autres par Philolaüs, résultoit l’apotome d’un côté, & de l’autre le limma, dont la raison est de 243 à 256. Ce qu’il y a ici de singulier, c’est que Pythagore faisoit du limma un intervalle diatonique qui répondoit à notre semi-ton majeur ; de sorte que, selon lui, l’intervalle du mi au fa étoit moindre que celui du fa à son dièse, ce qui est tout au contraire selon nos calculs harmoniques.

La génération du limma, en commençant par ut, se trouve à la cinquieme quinte si ; car alors la quantité dont ce si est surpassé par l’ut, est précisément ce rapport que nous venons d’établir.

Il faut remarquer que Zarlin, qui s’accorde avec le P. Mersenne sur la division pythagorique du ton majeur en limma & en apotome, en applique les noms tout différemment ; car il appelle limma la partie que le P. Mersene appelle apotome, & apotome celle que le P. Mersenne appelle limma. Voyez Apotome. Voyez aussi Enharmonique. (S)

LIMNADE, s. f. (Mythol.) en latin limnas, gén. ados, nymphe d’étang ; les nymphes, les déesses des étangs furent nommées limnées, limnades, limniades, du mot grec λίμνη, qui signifie un étang, un marais. (D. J.)

LIMNATIDE, (Litt.) Limnatis, surnom de Diane, qui étoit regardée comme la patrone des pêcheurs d’étangs, lesquels par reconnoissance célébroient entr’eux en l’honneur de la déesse, une fête nommée limnatidie. (D. J.)

LIMNÆ, (Géog. anc.) ville de Thrace dans la Chersonnese, auprès de Sestos. 2°. Limnæ étoit encore un lieu du Pélopponnèse, aux confins de la Laconie & de la Messénie, célebre par le temple de Diane, qui en tira son nom de Diane lemnéenne. Les Messéniens violerent les filles qui s’étoient rendues dans ce temple, pour y sacrifier à la déesse. On demanda justice de cette violence, & le refus des Messéniens donna lieu à une guerre cruelle, qui causa la ruine de leur ville. 3°. Enfin, limnæ étoit un quartier d’une tribu de l’Attique, située proche la ville d’Athènes où il y avoit un temple de Bacchus, dans lequel on célébroit une fête en son honneur le 12 du mois Anthestorion ; & on y

faisoit combattre de jeunes gens à la lutte. C’étoit dans ce temple qu’on lisoit un decret des Athéniens, qui obligeoit leur roi, lorsqu’il vouloit se marier, de prendre une femme du pays, & une femme qui n’eût point été mariée auparavant. (D. J.)

LIMNOS, (Géog. anc.) isle de l’Océan britannique, que Ptolomée met sur la côte orientale d’Irlande. Cambden dit, que cette isle est nommée Lymen par les Bretons, Hamsey par les Anglois, & dans la vie de saint David évêque, Limencia insula. (D. J.)

LIMNOSTRACITE, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs, à la petite huître épineuse qui se trouve quelquefois dans le sein de la terre.

LIMODORE, s. m. (Hist. nat. Bot.) Limodorum. genre de plante à fleur polypetale, anomale, ressemblante à la fleur de satirion ; le calice devient un fruit ou une bourse percée de trois ouvertures auxquelles tiennent trois panneaux chargés de semences très-petites. Tournefort, Instit. rei herbar. Voyez Plante.

LIMOGES, (Géog.) ancienne ville de France, capitale du Limousin, avec un évêché suffragant de Bourges. Cette ville a souvent changé de maîtres, depuis qu’elle tomba au pouvoir des Visigoths dans le cinquieme siecle, jusqu’en 1360 qu’elle fut cedée à l’Angleterre par le traité de Bretigny ; mais bientôt après, sous Charles V. les Anglois en perdirent la souveraineté, & n’ont pu s’y rétablir dans les siecles suivans : ainsi Limoges se trouve réunie à la couronne depuis 390 ans.

Les Latins appellent cette ville Ratiastum, vicus Ratiniensis, civitas Ratiaca, Lemorica, Lemovicina urbs. Elle est située en partie sur une colline, & en partie dans un vallon, sur la Vienne, à 20 lieues N. E. de Périgueux, 28 S. E. de Poitiers, 44 N. E. de Bordeaux, 100 S. O. de Paris Longit. 18. 57. lat. 45. 48.

M. d’Aguesseau (Henri François), chancelier de France, mort à Paris en 1751, naquit à Limoges en 1668 : il doit être mis au rang des hommes illustres de notre siecle soit comme savant, soit comme magistrat.

Limoges est aussi la patrie d’Honoré de Sainte-Marie carme déchaussé, connu par ses dissertations historiques sur les ordres militaires, & par ses réflexions sur les regles & les usages de critique, en trois volumes in 4°. : il devoit s’en tenir là, & ne point écrire sur l’amour divin. Il mourut à Lille en 1729, à 78 ans. (D. J.)

LIMON, s. m. (Hist. nat.) limus, lutum. On entend en général par limon, la terre qui a été délayée & entraînée par les eaux, & qu’elles ont ensuite déposée. On voit par-là que le limon ne peut point être regardé comme une terre simple, mais comme un mélange de terres de différentes espéces, mélange qui doit nécessairement varier. En effet, les eaux des rivieres en passant par des terreins différens, doivent entraîner des terres d’une nature toute différente ; ainsi une riviere qui passera dans un canton où la craie domine, se chargera de craie ou de terre calcaire ; si cette même riviere passe ensuite par un terrein de glaise ou d’argille, le limon dont elle se chargera, sera glaiseux. Il paroît cependant qu’il doit y avoir de la différence entre ce limon & la glaise ordinaire, vû que l’eau, en la délayant, a du lui enlever une portion de sa partie visqueuse & tenace ; par conséquent elle aura changé de nature, & elle ne doit plus avoir les mêmes qualités qu’auparavant. Ce qui vient d’être dit du limon des rivieres, peut encore s’appliquer à celui des marais, des lacs, & de la mer même : en effet, les eaux des ruisseaux, des pluies, & des fleuves qui vont s’y rendre, doivent y porter des ter-