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son armature. C’est ce qui a été fait, un moment, aux États-Unis et dans une partie de l’Italie méridionale.

Nous n’avons pas besoin de dire qu’une fois la dépêche inscrite par le récepteur sur le papier tournant, l’employé chargé de la recevoir, coupe le papier au point où les signes s’arrêtent. Les caractères de l’alphabet Morse, imprimés en saillie sur cette bande de papier, sont aussitôt traduits dans le langage ordinaire, et la bande de papier elle-même est conservée, afin qu’il reste une trace matérielle et authentique de la dépêche transmise.

L’appareil Morse que nous venons de décrire est celui qui a été employé jusqu’à l’année 1860 environ, dans toute l’Europe. Mais il avait un inconvénient qui saute aux yeux. Les signes étaient formés tout simplement en relief sur la bande de papier, au moyen d’une espèce de gaufrage. Or, les signaux ainsi produits ne sont pas toujours bien visibles, et ils perdent leur netteté quand on serre la bande entre les doigts ou qu’on l’enroule. Leur lecture est très-fatigante dans une pièce mal éclairée.

C’est pour toutes ces raisons qu’on s’est empressé, dès que l’appareil Morse s’est généralisé dans toute l’Europe, de perfectionner le mode d’imprimer les signaux, et de remplacer les marques tracées à la pointe sèche, par des signaux tracés à l’encre.

Plus de quarante systèmes ont été proposés dans ce but. On a cherché à inscrire les signaux au crayon, à l’encre, ou par une réaction chimique entre le style métallique et le papier tournant[1].

De tous les systèmes, le plus avantageux, celui qui est le plus généralement employé, est dû à MM. Digney frères, constructeurs de Paris ; c’est celui qui fonctionne sur presque toutes les lignes européennes, où il a remplacé l’appareil à pointe sèche. Le principe de sa construction, c’est de remplacer le style, ou pointe sèche de Morse, par un rouleau ou molette, qui, après s’être chargé d’encre sur un rouleau voisin, vient porter cette encre sur le papier tournant.

La figure 59 représente l’appareil Morse à signaux imprimés. Le modèle représenté sur cette figure, et qui ne diffère que peu de celui que MM. Digney frères construisent pour notre administration des télégraphes, est l’appareil John, perfectionné par M. Bréguet.

C’est en 1856, qu’un employé des lignes télégraphiques d’Autriche, nommé John, imagina de remplacer la pointe sèche du levier Morse, par une petite roue plongeant en partie dans un encrier, et qui tourne sur son axe quand l’appareil se déroule. Quand le levier soulève cette roue, elle vient marquer une trace sur le papier tournant. En 1859 MM. Digney frères supprimèrent l’encrier, et le remplacèrent par un petit disque frottant constamment contre un rouleau élastique pénétré d’une encre grasse qui peut conserver longtemps sa liquidité : il suffit de déposer, tous les deux ou trois jours, quelques gouttes de cette encre à la surface du rouleau. M. Bréguet a apporté à ces dispositions essentielles certaines modifications de détail, qui ont donné à l’appareil la forme du modèle que nous allons décrire.

Le papier passe d’abord dans le guide G, où il est légèrement tendu par le poids du rouleau R ; il passe ensuite autour du rouleau R, dont la surface est rugueuse, et il entraîne ce rouleau dans son mouvement. Il vient ensuite porter sur un très-petit cylindre d’acier i, de manière à faire un coude assez aigu à l’endroit où doivent se faire les signaux, et il est enfin saisi entre les deux cylindres N, N′ à surface rugueuse, lesquels sont conduits par le rouage d’horlogerie contenu dans la caisse, et qui fait ainsi dérouler sans cesse la bande de papier.

  1. On trouvera la description de tous ces systèmes dans l’ouvrage de M. Th. du Moncel (Exposé des applications de l’électricité, tomes II, IV et V).