Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/209

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LA PESTB DE GENÈVE. 494 Geneve et de la vie de Castellion n’avait été dans la suite étrangement dénaturce. Douze ans après la mort de Castellion, parut pour la pre- mière fois un récit tout nouveau des événements de 4543. C’était Théodore de Beze qui l’introduisait dans le 1·ema- ` niemcnt de sa Vie de Calvin. Il n’en avait parlé ni dans sa premiere rédaction latine de 4564, ni dans l’édition fran- ·aise de 4565 où Jarlant de Castellion il veut « _u’un chas- 7 7 cun entende quel homme ou plutot quel monstre il estoit » ni, ce qui est plus 1`()I11î]I'(IlIt1l)lC encore, dans aucun des divers écrits où — nous ne le verrons que trop — il n’avait pas négligé un seul. des griefs vrais ou faux, légers ou graves qu’il fût possible de relever contre Castellion '. L’edi- tion de 4575 est la premiere où il raconte qu’en présence du péril la plupart des pasteurs ayant reculé, trois s’otI`rirent : Calvin, Castellion et Pierre Blanchet; il ajoute qu’ils tirerent, au sort qui des trois irait a l’hopital, que le sort tomba sur Castellion, qui refusa impudemment de tenir sa promesse. C3.lVlI1 £ty8.l'1l. été, malgré SCS IHSHIHCGS, ®XC·lll (ill SOl`l. I)&l‘ ordre du magistrat, Blanchet se dévona ’. Il est juste de dire que Théodore de Beze, ne sachant rien par lui—mème de ce qui s’était passé a Geneve en 4543, a pu très sincerement accepter cette ve1·sion sans controle et croire même qu’il la tenait de bonne source. En eII`et elle avait été consignée “ dans un grand ouvrage manuscrit rédi é )a1· Michel Rosct sous le 110n1 dc Chv·0m`r aes de 1 Geneve. Michel Roset était depuis 4556 membre du Conseil, il` avait rédigé ces C/ironiques pour les lui offrir, et le Conseil en avait recu l’honnnage le 2 juin 4562. Le témoignage de 4. Il n`en est pas même question dans la satire du Pape malade. 2. « later quos partitione factn, quuin Castellio, cui sors obtigerat, mutata nihilominus sententia, subire hoc onus impudenter detrectaret. Cnlvlnum invitum senatas ipseque axlco Blanehetus, hoc onus in se recipicns, amplius sortiri prohibaerunt. ·> (Opp. Calv., XXI, 434,) 3. En voici le texte : « Or, y avoit ordonnance en la ville que les pestiferez se rloussent retirer hors la cité en l‘hospitaI de Plainpalais, pour éviter contagion. Et pour les consoler en leur extrémité, le Conseil avise ¢l'y envoyer un des ministres, selon qu'ils cstoyent tenus de servir aussi en temps de peste. Quelqu'nns d‘enti·'eux en faisoient refus, ne sc sentans russes forts. Calvin et Castalio s`y oifroyent. Ainsi estans mis en election avec un nommé ministre Pierre Blanchet troisieme, le nom de Dieu invoqué, le sort tumbu sur Castalie. lequel lors fut refusant. Le Conseil empescha que Calvin n’y allast pour les services ordinaires qu’iI faisait tant à I‘EgIise que a Ia Republique. Et ainsi y demeura ledit Blanchet, lequel depuis y fut empoysonnc ety mourut. » Chroniques de Genève, par Michel Reset, manuscrit conserve aux Archives de Geneve, n° 436 (liv. IV, chap. LX).