Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/352

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Paris a le droit d’être fier de son fleuve ; nulle autre capitale, pas même Londres, n’offre un tel cours d’eau si bien aménagé, si dompté, si précieux. Bordé par des quais magnifiques, traversé par des ponts gratuits et monumentaux, pourvu de faciles abordages, sillonné sans cesse par des bateaux nombreux, occupé par des établissements dont l’utilité n’est point contestable, il mêle intimement son existence à la nôtre et nous rend chaque jour d’inappréciables services. Si Paris est sorti de la Seine, il ne l’a point oublié et ne s’est pas montré ingrat, car il l’a ornée et embellie de son mieux. Il a rejeté loin d’elle les égouts qui l’embourbaient ; il l’a contenue dans un lit assez profond pour que toute inondation lui soit désormais impossible. Source de bien-être et de prospérité, la Seine est un des organes constitutifs de la vie même de Paris ; cependant, à en croire les vieux historiens, elle serait bien déchue de son antique splendeur, car elle a perdu le singulier privilège qu’elle avait jadis de se changer en vin lorsqu’un évêque la bénissait, ainsi que cela se voyait au temps du bon saint Marcel.

Appendice.Pendant l’hiver 1872-1873, la Seine est sortie de son lit ; Auteuil a souffert ; le port de Bercy est resté sous l’eau pendant quinze jours ; l’étiage du pont Royal a dépassé 5 mètres. Durant le mois de décembre, l’eau y a atteint son maximum à la date du 18, par 6m,85. Les ponts Saint-Germain, commencés en 1874, doivent être livrés à la circulation le 1er octobre 1875 ; ils traversent la Seine en biais, affleurent la pointe est de l’île Saint-Louis, et établiront une communication entre le boulevard Saint-Germain et le boulevard Henri IV, dont l’amorce tombe au quai des Célestins.

En 1873, 1 415 trains de bois et environ 1 500 bateaux ont déchargé 497 098 000 kilogrammes de bois sur nos ports urbains ; 144 389 000 kilogrammes de bois à brûler sont venus par l’Yonne, et 46 735 000 kilogrammes de bois à œuvrer par la Marne. Paris a reçu, pendant la même année, par la voix fluviale : charbon de