Page:Fabre d’Envieu - Noms locaux tudesques, deutsche Ortsnamen, 1885.djvu/20

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ils ignorer les noms des villes, des rivières, des vallées, des hauteurs qui se trouvent dans le cercle de leurs opérations ? Ne doivent-ils pas savoir les noms des voies de communication que suivent les colonnes de l’armée ennemie ? Sans la connaissance des noms, comment un général pourrait-il désigner les localités où doivent s’établir les quartiers-généraux des diverses divisions ? Comment pourrait-il ordonner la défense de la ligne A, la poursuite de l’ennemi dans la direction de B ? Comment pourrait-il donner des ordres pour débusquer les adversaires des positions qu’ils occupent à X, Y ou Z, ou pour exécuter un mouvement tournant par C, D, E ? S’ils ignoraient le nom des localités où se passe l’action, comment les officiers pourraient-ils faire savoir à leur général en chef que l’ennemi qui occupait F, bat en retraite vers G, passe la rivière H et s’établit sur les coteaux de K ; ou bien encore, que la brigade L se déploie dans les bois de M, situés entre N et O ; que les batteries P et Q s’établissent à l’entrée du village de R ; que la batterie S arrive au ruisseau T, et que, ensuite, elle pique sur le nord par U et V, etc. ? Evidemment, toutes ces localités doivent être indiquées par les noms qu’elles portent.

Aussi ne peut-on que sourire en voyant certains géographes s’imaginer qu’on apprendra désormais la géographie « en bannissant les sèches nomenclatures d’autrefois. » Un géographe ne saurait faire fi de la nomenclature géographique. Vouloir apprendre la géographie en dispensant les élèves d’apprendre les noms de lieux, serait aussi pratique que de vouloir