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Fig. 52. — Statue de James Watt à Westminster. (page 103).


jamais résolu une équation d’algèbre. Comme Ferguson, il se contentait de l’emploi des procédés géométriques ; et c’était même son amusement favori de représenter par des figures de géométrie les tables numériques qu’il avait besoin de consulter pour établir les proportions de ses machines. Les traités de mécanique étaient le seul genre d’ouvrages dont il se refusât la lecture : on aurait dit que son intelligence avait besoin d’être affranchie de tout joug étranger. Il ne communiquait ses idées à personne, et quand il avait imaginé quelque appareil nouveau, c’est à peine s’il s’occupait d’en surveiller l’exécution ou de prendre des avis, comme s’il avait eu la conviction secrète que son esprit n’avait jamais plus de puissance que quand il était entièrement livré à lui-même. Les idées sortaient de son esprit comme pousse l’herbe des champs sur un terrain vigoureux.

On lui demandait un jour si la découverte du parallélogramme articulé lui avait coûté beaucoup de calculs et d’efforts de tête : « Non, répondit-il, et j’ai même été très-surpris de la perfection de son jeu. En le voyant fonctionner pour la première fois, j’éprouvais autant de plaisir que si j’avais examiné l’invention d’une autre personne. »

Il a dit, en donnant le récit de ses découvertes relatives au perfectionnement de la machine de Newcomen : « L’idée une fois conçue d’opérer la condensation hors du cylindre, toutes les autres améliorations s’effectuèrent avec une incroyable rapidité ; tellement que, dans l’espace d’un ou deux jours, mon plan fut parfaitement arrangé dans ma tête, et que, pour en faire l’essai, je le mis tout de suite à exécution. »

Aussi avait-il l’habitude de considérer toutes ses inventions comme le résultat de pensées tellement simples, qu’elles auraient