d’entre eux ne reproduisent que des sociétés d’un type très inférieur, la structure segmentaire restera très prononcée et, par suite, l’organisation sociale peu élevée. Un agrégat même immense de clans est au-dessous de la plus petite société organisée, puisque celle-ci a déjà parcouru des stades de l’évolution en deçà desquels il est resté. De même, si le chiffre des unités sociales a de l’influence sur la division du travail, ce n’est pas par soi-même et nécessairement, mais c’est que le nombre des relations sociales augmente généralement avec celui des individus. Or, pour que ce résultat soit atteint, ce n’est pas assez que la société compte beaucoup de sujets, mais il faut encore qu’ils soient assez intimement en contact pour pouvoir agir et réagir les uns sur les autres. Si, au contraire, ils sont séparés par des milieux opaques, ils ne peuvent nouer de rapports que rarement et malaisément et tout se passe comme s’ils étaient en petit nombre. Le croît du volume social n’accélère donc pas toujours les progrès de la division du travail, mais seulement quand la masse se contracte en même temps et dans la même mesure. Par suite, ce n’est, si l’on veut, qu’un facteur additionnel ; mais, quand il se joint au premier, il en amplifie les effets par une action qui lui est propre et, par conséquent, demande à en être distingué.
Nous pouvons donc formuler la proposition suivante : La division du travail varie en raison directe du volume et de la densité des sociétés, et, si elle progresse d’une manière continue au cours du développement social, c’est que les sociétés deviennent régulièrement plus denses et très généralement plus volumineuses.
En tout temps, il est vrai, on a bien compris qu’il y avait une relation entre ces deux ordres de faits ; car, pour que les fonctions se spécialisent davantage, il faut qu’il y ait plus de coopérateurs et qu’ils soient assez rapprochés pour pouvoir coopérer. Mais, d’ordinaire, on ne voit guère dans cet état des sociétés que le moyen par lequel la division du travail se développe, et non la cause de ce développement. On fait dépendre ce dernier