Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/24

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hérence des projets mis en avant ; on paraissait d’accord pour supprimer radicalement ce que la Commune appelait « une officine d’usure » ; mais, quand il s’agissait de formuler les moyens pratiques, on se disputait beaucoup et l’on ne concluait à rien. Gagner du temps, c’était tout alors ; ceux qui ont vécu à Paris pendant ces deux sinistres mois se rappellent avec quelle anxiété on regardait du côté de Versailles et avec quelle naïveté on croyait toucher à l’heure de la délivrance. Tout à coup on put lire dans le Journal officiel de la république française, à la date du 1er mai 1871, un « rapport de la commission du travail et de l’échange sur la liquidation des Monts-de-Piété ». C’était le glas funèbre qui sonnait, car un décret conforme était annexé à l’exposé des motifs, qui ne ménageait ni les seigneurs, ni les rois, ni les prêtres[1].

Il fallut discuter alors avec ces hommes prévenus, leur prouver qu’en compromettant le gage du pauvre dans une opération aussi périlleuse qu’une liquidation faite en des temps pareils, ils allaient directement à l’inverse de leur but. Si l’on réussit à éviter cette ruine, on le doit peut-être à un pauvre garçon maladivement vaniteux, qui avait cherché dans la politique à outrance le moyen d’utiliser des talents qu’il croyait méconnus. Celui-là fut plus à plaindre peut-être que coupable ; un sentiment de respect humain exagéré l’empêcha de sortir d’une voie où il s’était imprudemment engagé et dont il n’ignorait pas l’issue ; il réagit selon ses forces dans les moments de crise les plus aigus, et il sut mourir courageusement pour une cause qui n’était pas la sienne, qu’il avait subie plutôt qu’il ne l’avait acceptée ; — je parle de Vermorel.

En attendant qu’on pût procéder à cette liquidation

  1. Voir Pièces justificatives, 2.