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paix, tranquillité ; cfr. P., p. 208, not. 2 ; — dans le Mecklembourg, en Lusace, en Moravie, en Bohême, en Prusse, etc.), Frieslande (pays des Frisii ou Frisons[1] ; on a vu dans ce nom le bas all. fresen, trembler [cfr. le franç. frisson ; frieren, frissonner, trembler de froid] et il ferait allusion à la nature du sol qui est marécageux, peu solide, instable), Gottland (Gotland, Gothland = bonne terre, gut ; terre de Dieu, Gott ; pays des Goths ; — ou du celt. coet, bois, pays boisé ; voy. sur les Goths l’Appendice relatif aux Celtes), Groenland (all. Grünland, grünes Land, terre verte : grün, dan. grôn, angl. green, vert ; — ainsi nommée à cause de la « verdure » des pâturages et des arbres qu’on y trouva lorsqu’on la découvrit (quod gramen ibi reperiatur) ou de la mousse qu’on voyait sur le rivage)[2] ;

  1. Mais il est probable que les Frisons portaient leur nom avant leur arrivée dans un terrain mouvant. L’orthographe Frigiones a donné lieu à l’étymologie qui a en vue le froid (lat. frigus) de leur pays d’origine. D’autres savants ont rapproché ce nom de celui des Phrygiens. Il offre, d’ailleurs, le même radical que le nom des Fr-anci (= freie Encke, libres garçons ; cfr. Enkel, petit-fils ; — ou plutôt fils de Freya ou du Soleil). Enfin, la Frieslande serait le pays des forts, des géants (virorum fortium regio ; — fries est fortis ; v. h. all. vriso, géant).
  2. Il est vrai que Nordenskiold (F., p. 44) n’a pas trouvé dans l’intérieur de cette contrée les oasis de verdure que les géographes y supposaient. Mais en 1884, le lieutenant Greely, de la marine des États-Unis, a fait connaître le résultat de ses explorations. Il s’est élevé, par le nord du Groenland, jusque vers le 84° de latitude, à six degrés seulement du pôle, et il a pu vérifier de visu la théorie qui place dans ces latitudes extrêmes une zone relativement tempérée. Il a traversé à pied, au mois d’août 1882 ou 1883, une contrée ondulée où il n’y avait pas un atome de neige et où la terre était couverte d’herbe et même de petits buissons. Des troncs, gisant là où ils étaient tombés, témoignaient de la présence encore récente d’une végétation arborescente. Les renards, les ours blancs