Page:Fabre d’Envieu - Noms locaux tudesques, deutsche Ortsnamen, 1885.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 6 —

voces corrumpit, dum Finem terræ vocat Finsterstern, Finem Montium Finstermüntz, Montem Concordiæ Kochersperg[1]. Finsterstern a l’avantage de présenter des radicaux allemands (Finster, ténébreux, opaque ; sombre, sinistre ; Stern, étoile). Finstermüntz, dont le nom a paru provenir de Venustæ Montes, rappelle le mot Münze (menthe ; — monnaie). Quant au nom de Kochersperg (perg = Berg), le peuple a pu y voir les mots Koch (cuisinier) ou Köcher (carquois ; h. all. Kocher). Mais il est plus probable que nous avons là le nom celtique de la Kocher (irl. cochen, rivière). Emsenberg, dont le nom est dû à l’Ems, qui y prend sa source, devint Enzenberg (mont du géant, comme Riesenberg ; enz, en bavarois, géant, grand) puis le mot enz étant devenu inintelligible, le nom de cette localité, située non loin de Schmalkalden, se transforma en Inselberg (mont de l’île : Insel ; lat. insula). Almona ou Alcmona (composé celtique) est devenu Altmühl (alt, vieux ; Mühle, moulin). Saarlohe (Loh, bois) remplace Saarlouis ; Philomelenlust (jouissance des rossignols : Philomele, poét. rossignol ; Lust, plaisir, jouissance), bocage près de Braunschweig, est devenu Vielmanlust (viel, beaucoup ; Mann, homme), et Beau-regard, nom d’un Français établi dans la Marche (de Brandebourg), a donné le mot bas all. Bürengarn (= Bauerngarten : Bauer, cultivateur, paysan, Garten, jardin)[2].

  1. Epist. ad Matthiam Erbum.
  2. D’un autre Beau-regard, les Belges ont fait Bearewart (Bierwart, où l’on peut supposer une échauguette, un donjon [Warte ; cfr. Wart, guet] où l’on boit de la bière : Bier). Gramaye suppose que Biervliet (v. de Hollande) a été fondée par des brasseurs saxons. Il pensait sans doute que ce nom ne pouvait indiquer qu’une Bierbrauerei (brasserie) ou un Bierhaus, (brasserie ; cabaret). Mais cette localité doit son nom à la Bevere (voy. baver = couler, P., p. 276), petite rivière qui l’arrose. Le mot holl. vliet (= Fliess, courant d’eau, ruisseau) n’est qu’une traduction du nom celtique.