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Fig. 18. — Périer mesurant la hauteur du tube de Torricelli sur le haut du Puy-de-Dôme (page 36).


ferez justice de toutes ces calomnies. Et si, pour une plus entière justification, il est nécessaire qu’elle paie d’expérience et qu’elle rende témoin pour témoin, alléguant l’esprit de Votre Altesse, qui remplit toutes ses parties et qui pénètre les choses du monde les plus obscures et les plus cachées, il ne se trouvera personne, Monseigneur, qui ose affirmer qu’au moins à l’égard de Votre Altesse il y ait du vuide dans la nature. »

Après cette figure délicate, mais un peu prolongée, le Père Noël entre dans son sujet, où nous n’aurons garde de le suivre. Contentons-nous de dire qu’il attribue la suspension du mercure dans le tube de Torricelli à une qualité qu’il prête, de son chef, au mercure, et qu’il nomme la légèreté mouvante[1].

Par suite de ses discussions avec le Père Noël, Pascal avait été conduit à réfléchir plus profondément sur la cause de l’ascension et de l’équilibre du mercure dans les tubes fermés. Sur ces entrefaites, il fut informé de l’opinion de Torricelli, qui n’hésitait pas à attribuer ce phénomène à la pression de l’air. Une expérience, qu’il désigne sous le nom du vuide dans le vuide et dans laquelle il vit le mercure, suspendu dans l’intérieur d’un tube, s’élever ou s’abaisser selon qu’il faisait varier la pression de l’air extérieur, donna à ses yeux une force nouvelle aux vues du physicien romain. Enfin, un trait de son génie lui révéla le moyen de résoudre ce grand problème. Pascal pensa que, pour trancher sans retour la difficulté qui divisait les savants, il suffirait d’observer la hauteur du mercure dans le tube de Torricelli, au pied et sur le sommet d’une montagne[2]. Si la hauteur de la colonne de mer-

  1. Voyez, à ce sujet, la réponse de Pascal dans sa Lettre à M. L. Pailleur (Œuvres de Pascal, t. IV).
  2. Descartes, dans une lettre adressée à Carcavi (en juin 1649), prétend qu’il a conseillé cette expérience à Pascal, et se plaint de ce que celui-ci ne l’ait pas tenu au