5/1- SÉBASTIEN CASTELLION. ai le communique1·.au monde! quelle touchante impatience de convier au banquet divin tous.les hommes de tous les pays! C’est même par ce caractere que la Renaissance française se distingue vite de la Renaissance italienne. Celle-ci n’était pas éloignée de se résigner ai voir la société humaine par- tagée en deux sociétés 1 celle des ignorants, St qui suffisent les directions de l’antique et populaire tradition; celle des let- trés, qui peut sans danger pénétrer plus avant dans tous les mystères de la pensée. Les humanistes francais, au contraire —— et c`est un trait a leur honneur qu’0n n’a peut—être pas assez remarqué, — aussitot éclairés, veulent éclaire1· le monde : ils écrivent, traduisent, chantent, dogmatisent, prê- client et enseignent pour tous. Tel est du moins leur pre- miermouvement. Et de la cette sympathie qu’ils témoignent a ceux des leurs, et ils sont nombreux, qui se vouent a Penseignement public; de la', leur admiration et leur recon- naissance envers les princes pour la fondation des écoles et des collèges; de la, toute cette littérature spéciale, à l’adresse de la jeunesse studieuse, où la pure vérité chré- tienne aspirea s’exprime1· dans la pure langue classique. Dans cette tentative, tous nos humanistes se croient de cœur avec l’Église et au sein de l’Église 1 ils n’ont pas rêvé l qu’il y eût place ailleurs pour des esprits bien faits, nourris aux lettres et surtout aux saintes lettres. Seulement ils voient a l’l1eure présente, dans l’in1mo1·telle Eglise chrétienne, deux partis en lutte : celui qui veut les réformes et celui qui n’en veut point. lls.n’l1ésitent pas : ils sont du parti des réformes, qui est, depuis des siècles, celui des papes, des évêques, des conciles, et qui Z].Uj0Ul`tl,l1lll trouve des alliés et des renforts t inespérés dans cette grande arméedes Lettres, déja victo- rieuse de la barbarie sur tous les points de l’Europe ‘. Veut-on nous permettre de fixer les idées qui précèdent par quelques textes pris strictement dans le ce1·cle_si restreint ou nous avons promis de nous enfermer? Nicolas Bourbon écrit dans son recueil de 4533 cette belle 1. Voir Ét. Dolet, Commenlarii lingu.z· latin.2, lib. I, col, 1255, ct lu préface du Réper- toire des ouvrages pédagogiques du XVI° siècle,
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