Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/334

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la royauté à Saint-Germain, puis à Versailles, où elle resta jusqu’aux journées d’octobre 1789. Brunswick, dans son manifeste, ne ménage pas Paris ; il lui promet une destruction complète[1]. C’était un ennemi qui parlait ainsi, mais l’Assemblée siégeant aux Tuileries devait entendre de pareilles menaces. Lorsque, sur la proposition de la Gironde, la Convention nomma la Commission des douze, qui était chargée d’examiner les actes de la Commune (mai 1793), celle-ci se rendit en corps à l’Assemblée pour protester. Isnard présidait et il répondit à la députation : « Écoutez ce que je vais vous dire : si jamais, par une insurrection, il arrivait que l’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare au nom de la France entière, Paris serait anéanti ; oui, la France entière tirerait vengeance de cet attentat, et bientôt on chercherait sur quelle rive de la Seine Paris a existé. » Buzot demanda que la Convention fût transférée à Versailles. La Commune fut très-effrayée ; Chaumette pérora ; il était fort troublé : plus de grands mots ; sa rhétorique boursouflée fait place à quelques phrases très-simples qui ne sentent guère le Spartiate : « Autrefois nous avions la cour, les grands ; aujourd’hui nous n’avons plus personne ; si la Convention quitte Paris, nous sommes perdus ; si la Convention va à Versailles, Paris ira aussi ! » Au 21 mai 1795, lorsque le peuple apporte une pétition qui demande la constitution de 1793 et « la fin des disputes », Siéyes fait rendre une loi de police : « Qui viole l’Assemblée est déporté ; qui insulte un représentant est mis à mort ; en cas de troubles, on siégera à Châlons. »

Napoléon lui-même ne fut point exempt de ces colères ; l’esprit frondeur de ce qu’il nommait « les salons »

  1. « En livrant Paris à une exécution militaire et à une subversion totale et les révoltés coupables d’attentat aux supplices qu’ils auront mérités. »