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que, quelques autres lignes : celles de Manheim à Bâle, d’Aix-la-Chapelle aux frontières de la Belgique ; de Hambourg à Cuxhaven, et de Brème à Bremerhaven.

Les conditions libérales accordées aux États-Unis pour l’exploitation du télégraphe électrique, n’ont pas été imitées en Allemagne. En Prusse et en Autriche, ce moyen de correspondance est la propriété exclusive et le privilège de l’État ; cependant le gouvernement le met, sous son contrôle et sous sa surveillance, à la disposition du public.

L’Italie n’est pas restée en arrière des autres nations de l’Europe, dans l’adoption du nouveau moyen de correspondance. Les premières lignes électriques furent installées, en Toscane, en 1847, sous la direction du savant physicien Matteucci. N’embrassant qu’une étendue d’environ 60 lieues, elles allaient de Florence à Livourne et à Patro, d’Empoli à Sienne et de Pise à Lucques.

La ligne de Gênes à Turin fut ouverte le 9 mars 1851, par les soins de M. Bonelli, directeur des télégraphes sardes. En 1861, le réseau italien se composait de 6 896 kilomètres de lignes, mais il ne dépassait guère les États du nord. Depuis l’unité italienne, la télégraphie électrique s’est étendue dans toute l’Italie méridionale. Ce sont les appareils Morse, qui sont employés d’une manière presque exclusive.

L’établissement de la télégraphie en Suisse date de 1852. Dix ans après, il y avait près de 3 000 kilomètres de fils. On se sert en Suisse de l’appareil Morse.

Ce n’est qu’en 1854 que l’Espagne, nation retardataire, établit, à titre d’essai, deux lignes électriques entre Madrid et Yrun ; le 8 novembre de la même année, le discours de la reine d’Espagne franchissait les Pyrénées par cette voie nouvelle. Le premier appareil employé en Espagne, fut l’aiguille aimantée de MM. Wheatstone et Cooke ; mais on ne tarda pas à la remplacer par le système Morse.

La première ligne russe a été ouverte en 1850, entre Tiflis et Borsom (Caucase). À mesure que les chemins de fer s’établissaient en Russie, les lignes télégraphiques les escortaient, et aujourd’hui ce mode de correspondance ne laisse rien à désirer dans le vaste empire du czar.

C’est à la Russie qu’appartient l’entreprise audacieuse, réalisée aujourd’hui, de la ligne télégraphique qui va du centre de la Russie à l’intérieur de la Chine. Cette longue ligne télégraphique, partant de Moscou, passe par Perm, à la frontière de la Sibérie, au 53° de latitude nord, traverse les monts Ourals, passe à Ekaterinburg, Toumain, Omsk, Tomsk, Krasnoyarsk, Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale, et Kiakhtha ; là elle traverse les monts Yablanovoi jusqu’à Cheta et arrive à Netschmisk et à Gurstrelka, point situé à 240 lieues de Moscou.

Une ligne télégraphique, résultat merveilleux, met aujourd’hui l’Angleterre en correspondance instantanée avec ses possessions dans l’Inde ! C’est en 1865, que cette ligne immense fut terminée. Elle passe par Belgrade, Bassorah, Bagdad, le golfe Persique, Kurrachee et Calcutta. À partir de Calcutta, un réseau multiple met toutes les villes de l’Inde anglaise en communication avec la grande artère qui s’étend de Calcutta à Londres. Le négociant de la cité de Londres peut donc être informé en moins de 12 heures, de ce qui l’intéresse à Bombay ou à Delhi !

Seulement l’installation des poteaux télégraphiques a exigé des soins particuliers pour les préserver des ravages des insectes, qui, dans ce pays, dévorent les bois secs avec une promptitude étonnante. Les poteaux sont faits d’une matière presque indestructible, le bois de fer d’Aracan. Ils ne sont pas simplement plantés dans le sol, mais dans une douille de fer encastrée dans une pierre. Il faut donner à ces poteaux une hauteur de 17 mètres au-dessus du sol, pour qu’un éléphant, avec sa charge, puisse toujours passer par-dessous. Les simples fils de cuivre qui