le long des casiers, rangent les gages apportés, cherchent les gages réclamés, en faisant leur besogne avec la régularité automatique d’une machine de précision. — On ne voit que des boîtes, des boîtes, et encore des boites ; ce qu’elles contiennent, on le devine : des bijoux, des alliances, des pièces de mariage et surtout des montres, qui chaque jour arrivent au Mont-de-Piété au nombre de 1 000 à 1 200 ; — au bout de l’année, on ne doit pas être loin des quarante tonnes dont parlait Mercier. C’est aussi à la première division qu’on emmagasine les objets susceptibles d’être détériorés par des transports à travers les escaliers : pendules, baromètres, thermomètres, cadres, miroirs, affreuses figurines qu’on appelle des bronzes d’art, garnitures de cheminée. Il y a de tout dans ce pandémonium ; si j’avais bien cherché, j’aurais trouvé sans doute le menton d’argent qu’un invalide, peu soucieux de sa beauté plastique, vient mettre « au clou » de temps en temps.
Les magasins qui renferment les objets divers sont superposés dans trois étages ; là sont les paquets, fort encombrants et exigeant un emplacement considérable ; on a tiré parti de tous les recoins, on s’est adjoint une maison voisine, on a percé les gros murs, et, tant bien que mal, on communique par des escaliers biscornus. Cela sent l’eau de javelle, odeur gardée par le linge, qui entre pour deux tiers dans la composition de ces nantissements uniformément revêtus d’une serviette ou d’un mouchoir, sorte de linceul dont ces épaves sont enveloppées et sur lequel le bulletin est attaché. Il y a là des caisses, des malles, des tas de livres rassemblés dans du gros papier d’emballage, des parapluies appendus aux murailles, des boîtes à violon, des étuis d’où s’échappent la gueule de cuivre des ophicléides. Au dernier étage, sous les combles, dans des chambres construites en brisis et éclairées par des fenêtres à ta-