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reproduction de celui que Dalibard avait employé à Marly, conformément aux indications de Franklin, et le même que tous les autres physiciens de l’Europe avaient fait construire pour recueillir l’électricité des nuages orageux. Il ne présentait d’autre différence que dans la manière plus efficace d’assurer l’isolement du conducteur. Il faut conclure de là que Franklin n’avait pas suffisamment raisonné l’expérience qu’il proposait aux physiciens, et qu’en construisant un appareil sur le plan qu’il avait donné, il exposait les expérimentateurs à de graves dangers.

La mort de Richmann, éclairant les observateurs sur les périls attachés à ces expériences, les rendit plus circonspects dans ces tentatives audacieuses où l’on osait braver le plus terrible des météores. Mais elle n’arrêta pas l’élan des physiciens, qui continuèrent de suivre avec ardeur cette voie intéressante de recherches, en s’entourant toutefois des mesures commandées par la prudence.

Boze et le père Gordon furent les premiers à répéter, en Allemagne, l’expérience de Marly. Lomonozow, en 1753, se livra, en Russie, aux mêmes essais[1].

Les physiciens de l’Italie se distinguèrent par leur ardeur à étudier l’électricité atmosphérique. Zanotti répéta le premier, dans ce pays, l’expérience de la barre isolée.

Verrat fit plusieurs recherches à l’observatoire de Bologne, avec une très-longue barre de fer, posée sur une masse de soufre. Il obtint des signes électriques par tous les temps[2].

Th. Marin, de la même ville, se livra à des expériences sur ce sujet, au moyen d’une barre élevée sur le toit de sa maison. Il essaya de rechercher des relations entre la pluie et l’électricité atmosphérique[3].

À Florence, divers physiciens élevèrent, dans les derniers mois de l’année 1782, des barres de fer isolées, pour recueillir l’électricité aérienne. En tirant des étincelles d’une barre de fer électrisée par le tonnerre, on essuya des coups violents. L’un de ces physiciens, M. de la Garde, écrivait de Florence à l’abbé Nollet : qu’un jour voulant attacher une petite chaîne, garnie par un bout d’une boule de cuivre, à une grande chaîne qui communiquait avec une barre placée au haut d’un bâtiment afin d’en tirer des étincelles par le moyen des oscillations de cette boule, il s’y manifesta une traînée de feu qu’il n’aperçut pas, mais qui fit sur la chaîne un bruit semblable à celui d’un feu follet. « Dans cet instant, l’électricité se communiqua à la chaîne qui portait la boule de cuivre, et donna à l’observateur une commotion si violente, que la boule lui tomba des mains et qu’il fut repoussé de quatre ou cinq pas en arrière. Il n’avait jamais été frappé si fort par l’expérience de Leyde[4]. »

Le père Beccaria surpassa tous les expérimentateurs de l’Italie dans ses recherches sur l’électricité atmosphérique. C’est grâce aux expériences de cet observateur éminent, que l’étude de l’électricité atmosphérique put s’élever plus tard, sur des bases solides, et former une branche importante de la physique. Un grand nombre d’observations faites de nos jours, et qui ont beaucoup servi pour les études de la météorologie actuelle, ne sont que la reproduction des faits observés antérieurement par le physicien de Turin.



CHAPITRE V

les cerfs-volants électriques. — expériences de romas à nérac.

Les découvertes intéressantes qu’avait amenées l’emploi des barres de fer élevées dans

  1. Transactions philosophiques, t. XLVIII, part. 2, p. 272.
  2. Cours de physique de Musschenbroek, t. I, p. 397.
  3. Ibidem, t. I, p. 397.
  4. Journal des savants, oct. 1753, p. 222. — Musschenbroek, t. I, p. 397.