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LE MONT-DE-PIÉTÉ.


république, une loi des 3 mars, 12 avril et 24 juin 1851 reproduit les dispositions des lettres de Louis XVI et des décrets de Napoléon, et au titre Ier apporte des améliorations constitutives qui sont annulées par le titre II, en ce qui touche le Mont-de-Piété de Paris.

Là pourrait s’arrêter l’histoire de ce grand établissement d’utilité générale, s’il n’avait reçu le contre-coup des événements dont nous avons été assaillis et s’il n’avait été sur le point de périr de mort violente pendant la Commune. Au moment où la marche des armées allemandes sur Paris ne put faire doute pour personne, le Mont-de-Piété, qui est responsable des nantissements qu’il accepte, et dont l’ordre, la probité, la vieille réputation, offrent au public d’indiscutables garanties, se vit assiégé par une foule de gens qui, sans être pauvres ni nécessiteux, voulaient mettre leurs bijoux, leur argenterie, leurs objets précieux à l’abri moyennant un droit de garde de 9 ½ pour 100 sur la valeur prêtée. C’était bien raisonné ; mais les magasins furent encombrés au delà de toute mesure, et les employés eurent un surcroît de travail auquel ils ne purent suffire qu’à force d’activité et de dévouement.

Ces apports excessifs cessèrent au moment où l’investissement fut complet, et le Mont-de-Piété rentra dans son calme habituel ; mais seul, sans grand argent dans sa caisse, ayant à pourvoir à des besoins que la guerre, le chômage, les maladies quintuplées, le froid, la misère générale et la faim rendaient de plus en plus impérieux, il se trouvait dans une situation qui n’était pas exempte de trouble. On voyait arriver l’instant où les demandes d’emprunt dépasseraient les ressources mises en réserve pour le prêt, ressources que la suspension forcée des ventes avait encore amoindries. On estimait les objets offerts en nantissement bien au-dessous de l’évaluation à laquelle ceux-ci avaient droit, afin de