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à l’eau par le foyer, quand il s’agit de machines sans condenseur, et le vingtième quand il s’agit de machines à condenseur.

Fig. 78. — Victor Regnault.

Ainsi nos machines à vapeur actuelles ne représenteraient guère que l’enfance de l’art. Voici en quels termes M. Regnault exprime lui-même ces résultats :

« Dans une machine à détente sans condensation, où la vapeur pénètre à 5 atmosphères et sort sous la pression de 1 atmosphère, la quantité de chaleur utilisée par le travail mécanique est seulement un quarantième de la chaleur donnée à la chaudière… Dans une machine à condensation, recevant de la vapeur à 5 atmosphères, et dont le condenseur présenterait une force élastique de 55 millimètres de mercure, l’action mécanique est un peu plus du vingtième de la chaleur donnée à la chaudière. »

Nous devons ajouter cependant que M. Siemens, dans son mémoire sur la conversion de la chaleur en effet mécanique, donne un chiffre beaucoup moins affligeant que celui de M. Regnault, puisqu’il admet que nos machines utilisent le sixième du calorique dégagé par le foyer.

Quoi qu’il en soit de ces divergences sur le chiffre, tous nos physiciens s’accordent aujourd’hui à reconnaître, en fait, que l’on n’utilise dans les machines à vapeur actuelles qu’une très-faible partie de la force vive produite par le combustible brûlant dans le foyer. Il y a donc de grands perfectionnements à réaliser, pour tirer un plus utile parti du calorique, et l’on ne peut qu’encourager à la tendance qui existe aujourd’hui à créer des machines nouvelles où la vapeur reprendrait, après chacune de ses impulsions périodiques, le calorique qu’elle a perdu.

Ainsi la théorie prouve que l’on n’utilise, dans nos machines à vapeur actuelles, qu’une bien faible partie de la force vive produite par le combustible qui brûle dans le foyer.

Mais, d’autre part, nous avons montré, en passant en revue les machines récemment proposées pour remplacer la vapeur par l’air chaud, ou par tout autre expédient, que ces divers moyens se sont montrés impuissants dans la pratique, et qu’ils ne justifient en rien, du moins quant à présent, leur prétention de remplacer la vapeur.

Il nous est donc permis, pour clore cette notice, de dire, en paraphrasant un mot célèbre dans notre histoire nationale :

« Le boulet qui doit tuer la vapeur n’est pas encore fondu ! »

fin de la machine à vapeur.