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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/42

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il les remplit de mercure et fit l’expérience du vide, c’est-à-dire les renversa sur un bain de mercure. Il marqua avec la pointe d’un diamant la hauteur occupée dans le tube par la colonne de mercure au-dessus du niveau du réservoir ; cette hauteur, plusieurs fois vérifiée, était, dans les deux tubes, de vingt-six pouces trois lignes et demie (0m,711), L’un de ces tubes fut fixé à demeure et laissé en expérience ; le Père Chastin, un des religieux de la maison, fut chargé de le surveiller et d’y observer la hauteur du mercure pendant toute la journée.

Fig. 19. — Blaise Pascal.

La compagnie quitta alors le couvent, emportant le second tube, et l’on commença, à 10 heures, à gravir la montagne. On atteignit son sommet au milieu de la journée. Arrivé là, Périer répéta l’expérience du vide telle qu’il l’avait exécutée le matin dans le jardin des Minimes, et il s’empressa de mesurer l’élévation du mercure au-dessus du réservoir.

Le liquide, qui, au pied de la montagne, s’élevait à vingt-six pouces trois lignes et demie (0m,711), ne s’élevait plus qu’à vingt-trois pouces deux lignes (0m,626) ; il y avait donc trois pouces une ligne et demie (0m,085) de différence entre les deux mesures prises à la base et au sommet du Puy-de-Dôme.

Nous avons représenté dans la figure 18 ce grand fait qui marque, dans l’histoire de la physique et dans l’histoire de l’humanité, une date à jamais mémorable.

Quand ils furent revenus de la surprise et de la joie que leur faisait éprouver une si éclatante confirmation des prévisions de la théorie, nos expérimentateurs s’empressèrent de répéter l’observation, en variant les circonstances extérieures. On mesura cinq fois la hauteur du mercure : tantôt à découvert, dans un lieu exposé au vent ; tantôt à l’abri, sous le toit d’une petite chapelle qui se trouvait au plus haut de la montagne ; une fois par le beau temps, une autre fois pendant la pluie, ou au milieu des brouillards qui venaient de temps en temps visiter ces sommets déserts : le mercure marquait partout vingt-trois pouces deux lignes (0m,626).

On se mit alors à redescendre. Arrivé vers le milieu de la montagne, Périer jugea utile de répéter l’observation, afin de reconnaître si la colonne de mercure décroissait proportionnellement avec la hauteur des lieux. L’expérience donna le résultat prévu : le mercure s’élevait à vingt-cinq pouces (0m,675), mesure supérieure d’un pouce dix lignes (0m,049) à celle qu’on avait prise sur la hauteur du Puy-de-Dôme, et inférieure d’un pouce trois lignes (0m,036) à l’observation prise à Clermont-Ferrand. Périer fit deux fois la même épreuve, qui fut répétée une troisième fois par le Père Mosnier.

Ainsi le niveau du mercure s’abaissait selon les hauteurs.

Les heureux expérimentateurs étaient de retour au couvent avant la fin de la journée. Ils trouvèrent le Père Chastin continuant d’observer son appareil. Le patient religieux leur apprit que la colonne de mercure n’avait pas varié une seule fois depuis le matin. Comme dernière confirmation, Périer remit en expérience l’appareil même qu’il rapportait du Puy-de-Dôme : le mercure s’y éleva, comme