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un tube, avec la partie supérieure du grand. Introduite dans cette seconde capacité, la vapeur s’y détend, c’est-à-dire pousse le piston en vertu de sa seule force élastique, et le chasse jusqu’à l’extrémité de sa course ; d’où il résulte une seconde impulsion communiquée au balancier et qui vient s’ajouter à la première. Ce n’est qu’après avoir produit ce dernier effet que la vapeur s’écoule dans le condenseur pour s’y liquéfier.

Telle est la disposition de la machine de Wolf, ou machine à double cylindre, qui, en raison des nombreux avantages qu’elle présente sous le rapport de la régularité d’action et de l’économie, est devenue, depuis quelques années, d’un usage général dans l’industrie.

Fig. 54. — Double cylindre de la machine de Wolf.

La figure 54 fait comprendre la marche de la vapeur dans les deux cylindres de la machine de Wolf. Les robinets qui s’y trouvent indiqués n’ont pour but que de faciliter l’explication ; en réalité ce sont des tiroirs ou soupapes qui remplissent le même objet dans la pratique.

Les deux pistons A, B qui se meuvent dans les deux cylindres accouplés C, D, sont liés l’un à l’autre par les extrémités supérieures de leurs tiges, de sorte qu’ils restent toujours au même niveau, montant et s’abaissant avec un ensemble parfait. C’est dans le plus grand des deux cylindres, D, que s’effectue la détente de la vapeur qui vient d’agir à pleine pression dans le petit cylindre C. La communication a lieu par les deux tuyaux entre-croisés : la partie inférieure de C communique avec la partie supérieure de D, et réciproquement. Les robinets E, F permettent à la vapeur de la chaudière de pénétrer dans le cylindre C, soit au-dessus, soit au-dessous du piston A ; les robinets K, L ouvrent une issue à la vapeur, quand elle s’est détendue dans le cylindre D, et l’envoient au condenseur.

Supposons maintenant les robinets E, H, L ouverts, et les trois autres fermés. La vapeur arrive par E et agit à pleine pression sur le piston A, qu’elle précipite au bas de sa course. La vapeur qui s’était précédemment introduite sous le même piston, est chassée dans le haut du cylindre D ; elle agit donc simultanément sur la face inférieure du piston A et sur la face supérieure de B. Mais cette seconde pression l’emporte sur la première, parce que la surface de B est plus large que l’autre ; la différence des deux pressions agit donc de haut en bas et s’ajoute, par conséquent, à la force qui tend à abaisser l’ensemble des deux pistons. Quand les deux pistons sont arrivés au bas des corps de pompe, les robinets E, H, L se ferment, et les robinets F, G, K s’ouvrent. La vapeur arrive sous le piston A, le soulève, chasse la vapeur qui est au-dessus, dans la partie inférieure du cylindre D, où elle se détend et aide à soulever le piston B, et la vapeur qui existe au-dessus de B, s’écoule par le tuyau K dans le condenseur, où elle va se liquéfier. Les deux pistons remontent donc sous l’action d’une force égale à celle qui les avait fait descendre, et ainsi de suite. Ces mouvements répétés continuant par le jeu des mêmes moyens, l’effet combiné des deux pistons entretient l’oscillation du balancier.

La machine de Wolf, où l’on fait usage de la détente de la vapeur dans les conditions les plus étendues, a eu pour résultat de diminuer, dans une forte proportion, la quantité de combustible consommée par la machine, tout en ajoutant à la régularité de ses effets. Elle présente sur la machine de Watt une économie