Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/262

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taines conduites importantes, afin qu’il soit possible, en cas de sinistre, d’y adapter des pompes à vapeur.

L’eau que Paris possède aujourd’hui n’est pas exclusivement employée au service des particuliers : on peut dire qu’il y a l’eau publique et l’eau privée ; mais l’une et l’autre ne coulent que dans l’intérêt de la population. Il faut non-seulement alimenter les besoins domestiques, mais il faut satisfaire, dans de larges proportions, aux exigences de la voirie d’où résulte la salubrité même de la cité. Il est bon aussi que les villes aient des fontaines monumentales qui jettent la fraîcheur autour d’elles et plaisent aux yeux. Sous ce triple rapport, Paris n’est plus comparable à ce qu’il était jadis, et les efforts accomplis ne sont point restés stériles.

Sur nos places, dans nos carrefours, au milieu de nos squares, dans tous les lieux de promenade, on a élevé des fontaines monumentales. Il en existe soixante et une aujourd’hui, qui ne sont point irréprochables ; l’architecture semble ne s’être jamais occupée de créer des fontaines ; si l’eau n’y coulait pas, ce ne serait le plus souvent qu’un édifice d’apparat orné de sculptures plus ou moins agréables, mais dont la destination ne se manifeste pas par l’agencement des lignes et la forme extérieure. Que ce soit un charmant profil antique comme la fontaine Gaillon, une médiocre copie en bronze d’un personnage de Raphaël comme la fontaine Saint-Michel, trois élégantes statues comme la fontaine de Grenelle, un Osiris porte-cruche comme la fontaine de la rue de Sèvres, que ce soit un immense plat monté comme l’ancienne fontaine du Château-d’Eau qui est actuellement au marché aux bestiaux de la Villette, — ce ne sont que des œuvres de hasard sans caractère spécial, et que laissent bien loin derrière elles les admirables fontaines que construisit la Rome de la pa-