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Une autre partie des fils du réseau souterrain suit les catacombes : ils sont alors contenus dans des conduites de zinc. D’autres fois, ils sont enfouis dans la terre, pendant une partie du trajet.

Le système de protection employé par M. Baron, l’habile organisateur de la télégraphie souterraine en France, consiste à environner les fils qui doivent être placés sous terre et non dans les égouts, d’un ruban d’étoffe goudronné, et à les placer dans des tuyaux de fonte, qui peuvent s’ouvrir facilement, dans le cas très-rare où des réparations sont nécessaires.

Telles sont les dispositions de cet admirable poste central des télégraphes, qui serait, pour les étrangers et les amateurs, la visite la plus curieuse et la plus intéressante, si l’entrée n’en était pas rigoureusement interdite au public, par des motifs faciles à comprendre. Visiter le poste central des télégraphes de Paris est un plaisir d’ambassadeur, ou bien une faveur accordée à quelques savants, par la bienveillance hospitalière du directeur, M. de Vougy. C’est grâce à cette circonstance que nous avons pu donner à nos lecteurs la description qui précède.


CHAPITRE VI

la télégraphie électrique, en belgique, en hollande, en allemagne, en suisse, en italie, en espagne, en russie, et dans l’orient.

La télégraphie électrique existe aujourd’hui dans le monde entier. Elle a pénétré partout, et bientôt tout notre globe ne sera, pour ainsi dire, qu’une immense bobine électro-magnétique, composée de milliers de fils traversés par un courant incessant de fluide électrique. Nous ne pouvons donc songer à donner ici le tableau qui, d’ailleurs, change d’un jour à l’autre, de l’état de la télégraphie électrique dans les diverses contrées des deux mondes. Nous ne voulons qu’indiquer sommairement l’ordre successif dans lequel les principales nations de notre continent ont établi sur leur territoire, la merveilleuse invention d’Ampère.

La télégraphie électrique a fonctionné, avons-nous dit, en Amérique pour la première fois, en 1844. Nous ne parlons ici que de l’établissement d’un fil électrique reliant deux villes l’une à l’autre, et servant à une correspondance régulière entre ces villes. C’est ainsi, il nous semble, qu’il faut préciser la question. Il faudrait sans cela considérer comme les premières lignes de télégraphie électrique, le fil conducteur, que le physicien Steinheil avait tendu de Munich à son observatoire situé dans un des faubourgs de la ville ; ou bien le fil électrique que M. Wheatstone établit en Angleterre en 1838, sur le chemin du Great-Western, pour essayer d’appliquer cet instrument au service des rail-ways. Mais comme on ne peut parler ici que d’un véritable service de correspondance télégraphique, et non d’appareils de tâtonnements ou d’essais, il faut reconnaître que c’est à l’Amérique et à Samuel Morse, qu’appartient l’honneur d’avoir inauguré, pour la première fois, une ligne régulière de correspondance télégraphique entre deux villes éloignées et destinée à un service public.

Ce fut en 1843, avec l’aide de MM. Francis Smith et Alfred Vail, que M. Morse construisit la ligne de Washington à Baltimore. La première dépêche transmise entre ces deux villes, porte la date du 26 mai 1844.

L’Angleterre suivit de très-près l’exemple de l’Amérique, puisqu’en 1844, une ligne créée par MM. Wheatstone et Cooke, et destinée au service public, fonctionnait entre Londres et les stations du Great-Western.

En 1846, comme on l’a vu, la télégraphie électrique fonctionnait également en France, sur le parcours de Paris à Lille.

En Belgique, la télégraphie électrique date de l’année 1846. La première ligne (de Bruxelles à Anvers) fut ouverte le 7 sep-