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Rossfeld, Elspe pour Elsenfeld (Else, aune), etc. Quelques-uns de ces mots, par exemple, Aspeloh (bois de trembles), se rattacheraient plutôt à Espe (tremble). Dans la plupart des cas, les deux significations peuvent être fondées.

Driesch et flamand dries, terre en friche ; pacage communal (du v. h. all. drisk, ternus ou trinus : drei, trois). Le mot tudesque signifiait, comme le mot roman et wallon trie ou trieux, terre en friche, terre à pâturage. Étymologiquement, ce mot signifiait l’espace de trois ans pendant lequel on comprenait deux ans de repos et un an de rapport : Driesberg, Driesen. Cfr. dans les Vosges : Trèches (en patois vosgien, terrains incultes, peu fertiles), le Grand Triche, etc.

Pflug, charrue : Pflugfelden.

Noms qui ont trait au défaut de culture. — Wüst, inculte, désert ; dévasté, en friche (angl. waste, dévasté ; wasteland, terre inculte (v. h. all. wuostinna, [lieu désert] ; lat. vastatus, vastare, franç. dé-vast-é, gâté, jad. gasté). Le mot celtique gwast et le mot tudesque wuosti, dévasté, désert, solitaire (vastjan, ravager), ont désigné des terres dévastées, des déserts ; puis, des terres labourables qui n’étaient pas ensemencées, qui restaient en friche, et qui rappelaient ainsi le triste état de lieux abandonnés[1] ; enfin des localités défrichées en arrachant les arbres, prirent le nom de vastinium (dévasté, dépouillé) ou de gastine (= essart). Le savant de Reiffenberg a constaté, à propos de la Belgique, un fait qui peut être appliqué dans d’autres contrées. « Le mot woestinen, dit-il, désigne des lieux qui primitivement n’étaient que des landes et des bruyères, et qui ont été rendus productifs, le plus souvent, par des abbayes de Bénédictins et d’autres ordres religieux : » Wastine, Wastines, Wattines (Wastinæ) ; Wattignies (dép. du Nord), le Wast (Pas-de

  1. Ce mot a conservé quelquefois le sens de « lande, » parce que certaines localités n’offrent souvent qu’un terrain peu fertile.