Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/50

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nouveaux sujets qu’il attendait de son député et non pas l’âme féroce d’un tyran. Sans doute qu’il suffisait de faire parvenir jusqu’aux oreilles du meilleur des princes la trahison faite à ses justes vues pour être assuré de la justice royale qu’il déploierait contre son infidèle représentant ; mais les avenues du trône son obsédées par les protecteurs et les amis de l’oppresseur. À travers une garde si forte, comment percer et se faire jour pour un simple particulier ? La voix de la justice violée et les cris de l’innocence opprimée sont bien faibles dans sa bouche : ils expirent avant d’atteindre la mi-chemin du trône : hélas ! depuis sept mois qu’ils s’expliquent dans cette capitale sur le ton le plus lamentable, qu’ont-ils produit ? D’abord un silence de mépris, désespérant, et depuis un langage qui, dans sa variation et ses lenteurs, semble n’annoncer que le triomphe de l’oppresseur et l’aggravation ultérieure de l’opprimé et de toute la province de Québec qui gémit toute entière de son oppression : dans ces extrémités, qui peut être plus propre à prendre la défense de cette justice et cette innocence agonisantes et presque aux abois, à donner du corps et de la force à leurs instances, à la conduire comme par la main aux pieds du souverain, pour y plaider elles-mêmes leur cause, que l’héritier présomptif du souverain même ? Qui est plus au fait des sentiments paternels et plus intéressé à la gloire du règne d’un illustre père, que la personne de son illustre fils ?