Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/68

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50 semsrieu CASTELLION· I Quel était, au vrai, l’etat des esprits dans cette classe des lettrés alors si nombreuse et si brillante ai Lyon? Que pen- saient-ils, que croyaient-ils, que voulaient—ils en matiere reli- gieuse? Pour nous éloigner le moins possible de notre sujet, nous ' n’avons voulu chercher la réponse que dans les écrits et dans la vie des hommes qui, touchant de tout pres ài not1·e héros, nous fournissent a son sujet des inductions légitimes. Nous avons particulierement fouillé ces recueils de poésies latines sortis des presses de Sébastien Gryphe avant IMO; on a déja vu plus haut le genre spécial d’intérèt qu’ils peu- vent offrir précisément par leur caractere privé, sincère, sinon profond, par la richesse des notes. et des préfaces et, pourquoi ne pas le dire? par leur médiocrité même : moins il y a d’originalité personnelle, plus on a de chances de saisir ,l’0pinion 1·égnante du groupe et en quelque sorte la moyenne de ses idées. · . ' De cette lecture il s’est dégagé pour nous une impression inattendue. C’est avec un véritable étonnement qu’en abor- dant de pres·ces humanistes des premieres années de Frau- cois I", on les trouve tout autres que l`opiuion commune ne se les représente, a la fois plus sérieux et plus émanci- . pés. La vérité est qu’ils sont tout pres de la Réforme, tout pénétrés des idées qu’on appelait déja,« évangéliques ». On est stupéfait de les voir si ai l’a.ise pour parler de relig·ion a toutes les pages, et avec quelle liberté, quelle abondance, quelle simplicité! Leur religion, en vérité, ce n’est guère plus qu’un Christianisme philosophique et moral. — « Simple effet du cicéronianisnie >>, a—t—on dit quelquefois : « ils s’en tiennent aux généralités de la morale religieuse, de peur de gâter leur latin e11 y mêlant le latin de l’Eglise. >> —- (fêtait l’excuse de Bembo, mais ne la prenons pas trop a la lettre. Plus d’un, même parmi ces puristes de la Renaissance ita- lienne, savait bien ce qu’il faisait sous prétexte de répudier