demanda la construction d’une maison destinée à recevoir les prévenues, les détenues au-dessous de seize ans et les jeunes filles mineures enfermées par voie de correction paternelle. Elle s’adressa naturellement à celui qui tient les cordons de la bourse, au conseil municipal. Il répondit qu’il n’avait point d’argent. Elle renouvela ses instances en 1843, 1849, 1851 ; elle démontra, et cela n’était point difficile, le danger de la situation faite aux détenues et à l’administration, car c’est celle-ci que l’on accuse d’abord et sans chercher à se rendre compte des obstacles qui paralysent ses efforts ; même réponse, point d’argent. Le 22 juin 1867, une loi supprime la contrainte par corps et va rendre libre la maison de détention pour dettes. Vite, il faut profiter de cette circonstance favorable et placer enfin convenablement des enfants qu’il s’agit d’arracher à la corruption et à la gangrène morale qui s’attachent à elles dans cette maison pestiférée de Saint-Lazare. Le préfet de la Seine, consulté, répond qu’il va faire mettre en vente les matériaux composant la prison de la rue de Clichy. On insiste avec toute sorte de bonnes raisons ; en 1868, la lutte continue ; au mois de février 1869, elle reprend de plus belle. La question en est là ; depuis vingt ans, elle n’a pas fait un pas.
On démolira l’ancienne prison pour dettes, on en vendra les matériaux et les terrains, on ne construira pas de maison de correction paternelle pour les jeunes filles, et il n’en sera que cela[1]. Hélas ! tant de magnifiques casernes, tant d’églises splendides qui donnent satisfaction aux vanités de la morale extérieure, et pas une maison de refuge où des enfants, qu’une heure d’oubli
- ↑ Le 20 juillet 1869, les terrains de l’ancienne prison pour dettes ont été mis en vente au prix de 1 500 000 francs, et n’ont point trouvé d’acquéreur. — Ces terrains, d’une contenance de 7 806 mètres, ont été vendus le 22 août 1874, pour la somme de 800 000 francs.