verre de vin blanc : expression singulière et dont l’origine remonte au règne de François Ier.
Au mois de juillet 1519, la femme d’un sieur La Vernade, maître des requêtes, trépassa subitement. On fit l’autopsie et l’on reconnut que la mort avait été causée par un ver qui lui avait percé le cœur. On appliqua sur le ver un morceau de pain trempé dans du vin et immédiatement il mourut. « Par quoy il s’ensuyt qu’il est expédient de prendre du pain et du vin au matin, au moins en temps dangereux, de peur de prendre le ver[1] » Les fables ont la vie dure dans notre pays, et celle-ci a enrichi plus d’un cabaretier.
En dehors des ouvriers que le chômage volontaire éloigne du travail, on peut dire qu’à Paris, tous les jours, 200 000 individus se lèvent, — quand ils se sont couchés, — fermement résolus à ne rien faire et ne sachant comment ils vivront. Ils vivent cependant, et c’est le miracle ; on sait que les postes de police leur offrent souvent un abri et que « le dépôt » leur donne parfois à manger ; mais nos sergents de ville ne sont pas assez nombreux pour arrêter, nos prisons ne sont pas assez amples pour contenir ces bataillons de la fainéantise, de la bohème, du vagabondage, qui errent en cherchant aventure et trouvent presque toujours à dîner d’un larcin après avoir déjeuné d’une aumône. Ceux-là nous avons eu occasion d’en parler[2] ; ce sont les scories de la civilisation ; en proie à une incurable paresse, flottant entre le crime et la mendicité, ils traînent sur le pavé de Paris, à moins qu’ils ne soient, selon leur sexe, à la maison de répression de Saint-Denis, au dépôt de Villers-Cotterets, à Saint-Lazare et même à Mazas. Beaucoup de ces êtres, moralement maladifs, appartiennent à la po-
- ↑ Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier, p. 81.
- ↑ Voir chap. xii, Les malfaiteurs ; chap. xvii, La prostitution, t. III ; chap. xviii, La mendicité ; chap xix, L’Assistance publique, t. IV.