Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce genre d’opérations est secret, je n’ai naturellement pas pu en savoir le nombre, mais on ne s’éloignera pas beaucoup de la vérité en estimant que, sur un total moyen de 1 200 000 engagements, ceux dont nous venons de parler comptent à peine pour 4 000.

Le Mont-de-Piété est responsable de tous les objets qu’il accepte ; ils ne lui appartiennent pas, puisqu’il doit les rendre en échange de la somme prêtée ; de plus ils sont pour lui le gage de ses avances. On comprend dès lors qu’il les garde avec un soin particulier et s’efforce de les conserver intacts, afin de n’en pas diminuer la valeur. Les magasins sont donc l’objet d’une surveillance spéciale, et l’entrée n’en est permise qu’aux employés indispensables. Ils sont disposés de manière à correspondre aux bureaux d’engagements, et, comme ceux-ci, sont séparés en deux divisions : la première pour les bijoux, la seconde pour les paquets.

La première division est située au premier étage, où elle s’étend sur trois côtés ; une grande salle précède les magasins proprement dits. C’est là qu’on apporte les boîtes scellées et munies du bulletin indicateur, qui est immédiatement transcrit sur un registre dont la couverture varie de couleur selon les années. En effet, pour simplifier les recherches et établir une sorte de classement préalable visible au premier coup d’œil, le Mont-de-Piété a choisi quatre couleurs qui se succèdent alternativement : le blanc, le rose, le jaune et le vert. L’année 1871 était vouée au jaune ; les bulletins, les reconnaissances, les registres, tout, jusqu’à la couverture du rendu compte administratif, était jaune. Lorsque l’inscription de l’article engagé a été faite, celui-ci est pris par un garçon de magasin qui pénètre dans le capharnaüm le plus étrange, le plus rempli, le plus méthodiquement rangé que l’on puisse voir. C’est une série de ruelles parallèles les unes aux autres et séparées par