Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Fig. 243. — Expérience faite en 1746 par Lemonnier dans le couvent des Chartreux pour apprécier la vitesse de l’électricité.


succès de l’expérience. On soupçonnait ce jeune élève, nous dit Sigaud de Lafond, « de n’être pas pourvu de tout ce qui constitue le caractère distinctif de l’homme ». Il se fit à ce sujet un si grand tumulte, que force fut d’abandonner l’expérience et de renvoyer les jeunes gens dans leurs salles.

Quelques jours après, Sigaud de Lafond, dans le cours de physique qu’il faisait publiquement à Paris, se hasarda à mettre en avant cette hypothèse, que l’électricité n’a aucune action sur les personnes que la nature a maléficiées dans le sens du jeune homme dont il vient d’être question. Sigaud de Lafond, à ce qu’il nous assure, énonçait cette idée, non comme un fait réel, mais comme un simple soupçon à vérifier. Toutefois, ce bruit se répandit bientôt dans Paris, et la renommée, qui ne sait pas tenir compte des réserves des savants, publia partout la curieuse remarque de notre physicien. Il se trouva alors des gens bien informés, qui prétendirent, à l’appui de cette observation, que le même fait avait été constaté sur un célèbre chanteur italien, dont l’état n’était point équivoque, et que la nature dédommageait, par une voix ravissante, du triste état où l’art l’avait réduit.

Le duc de Chartres (depuis duc d’Orléans), informé de ces rumeurs, résolut de s’assurer du fait par lui-même. Il se rend aussitôt chez Sigaud de Lafond, et lui témoigne son désir de voir procéder sans retard, à une expérience décisive sous ce rapport. Le physicien essaya en vain de résister au vœu du prince. Il dut se rendre sur-le-champ, muni de ses appareils, au Palais-Royal, où il trouva plusieurs savants que l’on avait invités dès la veille à être témoins de l’expérience. Trois musiciens de la