ne vendait que du cresson de fontaine, dont la production était forcément très-restreinte. En 1810, un ancien officier d’administration qui avait fait les campagnes d’Allemagne et qu’on nommait M. Cardon, imagina d’établir, à Saint-Léonard, dans la vallée de la Nonette, entre Senlis et Chantilly, des cressonnières factices semblables à celles qu’il avait remarquées à Dresde et à Erfurt. Ce cresson expédié à Paris se vendit bien et immédiatement. Un facteur aux légumes intelligent, comprenant de quel intérêt une telle nourriture, saine, fortifiante, peu coûteuse, serait pour les pauvres gens de Paris, stimula de toutes ses forces le zèle des producteurs, auxquels il promit des bénéfices qui ne leur ont point manqué.
Les rives de la Nonette, de cette petite rivière que les poëtes domestiques de la maison de Condé chantaient autrefois à l’envi, sont devenues des cressonnières fertiles ; Buc, Saint-Gratien, Gonesse, ont suivi l’exemple donné par le département de l’Oise, et aujourd’hui les Halles reçoivent le cresson en assez grande quantité pour qu’il s’en soit vendu 10 887 912 bottes pendant l’année 1868. On l’expédie d’une façon ingénieuse, dans de grands paniers montés sur traverses ; le cresson parfaitement bottelé est disposé le long des parois intérieures, présentant sa feuille de tous côtés ; le panier est donc tapissé et non rempli. Aussi lorsque la vente commence, les acheteuses laissent glisser dans ces larges mannes leur lanterne retenue par une ficelle ; de cette façon elles peuvent examiner le lot tout entier et reconnaitre si les 25 ou 50 douzaines de bottes qui le composent sont de bonne ou de médiocre qualité. Dès que la criée
exiger une obole pour une botte de cresson que vendait une femme, fut tué par les gens des halles. Le peuple s’arma et se mit en révolte ouverte. Ce fut là l’origine de cette insurrection si durement châtiée par Charles VI après la victoire de Roosebeke et que l’on a appelée la guerre des Maillotins. Voir Le religieux de Saint-Denys, livre III.