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mettre au bureau central, sonne l’employé de ce poste, à l’aide d’un fil télégraphique souterrain. Dès que la sonnerie fonctionne, l’étui porteur de la dépêche à expédier doit être mis dans le tuyau. Au moment où l’employé du poste central met ce tuyau en communication avec le réservoir, en ouvrant le robinet, la pression atmosphérique force l’étui porteur à s’acheminer vers le poste central, et l’y conduit lentement.

À l’aide d’une disposition très-simple, les dépêches sortent automatiquement des tuyaux, et tombent sur la table de l’employé. À cet effet, chaque tuyau est muni, à quelques centimètres de son extrémité, qui est hermétiquement fermée, d’une petite porte de la dimension de l’étui. Cette porte, maintenue ouverte par un ressort, se ferme sous l’action de la pression atmosphérique, quand on met le tuyau en communication avec le vide. Au moment où l’étui arrive au-dessus de la porte, la pression atmosphérique devient égale des deux côtés, le ressort fait ouvrir la petite porte, et l’étui tombe sur la table.

C’est par cette même porte qu’on introduit l’étui qui doit être envoyé à l’autre station.

Les ingénieurs anglais n’emploient pas l’air comprimé pour envoyer les dépêches du poste central dans les succursales. Ils ont préféré conduire jusque dans ces stations de petits tubes en plomb communiquant avec le réservoir du vide, dans l’hôtel de la compagnie. Ces tubes sont munis de robinets, semblables à ceux qui fonctionnent dans le poste central ; de sorte que la manœuvre, quand il s’agit d’envoyer dans une succursale une dépêche de l’administration centrale, est la même que celle que nous venons de décrire. L’employé de cette succursale, averti par la sonnerie du poste central, ouvre le robinet du vide et attend la dépêche.

Le poste central de la compagnie électrique est situé au troisième étage. Ce fait n’est pas sans intérêt, car il indique que les tuyaux peuvent être fortement coudés sans arrêter le passage de l’étui.

On conserve toujours à la station centrale un réservoir rempli d’eau, dont on peut faire usage lorsque, par accident, l’étui à dépêches se trouve arrêté au milieu de son trajet. L’eau, lancée d’une certaine hauteur, dans le tuyau, par sa pression, chasse l’étui, et le conduit à l’extrémité de son parcours.

Tel est l’ingénieux système de poste pneumatique qui fonctionne à Londres depuis 1860.

C’est en perfectionnant les dispositions de ce système, et en le simplifiant, que M. Rammel, ingénieur anglais, a créé en 1865, le chemin de fer pneumatique qui a été établi de Londres à Sydenham.

M. Rammel en agrandissant les dimensions du tube, y a placé des wagons à voyageurs. Son système diffère de celui de la poste pneumatique par la substitution d’une pression très-basse (10 à 12 centimètres d’eau seulement) au vide de 5 mètres d’eau, ou d’une demi-atmosphère, qui est nécessaire pour pousser les paquets dans les tuyaux de la poste pneumatique de Londres. Au lieu de 10 325 kilogrammes par mètre carré de surface, qui représentent la pression atmosphérique, M. Rammel n’emploie qu’une pression de 100 kilogrammes. Enfin, cette pression est produite par une seule machine aéromotrice, à rotation continue, qui aspire le train lorsqu’il arrive, et le chasse lorsqu’il doit partir.

Cette machine aéromotrice est tout simplement un grand ventilateur, à surface concave, d’environ 7 mètres, qui est mis en mouvement par une machine à vapeur. Le grand disque tourne dans une chambre en tôle, qui a la forme d’un tambour de bateau à vapeur. Vers son périmètre s’écoule, quand le ventilateur fonctionne, un courant d’air invisible, mais assez puissant pour agiter violemment les branches des arbres placés près du hangar des machines. Il arrive quelquefois que cet ouragan enlève le chapeau d’un spectateur ahuri, qui a lui-même de la peine à se tenir sur ses jambes.