une conséquence qu’on n’avait guère prévue : loin de déprécier le papier, elle en fit reconnaître la valeur ; elle en popularisa l’usage, et il n’est aujourd’hui si pauvre hameau qui ne l’accepte comme argent comptant. Il n’en était pas de même autrefois, et je me souviens qu’en 1847 il me fut impossible de changer un billet de banque à Vichy, qui cependant était déjà une ville d’eau très-fréquentée. À cette heure, non-seulement toutes les coupures de la Banque ont cours en France, mais elles équivalent à l’or en Allemagne et en Italie. Jamais peut-être, depuis que des banques ont émis des titres au porteur, nul billet n’a obtenu et mérité une telle confiance. Le cours légal ne se prolongea pas longtemps ; il cessa normalement le 6 août 1850, par la promulgation d’une loi dont l’initiative appartenait à la Banque elle-même.
Le gouvernement provisoire avait aussi pris une excellente disposition par les décrets du 27 avril et du 2 mai, qui réunissaient à la Banque de France les banques précédemment créées à Rouen, à Lyon, au Havre, à Lille, Toulouse, Orléans, Marseille, Nantes et Bordeaux ; toutes ces banques partielles étaient indépendantes de la banque centrale ; elles avaient leurs statuts et leur capital, ne considéraient que l’intérêt local, émettaient des billets qui, par suite du vieil esprit provincial et girondin dont la France a tant de peine à se guérir, ne devaient et ne pouvaient être payés qu’au comptoir même d’où ils étaient sortis. C’était en limiter la circulation au point de la rendre illusoire ; un billet de la banque de Lyon, ne pouvant être remboursé qu’à Lyon, constituait un instrument d’échange si restreint qu’il devenait inutile. La Banque, prenant à son compte les actions de ces établissements, a fusionné avec ceux-ci et les a remplacés par l’organisation bien plus rationnelle des succursales, qui sont aujourd’hui au nombre de 62. On ne tardera point, d’après l’esprit de la loi de